Les mouvements d’opposition aux mesures Covid qui ont fleuri ces dernières années sont nombreux à rencontrer des problèmes internes. Démissions puis éclatement au sein des Amis de la Constitution en Suisse; graves dissensions au sein du Conseil scientifique indépendant français, jusqu’à la mort récente d’un de ses membres; passes d'armes entre les deux principaux protagonistes du Stiftung Corona Ausschuss en Allemagne, sans parler des initiatives indépendantes plus ou moins fantasques qui génèrent des dons aux fondements hésitants. La «résistance» a-t-elle fini par incarner ce qu’elle dénonce? Explications.
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Début janvier 2022, Werner Boxler claquait la porte de la présidence des Amis de la Constitution, épuisé par «les jeux stratégiques et politiques» qui ont interféré avec le processus. Plusieurs démissions devaient suivre, dont celle de Michelle Cailler, alors porte-parole. Cette dernière faisait récemment état, sur nos pages, des dissensions internes qui ont peu à peu érodé le mouvement. Depuis, les Amis de la Constitution continuent en Suisse alémanique, mais les ambitions nationales ont pris l’eau.
Fin septembre 2022, c’était au Stiftung Corona Ausschuss (Comité d'enquête allemand corona) de connaître de graves problèmes internes. L’une de ses membres, Viviane Fischer, accusait dans une vidéo un de ses camarades, Reiner Fuellmich, d’avoir détourné 1,4 million d’euros de dons destinés au travail d'enquête du comité. Celui-ci répliquait alors en accusant sa collègue d’avoir emprunter 30'000 euros sans jamais les rendre, en plus d’avoir des problèmes psychiques et de ne pas être une véritable avocate. Ce qu'elle réfute, affirmant avoir rendu l'argent en question et fournissant la preuve de la clôture de l'enquête par le procureur. Le comité, désormais composé de deux membres et d'un conseiller, continue ses activités sans Reiner Fuellmich.
Désormais, Viviane Fischer s’en prend à Pascal Najadi et Ana McCarthy, qu’elle semble soupçonner de détourner les fonds de dons pour un procès contre Pfizer qui n’a aucune chance d’aboutir et qui n’est défendu par aucun avocat. Mais nous y reviendrons plus bas.
Drame au CSI
Le 28 juin dernier, le docteur Olivier Soulier, un des membres du Conseil scientifique indépendant (CSI), est mort après un malaise lors d’une séance chamanique de prise de champignons hallucinogènes, selon le parquet de Paris, cité par La Voix du Nord.
Ce naturopathe, qui souffrait depuis des années de problèmes cardiaques, avait été évincé quelques mois avant sa mort du CSI, après avoir subi ce que certains témoins décrivent comme une campagne de dénigrement, à la fois publique et privée. Non seulement de la part des médias subventionnés, mais aussi de ses proches amis.
En effet, de graves dissensions internes gangrènent le mouvement depuis plusieurs mois, notamment à cause de revendications sur sa paternité, sur fond de guerres d’égos et d’accusations de harcèlement, notamment sexuel. Selon des éléments que L’Impertinent a rassemblés, certains membres du collectif reprochaient à Olivier Soulier un manque de rigueur scientifique flagrant et un besoin de reconnaissance déplacé, puisqu’il avait récemment accepté un prix italien pour avoir fondé le Conseil scientifique indépendant, ce qu’il n’avait manifestement pas fait. Après vérification, il semblerait qu’Olivier Soulier n’était pas présent lors de la conférence de presse de lancement du CSI, si on en croit l’article de Plantesetsanté.fr.
«Olivier n’a pas du tout un esprit scientifique. Il faisait des prises de parole à l’emporte-pièce qui n’ont pas plu aux membres qui s’imaginent être les nouvelles autorités scientifiques qui remplacent les autres, explique une source proche du mouvement. Ils lui ont dit d’une façon extrêmement brutale qu’il gênait et qu’il fallait qu’il se taise et s'en aille. Il a été viré comme un malpropre.»
(Re)lire notre interview de Louis Fouché: «L'industrie pharmaceutique est rodée à la fabrique de l'ignorance»
Olivier Soulier faisait également l’objet d’accusation de harcèlement sexuel par l’une de ses camarades. Contactée, la personne en question dont L’Impertinent taira le nom, mais qui fait partie des figures du mouvement, a notamment déclaré: «Olivier Soulier a eu un comportement irrespectueux et inadapté envers moi devant un public à quelques reprises et donc devant une masse de témoins. (...) Sachez que je ne suis pas la seule femme avec qui cela c’est (sic) produit. J’ai reçu le témoignage écrit et oral d’autres femmes du mouvement de la résistance dans ce sens.»
Selon nos sources, une des femmes en question aurait démenti lesdites allégations par écrit dans un second temps. La victime présumée maintient l’existence des autres, mais n’a pas souhaité s’épancher sur le sujet ni nous communiquer l’identité de ces femmes.
Prises de bec publiques
C’est dans ce contexte de tensions extrêmes, parfois exprimées publiquement notamment sur Twitter, qu’Olivier Soulier quittera ses fonctions au sein du groupement Réinfo Liberté, dont il était vice-président, en février 2023 avant d’être écarté du Conseil scientifique indépendant peu après.
Aujourd’hui, certains témoins montent au créneau pour dénoncer les conditions de renvoi de l’homéopathe, qui auraient coïncidé avec une campagne de décrédibilisation allant jusqu’au dénigrement dont il a été victime sur les réseaux sociaux ainsi qu’à l’interne. Ainsi, quelques heures avant sa mort, il rédigeait ce dernier tweet:
Selon un témoin proche de l'affaire, il y a eu des échanges de mails presque quotidiens avec des accusations et des diffamations, dont des messages publics. «C’est d’une violence émotionnelle indescriptible, explique cette source. Cela a été un facteur de stress majeur et on sait que le stress est impliqué dans pratiquement toutes les pathologies, a fortiori les pathologies cardiovasculaires.»
Selon ce témoin, ces attaques n'ont pas amélioré l'état d'Olivier Soulier, qui avait même envisagé de se défendre en engageant un avocat, avant son brutal décès: «Notre capital social, la respectabilité que l’on a aux yeux des autres est très précieux et lorsque l’on est présenté publiquement comme quelqu’un de méprisable, cela nous affecte énormément (...) Je ne peux pas extraire le contexte qui a précédé sa mort.»
Contacté par L’Impertinent, Vincent Pavan, membre du CSI et de Réinfo Liberté, auteur de ces tweets, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Effet miroir
Amandine Lafargue est psychologue des organisations, spécialiste de la manipulation des foules et des accidents du travail. Amenée à intervenir au sein du Comité scientifique indépendant et de Réinfo Liberté, celle qui est aussi spécialiste de psychopathologie et de l’abus a eu l’occasion d’observer l’évolution des mouvements dits «résistants».
Aujourd’hui, elle fait partie de ceux qui estiment que les groupements d’opposition ont fini par incarner ce qu’ils dénoncent et tentent d’expliquer cet effet miroir dont sont victimes les opposants aux mesures sanitaires. Selon elle, ils agissent comme s’ils perdaient de vue ce pour quoi ils avaient été conçus.
«On s’est tous demandé pourquoi certains tuaient au nom des religions, pourquoi des parents en venaient à frapper leur enfant, etc. Pourquoi tout groupe censé se battre pour contenir une catastrophe se met à produire très exactement le mal contre lequel il lutte, commence Amandine Lafargue. Mon hypothèse est que les groupes confrontés à de telles situations, se trouvent dans la situation d’affronter des mécanismes de déliaison, qui amènent le collectif à adopter un mode de fonctionnement collectif calqué sur le fonctionnement qu’ils sont en train de traiter. C’est ce que Jean-Pierre Pinel appelle l’homologie fonctionnelle.
«Il y a eu des passages à l’acte»
Ces groupes ont dû faire un travail d’appropriation du terme «complotistes», pour commencer à se regrouper. Mais rapidement cette identification a montré ses limites, et s’est avérée néfaste car elle a sollicité une sorte d’engrènement (Racamier 1990). La pathologie contre laquelle ces groupes luttent s’est répercutée au sein de ces mêmes groupes, sans trouver de but et a permis le délitement des liens et cadres de référence personnels, groupaux et institutionnels. Il a ouvert une porte à la possibilité de banaliser la transgression. Et il y a eu des passages à l’acte.»
Concernant le Conseil scientifique indépendant en particulier, la psychologue explique que les groupes ont besoin d’homogénéité pour tenir et que le problème de ceux dont nous parlons est qu’ils sont constitués de personnes qui revendiquent leur originalité et leur pensée propre.
«Les normes des groupes sont alors mises à mal et les lignes directrices se dessinent. Le défi est de résister à cette force de division en réglant ses conflits internes, de tenir contre la tentation du clivage et l’effet de bouc émissaire. Les conflits partent d’un niveau où les membres du groupe se traitent d’égal à égal, mais les effets d’influence et les rôles donnent des pouvoirs informels différents de ceux annoncés officiellement. Ces avantages informels changent la donne et peuvent donner un pouvoir informel à un membre ou un groupe de personnes qui pourra en abuser. L’abus de pouvoir répété pose de nouvelles normes, informelles, c’est le principe du harcèlement.
Entre alors en scène le rôle du "bouc émissaire", qui permet au groupe d’expulser symboliquement toutes les fautes d’un groupe, afin d’en détourner la malédiction (…) Il faut penser le groupe comme un écosystème, qui a besoin de purger sa pulsion agressive. Chaque groupe le faisant avec plus ou moins d’élégance.»
«L’unité de la résistance, on oublie, soupire une source impliquée dans plusieurs groupements. C’est juste un champ de ruine. C’est peine perdue. Il y a tellement d’interférence et de volonté d’instrumentalisation, notamment de gens qui aimeraient faire quelque chose mais n’en ont pas la compétence.»
Les appels aux dons de Pascal Najadi passent mal
Fin 2022, le banquier d’affaires Pascal Najadi a déposé une plainte pénale contre Alain Berset, alors président de la Confédération, pour abus de pouvoir, notamment. Il s'est ensuite associé à une certaine Ana McCarthy, qui revendique une plainte contre Pfizer à New York affirmant qu'elle aurait mis un terme aux mandats vaccinaux dans plusieurs pays du monde.
Depuis, Pascal Najadi jouit d’une certaine notoriété sur les réseaux sociaux. Interviews, site internet, multiplications des comptes Twitter, chaînes YouTube et Telegram, podcasts… le businessman enchaîne les prises de parole et diversifie les canaux pour se présenter en pourfendeur de la doxa sanitaire, Pfizer en tête, entre deux digressions sur des sujets aussi variés que la guerre en Ukraine et la géopolitique française. Mais qu’y a-t-il de vrai dans ses allégations? Qu’est-ce qui se cache derrière cette promotion débridée de sa propre personne? Et surtout, à quoi sert véritablement l’argent de tous ceux qui, pleins d’espoir, répondent à ses appels aux dons?
Fischer VS Najadi... VS McCarthy
Dans le courant du mois de mai, l’avocate allemande Viviane Fischer a publié deux articles à propos de Pascal Najadi sur le site 2020news. Un troisième est venu les compléter en juin. Elle y remet en question les affirmations du banquier d’affaires sur les réseaux sociaux et souligne des incohérences dans son discours, ainsi que le décalage entre le train de vie qu’il affiche et ses appels aux dons.
En tant qu’avocate (toujours inscrite au registre professionnel) l'Allemande a repris factuellement certaines affirmations du Lucernois. Pour ces raisons, L’Impertinent a décidé de traduire et de publier le premier article, avec l’accord de son autrice, afin de permettre à tout le monde d’avoir tous les éléments nécessaires avant de soutenir financièrement cette cause et d’autres.
Contacté par L’Impertinent à l’aune de cette publication, Pascal Najadi confirme avoir levé environ 46'000 francs grâce à ses appels aux dons. Il affirme avoir tout donné à son ancienne comparse, Ana McCarthy, un personnage complexe dont on apprend davantage dans les articles de Viviane Fischer. «J'ai coupé tout contact avec elle. Elle m'a menti et a abusé de ma confiance», déclare le banquier d'affaires, qui précise qu'il pensait à tort qu'une action était en cours contre Pfizer en son nom aux Etats-Unis.
Cet argent n'a donc pas servi aux frais de justice, comme annoncé sur Twitter. Et la cagnotte de Pascal Najadi est toujours ouverte, mais son but a été recentré sur les actions légales en Suisse, contre le président Alain Berset et contre les médecins qui lui ont prodigué la vaccination.
Ana McCarthy, de son côté, a prévenu L’Impertinent qu’il s’exposait à des représailles en cas de publication des articles de Fischer, dont l’exploitation de problématiques privées. «Ce n’est pas une menace, mais un avertissement», a-t-elle notamment déclaré. Dont acte.
Guerre 2.0
Les réseaux sociaux, outils principaux de la résistance, travaillent-ils finalement contre elle? C’est une question qui se pose, selon Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé bien connu des opposants aux mesures Covid: «Dans la guerre de cinquième génération, les algorithmes permettent de configurer de manière très précise l’environnement numérique de chacun. Quand on est identifié comme cible, les GAFAM peuvent organiser ce à quoi nous sommes exposés, de manière délibérée, explique-t-il. Ils cherchent toujours à diviser l’opposition et je pense qu’il y a eu un ensemble de procédés extrêmement sophistiqués d’ingénierie sociale pour veiller à faire flamber les choses. C’est une guerre numérique et on est surveillés et manipulés de plein de manières dont on ne se rend pas compte.»
Ancien membre du Conseil scientifique indépendant, Jean-Dominique Michel n'a pas souhaité s'exprimer sur ce cas particulier, mais sur l'état de la résistance en général.
L’auteur de l’article aux millions de vue, Covid-19: fin de partie?!, peut-il prédire la même chose aux mouvements d’opposition qui semblent bien mal engagés actuellement? Selon lui, la mort d’un espoir est la naissance d’un autre: «La résistance n’a aucune chance, mais c’est peut-être une bonne chose: tout le monde est très déstabilisé par l’absence de projet alternatif, de figure charismatique, mais ce simple paradigme est foireux, analyse l’anthropologue genevois. Le seul moyen est l’émergence d’une démocratie directe à connotation spirituelle. Un modèle de non-dominance, c’est ce qui a vocation à remplacer ce que sont devenues les entreprises, d’une toxicité épouvantable, toute la hiérarchie de la technostructure et sa médiocratie et les partis politiques qui mettent le bazar.»
«Il n’y a que quand les gens reprendront le pouvoir qu’ils ont confié à des gredins qu’un vrai changement pourra s’installer dans la durée, explique encore Jean-Dominique Michel. Mais pour que ce potentiel puisse commencer à émerger, il faut que toute l’illusion d’avoir un projet et quelqu’un à qui se rallier soit détruite.»
Merci à l’Impertinent d´informer sans à priori. Bien sûr, ce serait tellement beau qu´il n’y ait qu´une bonne entente et de la bienveillance dans les groupes structurés de résistance.
Mais c’est oublier qu’en soi il y a déjà conflits… Alors, à plusieurs…
Il est évident qu’on ne peut pas passer du « tous ensemble CONTRE » à « tous ensemble POUR ». Après la résistance dans l’urgence, il s’agit de construire. Et là, les égos ont tendance à se gonfler…
Durant ma carrière dans la santé en Suisse et à l’étranger j´ai pu constater qu’il y a généralement une rupture douloureuse lorsqu´un projet pionnier créé dans l’urgence est appelé à se pérenniser. Face à l’adversité on est unis malgré les différences, plus tard cela…
Klandermans et Oegema suggèrent que pour survivre et se maintenir, tout mouvement social doit veiller à constituer un potentiel de mobilisation, former et motiver des réseaux de recrutement, susciter la motivation à participe, et enfin supprimer les obstacles à la participation.
François Meylan
Merci à « L’Impertinent » d’avoir traité cette thématique au combien sensible tant la radicalisation et les délires les plus fous ont occupé la constellation des anti mesures Covid-19. Nombreux y ont cru déceler dans cette lame de fond toutefois légitime une occasion d’exister voire de faire du business. Des orgueils démesurés ont été omniprésents et les thèses les plus folles ont été retenues sur de simples allégations sans fondement ni vérification. On fustige à raison nos médias mainstream qui se gargarisent au quotidien en nous faisant peur… les anti-Covid-19 n’étaient pas en reste non plus. La gueule de bois n’est probablement pas terminée pour quelqu’uns qui devront à présent se chercher un « vrai boulot ». Tout cela ne déprécie pas l’absolue…
Merci à l'Impertinent d'avoir parlé de ces conflits. La Résistance est composée d'humains. L'infaillibilité n'est pas humaine. Certains se sont peut-être infiltrés dans la résistance à des fin de bénéfices personnels ou sciemment pour nuire. Pour faire le ménage il faut en parler.
Mais il ne faut pas oublier de relever que l'immense majorité des résistants ont agi de manière désintéressée tout en prenant d'énormes risques pour leur carrière, leur situation économique, leur réputation et leur famille, en s'exposant aux sanctions et harcèlements diffamatoires des intérêts financiers, des médias de grands chemins et des gouvernements. Il ne faut jamais manquer une occasion de les remercier; ils ont déjà sauvé beaucoup de vies.
L'impertinent is correct when stating that our resistance has been fractured from within through bad elements within. I will reveal more soon. For now rest assured that I only focus on my 3 Swiss Criminal Cases va Alain Berset and the 2 Swiss Vaccination Doctors. All in the respective courts of justice, Federal Criminal Court in Bellinzona and 2 cases at the Lucerne Supreme Court. My criminal expert Attorney on all three procedures filed is Dr. Walter Haefelin from Zurich. I do apologize for the confusion in recent months, I myself had to realign myself due to some legal facts abroad that I could not and did not know. More soon and well done for L'Impertinent to dissect all this…