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«On a colonisé les esprits d'une manière terriblement préoccupante pour l'avenir»

Dernière mise à jour : 8 janv.

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Autopsie d’un désastre, Jean-Dominique Michel a accepté d’aborder ses thèmes de prédilections dans L’Impertinent. Mais pas seulement! Dans cette troisième interview, l’anthropologue de la santé qui s’est révélé au grand public durant la crise sanitaire en profite pour aller un peu plus loin que le «simple» sujet Covid et se livrer comme rarement sur ses propres failles et ses craintes sur ce qui nous attend à l'avenir.

Jean-Dominique Michel
© Flickr/DR

Amèle Debey, pour L’Impertinent: Avec les années de recul que nous avons désormais, y a-t-il des éléments sur lesquels vous pensez vous être trompé concernant la crise Covid?


Jean-Dominique Michel: La compréhension que j'ai développée de la situation a été un processus de découverte, étant donné qu'il ne s'agit pas de mon domaine d’expertise prioritaire: quand je relis mes textes des toutes premières semaines, je constate que je crois encore un ensemble d'affirmations qui nous étaient adressées. Je ne conteste par exemple pas l’utilité du confinement. Je pense alors comme tout le monde que s'il y a un nouveau virus dont on ignore la dangerosité, il vaut mieux jouer le jeu si cela permet de casser la courbe et d'éviter l'encombrement des hôpitaux comme on nous l'affirmait alors.


Il y avait ces scènes terribles qui venaient d’Italie. On voyait que les médecins avaient peur. Il n'y avait pas de masques, ni de protection. Je me demandais alors pourquoi on avait bazardé les stocks quelques années plus tôt. Les systèmes de traçage avaient l'air de donner de bons résultats à Taïwan. J'ai donc pensé que ce serait sans doute une bonne idée de mettre en place des tels dispositifs de traçage. Je m'orientais alors dans une matière qui n'est pas celle de mon expertise première: l'épidémiologie des maladies non transmissibles.


Je disposais toutefois des connaissances et des bons outils pour comprendre ce que la science révélait au fur et à mesure. Deux ou trois semaines après le début du confinement, j'ai commencé à comprendre que tout ce que nous présentait le cortège d'experts que vous avez vu, comme moi, défiler sur les plateaux et dans la presse, était complètement faux et contraire à tout ce qu'on savait en manière d'épidémiologie des infections respiratoires.


Cela m'a amené à réviser mon point de vue. Je n'avais en toute franchise pas mesuré à l'époque la gravité de la désinformation et de la propagande qui nous étaient adressées quant à la réalité de l'épidémie et des mesures à prendre. Nous avons en réalité été manipulés d'une manière qui, pour moi, était alors inimaginable.


En toute franchise, j'aurais préféré découvrir que les doutes que l'on a pu avoir par rapport aux politiques sanitaires étaient infondés, que nos gouvernements ont, dans l'ensemble, plutôt bien réagi, que les experts les ont bien conseillés, que les hôpitaux ont communiqué des informations et des consignes pertinentes. Mais plus j'accumulais de données et de compréhensions, plus c'était l'inverse qui apparaissait. Le degré de mensonge et de manipulation était en réalité spectaculaire dans son étendue et dans son intensité.


Mais sachant que l’on avait déjà surréagi avec la grippe H1N1, comme l’a démontré un rapport du Sénat français, et puisque l'histoire a tendance à se répéter, n’a-t-on pas été un peu naïfs?


Votre interview avec Claire-Anne Siegrist est caractéristique de la réalité que vous évoquez. Elle a parlé de l'épisode H1N1, mais en n’ayant manifestement aucune idée du problème que cela avait posé, ni de la truanderie, littéralement, qui avait eu cours. Elle le voyait uniquement depuis l'intérieur du bocal universitaire: «on a bien fait de commander plein de vaccins, parce que ça pouvait éventuellement être grave. On a donc bien réagi!»


Tout ce que le rapport d'enquête du Sénat français a mis en lumière sur ce qui avait dysfonctionné, ainsi que les opérations frauduleuses mises en œuvre pour tirer profit de l'opportunité de cette crise au détriment de la population et des finances publiques, Mme Siegrist n'en dispose manifestement pas dans son champ de compréhension.

 
 

Là, oui, il y a une naïveté extrême, mais qui est liée directement au problème de la corruption systémique: le milieu des gens en charge de la santé ne veut pas voir la réalité des problèmes tels qu'ils se posent aujourd’hui, qu'il se sont déjà posés hier et qu'ils se poseront encore demain si nous ne restaurons pas la conscience, l'intégrité et la probité au cœur des institutions.


Il y avait ce précédent, mais on redoute aussi une épidémie très grave depuis longtemps, donc il était légitime d'être vigilant...


Je comprends la vigilance dans laquelle on était, parce que cela fait en effet des décennies que l’on redoute une épidémie assez méchante, dont on sait qu'elle se produira tôt ou tard. Nous savons aujourd'hui que les premiers signes qui nous sont parvenus au sujet de l'épidémie de Covid-19 étaient issus d’une mise en scène. Les patients qui tombaient raide morts dans la rue en Chine, les morgues avec des corps emballés dans des sacs poubelles, les hôpitaux construits à la hâte: tout cela était du spectacle médiatique… Quelle épidémie respiratoire virale conduit à ce que des gens tombent morts sur place dans la rue? A-t-on vu cela ensuite ici avec le Covid?!


Il y a eu une manipulation que nous avons, aujourd'hui, les moyens de décoder et de comprendre. A l'époque, on a reçu en bloc ces images et ces informations qui ont provoqué un saisissement compréhensible.


A chaque fois qu'il y a des nouvelles très émotionnelles qui nous sont adressées, nous sommes à risque de nous laisser manipuler. C'est comme ce qui s'est produit récemment en Israël avec les massacres commis par le Hamas: on nous tout de suite parlé de bébés égorgés, de bébés qu'on avait fait cuire dans des fours pour, quelques semaines après, découvrir que ces informations étaient fausses. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de massacres, mais qu'on a forcé le trait et produit des fake news pour faire réagir l'opinion publique, ce dont les gouvernements américain et israélien sont plus que coutumiers, sans la moindre vergogne.


«Nous avons été leurrés et trompés par les messages portés par les autorités»

Or, dans des moments d'indignation, de panique ou de terreur, il est très difficile d'essayer de corriger le tir. Je trouve en conséquence qu'on a, dans un premier temps, réagi plutôt bien et de bonne foi, mais en étant leurrés et trompés par les messages portés par les autorités.


Dans l'historique du désastre que j'ai pu refaire, j'ai découvert ces informations extraordinaires: le ministre britannique de la santé reçoit par exemple de Dominic Cummings – un des scientifiques de référence – l’information en février 2020 selon laquelle la mortalité du Covid n'est pas suffisante pour envisager une vaccination généralisée de la population. Cela se situe donc bien avant l'alerte du «Nous sommes en guerre» macronien.


En février 2020 toujours, Arnaud Fontanet, un épidémiologiste de l'Institut Pasteur qui sera ensuite nommé au conseil scientifique par Emmanuel Macron, reconnaît dans Le Monde que la létalité du Covid est inférieure à celle de la grippe.


Ce que je découvre donc fin mars, début avril, c'est qu'on nous a raconté littéralement n'importe quoi!


La création d’un hôpital en dix jours en Chine serait une mise en scène selon vous. Mais dans quel but?


Pour faire croire qu'il y a un événement d'une gravité exceptionnelle, alors que le Sars-CoV-2, quelle que soit son origine, n'est guère qu'un virus respiratoire de plus. Avec, en réalité, une dangerosité limitée si on prend soin des gens.


Le chef-d'œuvre de manipulation a consisté à faire croire qu'une épidémie relativement bénigne était une catastrophe planétaire qui justifiait de construire des hôpitaux en urgence, de bloquer tout le trafic aérien, d'attenter aux libertés fondamentales et d'imposer des maltraitances à toutes sortes de catégories de la population, soi-disant pour leur bien. On a créé cette dramaturgie alors qu'on savait depuis le début (quand on avait les clés de lecture que j’ai mis quelques semaines à acquérir) qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.


Pourquoi avoir voulu écrire ce nouvel ouvrage, Autopsie d’un désastre? N’avez-vous pas envie de passer à autre chose?


Si, bien sûr. Il y a d'ailleurs d'excellents livres qui ont été publiés je pense à ceux de Christian Perronne et d'Alexandra Henrion Caude, de Laurent Toubiana et de Pierre Chaillot, plus récemment d'Eusèbe Rioché et d'Hélène Banoun, etc. Mais il me semblait qu'il manquait un livre établissant un bilan exhaustif et complet de la gestion sanitaire de cette épidémie.


Trois motivations ont guidé mon intention. La première est précisément que le bilan de cette sale affaire n'a toujours pas été fait. Beaucoup d'informations sont déjà sorties: on a remis en cause à juste titre les tests PCR, la fiabilité des données, la prétendue inutilité des traitements précoces, la «sécurité et efficacité» proclamée des injections géniques expérimentales. Mais tout ce travail d'inventaire reste bloqué par l'omerta médiatico-médico-politique, de peur que l'opinion publique en soit informée.


En ce qui me concerne, je ne produis pas de recherche, mon travail est de rendre compte de la recherche qui est publiée, avec la compétence de savoir trier ce qui tient la route de ce qui est soit malhonnête, soit mal fait. Et de situer les éléments qui restent dans une perspective globale. Ce travail-là, je ne l'ai pas encore trouvé et j'ai donc eu envie de le proposer. Ce serait en réalité à l'État de mandater une commission d'enquête indépendante à cette fin. Mais comme personne ne prend le taureau par les cornes (pour des raisons qui se laissent accessoirement comprendre) j'ai ressenti le besoin d'aller au bout de ma démarche et de proposer ce bilan complet de ce que nous avons vécu.


Le deuxième élément de motivation tient à mon expertise en santé publique. Elle me rend apte à rendre compte de ce qui était prévu dans les plans pandémie et de l'état de la science et des bonnes pratiques en matière de gestion des épidémies. Puis d'évaluer si on a bien appliqué ce que l'on savait devoir appliquer et éviter ce que l'on savait devoir éviter. Enfin, de procéder à une évaluation des effets et des conséquences des mesures qui ont été imposées.

 
 

Je ne vous apprendrai rien en relevant que toutes les mesures prévues ont été mises en échec et qu'on leur a substitué des trains de mesure présentées comme sanitaires, mais dont on sait depuis des décennies qu'elles sont non seulement inutiles mais encore lourdement dommageables. On s'est donc assis sur la science et les bonnes pratiques, mais aussi sur toute l'éthique en santé publique qui commande de n'appliquer que des mesures dont on est absolument certain qu’elles sont nécessaires et qu'elles produiront les effets voulus, en évitant impérativement de faire paniquer inutilement la population.


Ce que nous avons vécu est un peu comme si, demain, on disait dans les écoles: la meilleure manière d'éduquer les enfants, c'est de les insulter et de les frapper, et que tous les enseignants se mettaient à le faire, avec l’aval d'universitaires affirmant à l'encontre du bon sens et de toute honnêteté intellectuelle que le consensus scientifique était désormais que c'est ainsi qu'il faut élever les enfants. Et que tous ceux qui oseraient contester cela seraient forcément des complotistes antiscience et d'extrême droite! Nous avons été, littéralement, dans un tel degré de délire face au Covid avec ces experts accrédités, tous plus azimutés les uns que les autres. Certains sont cyniques, parce qu'ils savent très bien ce qu'ils font, et d'autres ont été tellement pris dans l'hypnose collective qu'ils se sont mis à proférer des absurdités totales.


La troisième de mes motivations tient au fait que je suis l'un des bons spécialistes de la corruption institutionnelle dans le domaine de la santé. Sans cette clé de lecture expliquant comment et pourquoi l'entier de nos gouvernements, des organisations internationales, des agences de santé, des hôpitaux universitaires et des sociétés médicales ont adhéré à cette dérive, il est tout simplement impossible de comprendre à quoi nous avons eu affaire.


Un second tome dans lequel vous nous expliquez qui aurait provoqué un tel désastre et à quelle fin il était prévu. Pourriez-vous nous en dire un peu plus?


J'ai voulu commencer par proposer ce bilan très méthodique, rigoureux et exhaustif pour pouvoir, ensuite, me lancer dans la tentative de répondre à la question que vous indiquez. Si en effet nous avons fait l'exact contraire de ce qui était prévu et qu'il fallait faire, avec des résultats littéralement catastrophiques, comment expliquer cette substitution, insensée mais à l'évidence orchestrée, entre les bonnes et les mauvaises pratiques?


La réponse à cette question tient à deux motifs que l’on peut déjà dévoiler et qui ne surprendront personne qui soit un tant soit peu averti de ces réalités.


«Il n'y a pas de meilleur instrument pour faire paniquer les populations qu’une pandémie»

Le premier, c'est celui d'une opération crapuleuse. En faisant paniquer la population, en la privant de soins et en présentant l'injection génique comme unique planche de salut, on a créé de toutes pièces un marché de plus de 100 milliards de dollars qui n'existerait tout simplement pas si on avait soigné les gens avec les traitements efficaces à disposition, comme bien sûr l’ivermectine, l’hydroxychloroquine, l’azithromycine et la vitamine D. L'industrie pharmaceutique sait très bien faire ça, elle le fait de manière répétée en tirant profit de la mainmise qu'elle a établie sur le système de soins.


Cette opération crapuleuse n’est plus une hypothèse à ce stade, c'est une évidence: on en voit tous les ressorts habituels et ce n'est plus qu'une question de temps pour que les preuves apparaissent comme les négociations illégales entre Ursula von der Leyen et Pfizer.

 
 

Ce qui est moins classique c'est que, dans une stratégie du choc, la pseudo-pandémie s'inscrit dans une continuité d'événements à l'échelle mondiale qui, tous, conduisent à restreindre les libertés, promulguer des lois d'exception qui durent et aller vers une gouvernance mondiale que s'autoattribuent des gens que nous n'avons pas élus et qui prétendent se substituer aux populations pour définir ce qu'il convient de faire pour l'avenir de l'humanité.


La seconde hypothèse qui se profile, c'est donc celle d'un coup d'État planétaire. Il n'y a pas de meilleur instrument pour faire paniquer les populations qu’une pandémie permettant de leur faire croire qu'elles sont en danger de mort. Dans les situations de forte insécurité (il s'agit d'un motif fort bien étudié en psychologie sociale) les populations réclament naturellement un leadership autoritaire et renoncent spontanément à leurs droits.


Pourtant il n’y a plus de mesures, plus de passe sanitaire, plus de restrictions, plus rien.


C'est vrai, mais l'identité numérique est à bout touchant, tout comme la monnaie numérique centralisée, qui ouvre la porte à l'imposition du crédit social. Le traité sur les pandémies que l'OMS veut imposer lui attribuerait un pouvoir contraignant sur les Etats dans l'hypothèse de futures pandémies ou d'événements sanitaires comme ceux découlant par exemple du réchauffement climatique. Tout cela n'est, en réalité, pas du tout fini.


Prenez par exemple la révision en cours de la loi sur les épidémies au Parlement fédéral. C’était déjà une loi très préoccupante dans le pouvoir discrétionnaire qu’elle attribuait à l'exécutif, prévoyant un régime de dictature sanitaire au sens que revêt ce terme en philosophie politique. La dictature, c'est quand on suspend temporairement les droits du peuple ou du Parlement pour les concentrer dans les mains de l'exécutif pour faire face à un danger. C'est ce que prévoyait la loi sur les épidémies adoptée en 2013. C'est donc un cas de figure qui a été prévu de longue date.


En ce moment, les Chambres sont en train de se pencher sur la façon d’étendre encore ce que la loi sur les épidémies permet au Conseil fédéral de faire, en prenant prétexte de ce qu'on a vu avec le Covid. Mais à partir d'une lecture parfaitement fausse de ce qu'il a été!


«On a assisté à la banalisation de modes de pensée totalitaire»

Ce n'est pas parce qu'on lève le passe sanitaire à un moment donné, tout en conservant la possibilité de le réimposer à la première occasion, que le danger est passé. Celui-ci est désormais devenu structurel. Et on voit bien que les garde-fous censés contrer l'emballement médiatico-politique dans une situation d'urgence n'ont pas du tout fonctionné. Et que, finalement, la population s’est habituée à un certain nombre de choses, notamment le fait de considérer comme acceptable et justifié de discriminer, de stigmatiser et même d'ostraciser les citoyens réfractaires à des mesures inutiles et absurdes, même s'ils constituaient 40% de la population!



Les discours de haine véhiculés par les médias mainstream, ou au sein des universités, à l'encontre des gens qui avaient des objections valides à faire valoir continue de m'ébranler très profondément. Il y a eu des appels à la haine répétés, détestables et odieux! Ce qui est nouveau, c'est qu'ils aient pu être énoncés avec autant de licence, et qu'il y ait eu si peu de réaction dans le corps social. La gauche a été d'accord, la droite a été d'accord, le centre a été d'accord, les médecins ont été d'accord, les journalistes et les politiciens aussi, à l'exception d'une partie des milieux de la droite patriotique. Au fond, on a assisté à la banalisation de modes de pensée totalitaire.


Évidemment, il ne s’agit pas d’un totalitarisme classique, incarné par un putschiste qui débarquerait avec des chars d'assaut pour envahir la capitale fédérale. Le processus est beaucoup plus insidieux. Mais nous avons bel et bien basculé dans un mode de pensée totalitaire qui ne supporte ni débat, ni altérité de pensée, ni objections et qui a colonisé les esprits à grande vitesse. Étant donné que je suis sensible à tout ce qui relève de la psychologie et de l'ingénierie sociales, je sais que ça n'est pas venu de n'importe où. Cela a été très soigneusement mis en œuvre avec toute la puissance de frappe des médias unanimes. On a colonisé les esprits d'une manière terriblement préoccupante pour l'avenir.


On constate à différents niveaux que ce sont les médias qui imposent le narratif officiel et forgent l’opinion publique en matraquant les mêmes informations sur la même période. Mais ne pensez-vous pas que ce soit plus par paresse intellectuelle et manque de courage que par malveillance? Il est difficile pour les gens d’accepter qu’ils ont échoué un test de QI grandeur nature. En particulier lorsqu'ils sont censés représenter une forme d'élite intellectuelle.


Oui, bien sûr. J’ai vu passer un petit texte remarquable, qui s'appelle La ruse du diable:


La ruse du diable

Ce que vous dites est très vrai. Il y a de la paresse intellectuelle, et il y a aussi la décadence du métier. Le journaliste n'est plus cet esprit relativement éclairé et cultivé qui, en tant que bon généraliste, a la compétence de penser des phénomènes en les inscrivant dans des cadres plus grands, comme le font encore des personnalités comme Jacques Pilet, Guy Mettan, Christian Campiche ou Myret Zaki.  


Ce sont des esprits denses d'une culture historique et sociétale, disposant d'un éventail de références et qui sont capables de bien penser les choses. Le journaliste pigiste des médias d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec ça. C'est un traiteur d'informations hors-sol, la plupart du temps sans densité et sans envergure, qui produit du fast-media, l'équivalent du fast-food, au service d'intérêts privés. Il y a une médiocratisation structurelle dans l'évolution du métier.

 
 

Ce que j'ai également observé, c'est qu'il y a eu une forme d'emprise sectaire qui s'est répandue comme résultat de la manipulation autour du Covid. La Ruse du diable, que nous venons de nommer, explique pourquoi. J’ai eu des échanges avec un journaliste de la RTS complètement enragé. Il a réagi avec une violence impressionnante, en disant qu'il ne supportait pas les complotistes, qu'on lui donnait la nausée, qu'il respectait la science et que nous étions, nous qui contestions les mesures pourtant insensées qui ont été prises, en plein délire.


«Ce qu'on a vécu a toutes les caractéristiques d'une dérive sectaire»

Il ne s'agit plus juste de paresse intellectuelle, mais d'une forme de conformisme forcené, avec des réactions comparables à celles des fidèles d’une secte lorsqu'on vient égratigner leur système de croyances. Ce qu'on a vécu, à l'échelle de nos sociétés, a eu toutes les caractéristiques d'une dérive sectaire.


Je pense donc qu'il y a plusieurs niveaux dans les réactions observées. Le journaliste ou le citoyen de base, qui s'est fait littéralement truander, au fond s'en fiche un peu parce qu'il n'a fondamentalement pas envie de remettre en cause sa vision du monde. Ce serait trop périlleux pour lui d'ouvrir les yeux sur qui gouverne réellement le monde et ce que nos institutions sont devenues. Ensuite, il y a tous ceux qui ont embarqué dans la dérive et qui sont devenus des acteurs plus ou moins zélés de la dérive sectaire. Et avec, tout au bout de la chaîne, quelques responsables extrêmement cyniques et déshumanisés au profil de sociopathes pervers et qui, eux, savent très bien ce qu'ils font.


Penser que tout le monde est malveillant serait faux. Mais penser que tout le monde a été naïf le serait tout autant. Il y a nécessairement une synergie entre les deux pour provoquer ce que l’on a connu.


Pourquoi avoir quitté le Comité scientifique indépendant (CSI)?


D'abord, parce que c'est dans ma nature d'être un électron libre. J'ai aimé participer à cette aventure, j'ai vraiment eu l'espace d’y exprimer un ensemble de choses que j'avais envie d'exprimer et je trouve qu'on a fait du bon boulot. Je suis très reconnaissant d'avoir vécu cette expérience et d'avoir collaboré avec des personnalités riches et intéressantes. Mais, à un moment donné, j'aime bien me renouveler.


Et puis, je suis très conscient des risques: c’est un peu comme les cabinets fantôme dans le domaine politique. En Grande-Bretagne, le parti d'opposition crée un cabinet fantôme qui a les mêmes portefeuilles que les ministres en exercice et fait comme si c'était lui qui gouvernait. Vouloir faire un Conseil scientifique indépendant, ça veut dire qu'on entendait s'auto-introniser nous-mêmes comme étant de grandes références, ce qui est quand même un peu périlleux.


J'observe aussi, à l'intérieur de la «Résistance», qu'il y a une espèce de contamination mimétique poussant à reproduire certains us et coutumes ainsi que certains comportements et attitudes de ceux qui nous oppriment. C'est un phénomène très classique, bien étudié en socio-anthropologie. C'est ce qui fait, par exemple, que les populations qui ont accédé au pouvoir après une lutte pour leur indépendance ont souvent copié et repris les usages des colonisateurs, comme jouer au cricket ou au golf ou encore boire du rhum. La nouvelle élite qui prend le pouvoir reproduit souvent les comportements des colons, vu que ceux-ci étaient dominants.


«J'ai eu peur de prendre la grosse tête»

Ce sont des processus anthropologiques dont je suis conscient étant donné ma formation, et qui m'ont donné envie de ne pas me piéger moi-même. A part Alexandra Henrion-Caude, Christian Perronne, Didier Raoult et quelques autres, aucun d'entre nous n'était une sommité d'envergure internationale. Je ne suis pas une sommité dans mon domaine. Je suis un honnête expert de terrain, qui a certes réalisé des travaux novateurs dans certains domaines et qui en a reçu une appréciation académique et institutionnelle, jusqu'au sein de l'OMS! Mais je ne pourrais jamais dire que je suis une sommité mondiale, cela n’aurait aucun sens.


Le risque, quand tout d'un coup on se met à attirer la lumière et que notre parole porte, c'est d'entrer dans une espèce de compensation au fait, précisément, qu'on n'est pas des sommités, avec le risque d'être la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Je n’avais pas envie que cela m'arrive ou de me prendre au jeu de ce nouveau «statut».


Vous avez eu peur de prendre la grosse tête?


Oui, bien sûr. Le fait d'avoir tout d'un coup une notoriété importante est toujours à risque de venir nous piéger là où il peut encore y avoir des besoins de reconnaissance en nous qui n'ont pas été comblés par notre histoire. J'ai essayé de rester vigilant par rapport à ça.


J’ai écrit un article sur les échecs et les dérives de la «Résistance» justement. Quel est votre avis sur l’état de ces différents mouvements?


Je distinguerais peut-être deux volets en réponse à votre question, parce que la «Résistance» est un terme un peu générique qui recoupe des réalités différentes. Je distinguerais tout d'abord ce qui relève de la dissidence scientifique ou intellectuelle, c'est-à-dire différents experts ou penseurs qui ne sont pas d'accord avec ce que disent les «experts» officiels.


Il y a eu ainsi une opposition intellectuelle composée de gens extrêmement compétents dans leur domaine. Personne ne peut nier à Alexandre Henrion-Caude ou à Christian Vélot leurs compétences en génétique, ni celles de Christian Perronne ou de Didier Raoult en médecine! Vincent Pavan a des compétences évidentes en mathématiques, Pierre Chaillot en statistiques, Hélène Banoun en biologie, Michel Maffesoli et Laurent Mucchielli en sociologie, Ariane Bilheran en philosophie et psychopathologie, votre serviteur en santé publique et en anthropologie de la santé, etc. Il y a donc des expertises réelles qui s'expriment.


Un des travers que j'ai vu chez certains résistants – et j'essaie vraiment de l'éviter autant que faire se peut pour moi – c'est que le fait d'être doté d'une compétence dans un domaine risque de conduire à un emballement où, tout d'un coup, on se met à parler d'autres domaines que l'on connaît beaucoup moins bien comme si on avait le même degré d'expertise. On voit des mathématiciens devenir des philosophes, des statisticiens devenir des microbiologistes ou des informaticiens s'occuper de psychologie de l'enfance. J'ai vu des gens s'embarquer sur des terrains qui ne sont juste pas ceux qu’ils maîtrisent au risque dire des choses qui n'aident pas à la crédibilité de l'opposition.

 
 

On a aussi certaines personnes, excellentes dans leur domaine, mais qui ne supportent plus l'altérité et se présentent comme des «autorités absolues» en déniant à quiconque le droit de voir les choses différemment. Au fond, ce que tout cela montre, c'est que nous ne sommes pas «meilleurs» dans la «Résistance» que dans le camp d'en face: nous restons des humains largement imparfaits et nous aussi à risque de dérives.


Le deuxième volet, c'est celui de la Résistance politique ou activiste. On m'interpelle parfois en me disant: «c'est bien joli vos analyses et vos diagnostics, mais c'est bon, on a compris, maintenant, que vous proposez-vous?» Au fond, ils attendraient de moi ou de nous que nous nous profilions dans un rôle plus politique.


Or, il importe à mes yeux de garder séparé ce qui relève de la connaissance et de l'action politique. En ce qui me concerne, la politique n'est pas le domaine où je pense pouvoir apporter une contribution utile. Je trouve donc important de m’en tenir à mon domaine d’expertise.

 
 

Une population aussi maltraitée et opprimée qu’on l’a été pendant quelques années développe aussi toujours des fantasmes compensatoires. C’est d'ailleurs la racine principale des vraies théories du complot. On fantasme alors Donald Trump en cavalier blanc qui a tout compris depuis longtemps et qui a laissé faire pour bien éduquer la population mais qui, le moment venu, viendra sur son cheval blanc, mettre la pâtée au vilain crapaud du marais insalubre. Quand il y a des gens pas très équilibrés qui se mettent à dire des choses tonitruantes en la matière, cela rallie pas mal d'attention. Tout en sachant qu'il y a aussi de la contre-information lancée à dessein au sein de la «Résistance» pour nous faire mordre à l’hameçon et nous décrédibiliser.


La plupart des gens n'ont pas l'habitude de la recherche et de la vérification documentaires. Quand ils voient passer une information qui leur plaît, ils republient tout de suite sans se demander s'il s'agit d'un contenu fiable ni en vérifier la source. Avec le risque qu'il s'agisse de quelque chose de faux ou qui vise à nous induire en erreur.


Pour revenir à votre expertise, je souhaiterais évoquer les violentes attaques de Pascal Wagner Egger, enseignant à l'Université de Fribourg, à votre encontre. Il vous accuse notamment de ne pas avoir lu l’un des livres que vous citez.


Cela s'inscrit dans ces campagnes de destruction de réputation que vous connaissez aussi bien que moi. Elles ne sont de toute manière ni franches ni honnêtes, parce qu'il s'agit de mettre en échec un discours qui dérange. Et comme ils ne peuvent pas s'attaquer au discours lui-même (c'est trop périlleux pour eux), la seule ressource dont ils disposent est d'essayer de salir la réputation des gens qui les dérangent. Ils l'ont fait systématiquement contre toutes les personnes qui avaient quelque chose à dire. Plus ce qui était dit était juste, plus les attaques étaient virulentes. Je ne suis pas sûr d’avoir envie de commenter ce qu'un malheureux professeur d'université qui, manifestement, fait une fixation sur ma personne, peut dire de désobligeant à mon sujet.


Sur le fond, si j'ai bien compris, il incrimine le débunkage que j'ai fait d’un clip de deux minutes et demie produit par Rudy Reichstadt, alignant des contre-vérités monumentales. J’en ai fait un décryptage méticuleux de près d'une heure, dans lequel je démonte chacune de ses affirmations, avec probablement quatre-vingts diapositives de références. Il se trouve que sur une de ces diapositives présentant le bouquin de Kahneman  (que j'ai évidemment lu à sa sortie, je me permets de préciser), il y aurait deux citations du livre et une troisième phrase qui ne serait pas une citation à proprement parler mais un commentaire (accessoirement pertinent) sur son contenu.

 

Retrouvez l'interview de Pascal Wagner Egger bientôt sur L'Impertinent!

 

Je propose en moyenne 30 à 40 références documentaires par jour dans mes émissions, soit environ deux cents par semaine, huit cents par mois, et donc dix mille par année. Que, dans ce nombre, il y ait exceptionnellement une erreur et que sur la diapositive en question, il ait pu y avoir effectivement deux phrases qui étaient tirées du bouquin et une troisième qui était un commentaire que je n'ai pas distingué en mettant les guillemets au bon endroit, c'est ma foi tout à fait possible. Je ne prétends pas à l'infaillibilité.


Mais que, sur la masse d'informations et de références que je donne, sur le sérieux de mon travail et surtout sur ce débunkage hyper précis que j'ai fait des contre-vérités de Reichstadt, la seule chose que trouve à dire M. Wagner Egger est que sur une diapositive il pourrait y avoir une erreur de guillemets qui «décrédibiliserait l'entier de mon propos» est tellement stupide et malveillant que cela éclaire en réalité l'intention et les procédés de cet individu.


Rappelons qu'il expliquait pour sa part doctement qu'il était «dangereux» (sic) de considérer que le Sars-coV-2 pouvait avoir été fabriqué en laboratoire! Un universitaire qui affirme que considérer une hypothèse (confirmée depuis) est dangereux illustre ce constat posé par Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne, que l'Université est devenue aujourd'hui le lieu du conformisme et de la médiocrité intellectuelle.


Pour revenir au fond du livre: comment peut-on avoir des certitudes sur la gravité des effets secondaires du vaccin, puisqu’on a du mal à faire la différence avec le Covid long, comme vous le dites vous-même?


Il s'agit bien sûr d'une question délicate. Ce qui rend la chose encore plus compliquée, c'est que le système biomédical et sanitaire aujourd'hui n'est en réalité pas intéressé à savoir ce qu'il en est. Un peu comme face à l'augmentation de la mortalité observée en 2021, 2022 et 2023 dans tous les pays occidentaux... Vous avez vu quelle a été la réponse de l'Office fédéral de la statistique?  «Oui, il y a une augmentation, mais scientifiquement, on ne sait pas ce que c'est, donc on ne peut rien dire». Si ça n’intéresse personne et qu'on ne cherche pas, on ne risque en effet pas de trouver quoi que ce soit!


L’hypothèse qui me paraît la plus probable aujourd'hui, c'est que le Covid long est probablement la manifestation d'un état inflammatoire prolongé dû à la protéine Spike, qu'elle soit d'origine virale ou «vaccinale».  Il ne faut pas non plus minimiser l'effet nocebo dû à la psychopandémie, à la terrorisation de la population et aux conséquences dommageables des mesures de contrainte parfaitement inutiles sur le plan sanitaire.

 
 

Le «Covid long» est sans doute aussi un chapeau commode pour camoufler (et par-là même nier) les effets indésirables des injections géniques. C'est un peu le prétexte idéal, qui permet de surcroît à tous ceux qui ont fait prendre des mesures insensées de les justifier: regardez comme le Covid était dangereux comme le prouvent ces cas affreux de Covid long!


Le fond du problème est toujours le même: c'est qu'on n'a pas soigné, alors que laisser les médecins généralistes soigner leurs patients avec les moyens du bord est le premier principe cardinal d'une bonne réponse sanitaire aux épidémies respiratoires (le second étant de laisser la société vivre le plus normalement possible, comme la Suède et la Norvège ont choisi de le faire avec au final les meilleurs résultats de toute l'Europe). On avait de très bons médicaments pour bien soigner les gens. Ceux qui ont été soignés vite et bien de leur Covid, ne font pas de Covid long, c'est un fait attesté par l'observation clinique.


Dans votre livre, vous dites également qu’il est difficile de faire de la recherche en médecine. Pourquoi?


Il y a, pour commencer, un problème structurel qui tient au financement de la recherche. La recherche de qualité est coûteuse, et ne trouve de financement que celle qui est susceptible de déboucher sur des applications lucratives. Il y a plein de questions de santé importantes que l'on devrait investiguer soigneusement, mais on ne le fait pas parce qu'il n'y a pas de marché ni de bénéfices à la clé. Les naturopathes incriminent par exemple souvent les produits laitiers ou le gluten comme pouvant être responsable des douleurs articulaires sans cause connue qui tendent à se généraliser dans la population (arthralgies atypiques). Si vous allez voir un rhumatologue pour lui demander si on a des études sérieuses sur la possible implication de ces produits, il vous répondra que non. Parce que personne n'a intérêt à financer de telles études.


Les structures de financement devraient avoir comme priorité l'intérêt des questions de recherche pour la santé des gens. Mais le système est distordu d'une manière qui fait que ce n’est pas cela qui prime.


La double difficulté que l'on rencontre ensuite, c'est que le vivant n'est pas réductible à des modélisations simples. L'être humain et sa santé sont des réalités complexes, c'est-à-dire en termes épistémologiques qu'on ne peut que très imparfaitement les mettre en équations.


«On a demandé à des équipes universitaires de produire des études bidon»

Le compliqué, c'est ce qui contient une grande somme d'informations mais qu'il est possible d'épuiser. Un avion de ligne par exemple est compliqué, il contient un grand nombre d'informations mais on parvient à entièrement les modéliser. Le complexe, c'est ce qui n'est pas réductible à des équations, ce qui est le cas de la santé humaine. Il y a toujours quelque chose qui échappe. On tâtonne donc avec des modèles qui sont hérités d'autres sciences, sachant en passant que, contrairement à l'idée commune, la médecine n'est pas une science. Il s'agit d'une pratique (ou d'un art) qui s'appuie sur d'autres sciences comme la chimie, la physique ou la biologie.


La grande faiblesse de la méthodologie soi-disant scientifique en médecine à l'heure actuelle, c'est qu'on crée des modélisations et qu'on réalise des expériences qui sont passablement à côté de la plaque parce que leurs designs, leurs protocoles expérimentaux et même leurs présupposés théoriques sont le plus souvent peu pertinents.


«L'utilité thérapeutique n’est pas totalement évacuée, mais ne constitue plus la priorité»

L'autre problème, c’est la fraude qui sévit dans ce domaine et qui est massive. On trouve par exemple de manière courante des commandes pour réaliser des études qui disqualifient des résultats qu'on sait être vrais, parce que certains intérêts ont besoin de semer le doute. Ce sont les stratégies d’agnotologie (ou fabrication de l'ignorance) utilisées à l'époque par l'industrie du tabac pour nier le lien entre tabagisme et cancer du poumon. Si on prend la destruction de l'ivermectine et de l’hydroxychloroquine, on observe que c'est le même type de procédé qui a été employé.


On a demandé à des équipes universitaires de produire des études bidon, comme la méta-analyse Fiolet, produite avec le concours de l'Université de Lausanne et la Faculté de médecine de Genève, qui est une pure truanderie. Avec, comme unique finalité, de semer le doute par rapport à quelque chose d’établi par une masse de recherches sérieuses. Ceci payé par nos impôts et avec pour conséquence des centaines de milliers de morts évitables, utiles toutefois pour souligner la «dangerosité» de la maladie (quand on ne soigne pas les gens, ils meurent en effet plus) et faire croire que le «vaccin» est la seule solution!


Dans le livre, vous parlez également des modèles d'inconduite qui se répètent encore et toujours: la production d’essais cliniques au sujet d'une nouvelle molécule, des signaux de sécurité préoccupants sont négligés, des scientifiques éminents sont engagés, etc. Et je trouve qu'il y a des similitudes frappantes avec la genèse de la crise des opiacés aux États-Unis, où l’oxycotin a été autorisé par un agent de la Food and Drug Administration (FDA) qui a démissionné quelques mois plus tard pour rejoindre l’entreprise Purdue Pharma.


C’est en effet structurel: aujourd'hui tout le système fonctionne ainsi. Les médicaments ne sont pas promus et proposés aux patients en fonction de leur utilité thérapeutique, mais en fonction d'un ensemble de paramètres lucratifs avant tout. L'utilité thérapeutique n’est pas totalement évacuée, mais ne constitue plus la priorité.


Malgré le fait que ce soient les mêmes méthodes, on voit qu’on n’arrive pas aux mêmes conclusions. Est-ce à cause de la stigmatisation des addicts?


Il y a de ça. Je pense toutefois qu'une autre variable est qu’il y a trop de gens impliqués dans le fiasco des soi-disant vaccins anti-Covid. Comme l’explique le Pr Martin Zizi, ils sont dans une impasse totale parce que s'ils reconnaissent la réalité de ce qui s'est passé, ils sont finis. Mais s'ils cherchent à cacher à tout prix la réalité de ce qui s'est passé, ils se suicident politiquement parce que la vérité sortira tôt ou tard. Ils sont pris dans cette impasse où, pour l'instant, tout le monde se tient encore par la barbichette.


Le seul moyen pour que le scandale n'apparaisse pas au grand jour dans toute sa gravité est que les gens continuent de s'abstenir de demander des comptes. Continuer à faire semblant qu'il n'y a pas eu de problème. Mais cette position devient de plus en plus intenable et requiert des malhonnêtetés de plus en plus criantes.


Faire croire d'emblée que le vaccin était «sûr et efficace» était problématique et même franchement scandaleux. Pfizer reconnaît d'ailleurs, dans les contrats passés avec les Etats, que la sécurité et l'efficacité de leur produit sont inconnues au-delà de quelques mois! La règle de base dans la communication en santé publique, c'est de faire preuve d'honnêteté, de transparence et de véridicité.


Qu’est-ce qu’un Key Opinion Leader?


Cela correspond, dans le domaine de la santé, aux leaders d'adoption en marketing. Quand on veut promouvoir un nouveau produit, il est important qu'il y ait des personnalités, crédibles et en vue, qui témoignent de sa qualité, souvent par le fait qu'ils l'utilisent et qu'ils en sont contents. C'est pour cette raison que, dans les campagnes de pub, on voit souvent des sportifs ou des artistes faire la promotion de produits. Parce qu’ils entraînent l'adhésion des autres.


En matière médicale, il s'agit de ces pseudo-experts que l'on présente comme étant des autorités hyper crédibles, qui viennent dans la presse et sur les plateaux télé assener des messages pour lesquels ils sont mandatés, de sorte à entraîner l'adhésion de la population. On a très bien vu, en Suisse romande, comment des gens comme Didier Pittet, Samia Hurst, Antoine Flahault ou Alessandro Diana ont été mobilisés comme porteurs de vérité alors qu'ils n'ont cessé de mentir d'une manière à vrai dire éhontée.



Ce qui a été impressionnant dans toute cette histoire – et les mêmes procédés ont été utilisés partout – c'est de voir la somme d'énormités qu'ils ont été capables de proférer. Aujourd'hui, quand ils sont confrontés à ça, ils le nient. Récemment, en France, deux médecins de plateau sont passés chez Bourdin, et ont osé affirmer n’avoir jamais dit que le vaccin empêchait la transmission. C'est faux. Ils n’ont pas arrêté de répéter des slogans faux et trompeurs comme: «Tous vaccinés, tous protégés»; «Je pense aux autres, je me fais vacciner». On dispose de nombreux enregistrements d'émissions où ils profèrent littéralement de tels propos. On voit bien la malhonnêteté extrême de ces gens.


Les Key Opinion Leaders, ce sont donc des gens qui sont payés grassement à cette fin. Certains d'entre eux peuvent être simplement recrutés par naïveté, mais d'autres reçoivent des versements très conséquents sur des comptes offshore, tout en déclarant officiellement des liens d'intérêt de misère. Il y a vraiment un système très mafieux et très, très malsain à cet endroit-là.


Sortons un peu du Covid, mais restons dans votre domaine de compétence: l'anthropologie de la santé. Vous dites dans votre livre qu’il y a plus de suicides chez les ados qui prennent des antidépresseurs en France?


Oui, deux fois plus. Il fait savoir qu'il n'y a rien de plus antiscientifique que la psychiatrie, simplement parce que la science sur laquelle elle prétend s'appuyer est complètement boiteuse. Cela étant, il est important de rappeler qu'un modèle boiteux ou un médicament sans données probantes peuvent quand même être utiles à certaines personnes. C'est toujours dans la rencontre entre un besoin et une proposition médicale qu'il y a quelque chose qui s'accorde ou non. Je trouve qu'il est important de critiquer les médicaments psychiatriques, parce que la science à leur appui est très faible, mais il est tout aussi important de se rappeler qu'il y a des gens qui, en toute bonne foi, ont eu comme expérience que des médicaments les ont aidés. Ce qui est frauduleux en revanche, c'est la prétention des médecins qui présentent des médicaments ou des traitements comme validés scientifiquement alors que ce n'est pas le cas!


Les prescriptions d'antidépresseurs atteignent des taux phénoménaux aujourd'hui, avec deux truanderies à leur appui. La première a été de faire croire que la dépression était le résultat d'un déficit de sérotonine, et donc que les médicaments qui inhibent la recapture de la sérotonine pouvaient être utiles. C’est une hypothèse qui n'a jamais été démontrée de manière sérieuse, mais qui est devenue une espèce de dogme, ce qui est très classique en psychiatrie. On a complètement truqué les études pour faire croire à un effet qui est anecdotique dans le meilleur des cas. Mais surtout, on a complètement étouffé le fait qu'il y a bien un effet qui a été systématiquement observé, notamment sur les jeunes, qui est celui de faire s'effondrer la libido et de doubler le risque suicidaire.

 
 

Avec, de surcroît, comme le raconte John Virapen, un ancien cadre de Lily dans son livre, le procédé suivant: face au suicide d'un jeune qui prenait des antidépresseurs avec un risque que des questions soient posées dans la presse, les compagnies pharmaceutiques mobilisent des professeurs d'université pour signer des communiqués, rédigés en réalité par les pharmas, pour affirmer qu'aucun lien de causalité ne peut être démontré. Le tarif pour ce genre d'inconduite est de 50’000 dollars par communiqué.


Y a-t-il des liens entre McKinsey et l’industrie pharmaceutique?


Oui et ils sont multiples. C’est quelque chose que je développerai très en détail dans mon prochain livre, qui paraîtra en avril. Il y a une intrication extrêmement forte entre les principaux acteurs de la dérive, c'est-à-dire un petit pool qui réunit le Dr Anthony Fauci, Bill Gates et ses fondations, Tedros Ghebreyesus et l'OMS, le Parti Communiste Chinois, Big Pharma, Big Media, les GAFAM et McKinsey… avec des liens multiples et une action profondément néfaste mise en œuvre de manière coordonnée. En Suisse comme ailleurs, on est passé comme chat sur braise sur cette question.


Une objection qu'on nous a souvent opposée c'est «si ce que vous dites est vrai et que les mesures dites sanitaires n'étaient ni prévues, ni indiquées, ni utiles, pourquoi tous nos différents pays les ont-ils adoptées?»


La réponse est que la quasi-totalité des pays occidentaux (dont la Suisse) ont été conseillés par McKinsey. L'OMS a de son côté jeté aux orties son plan pandémie 2019 pour substituer la réponse totalitaire chinoise. J’ai établi l'historique de ce glissement. Dans un premier temps, l'OMS répond au verrouillage de la province de Wubei en disant: «tiens, c'est étonnant, on n'a jamais fait ça. Selon l'état de nos connaissances, ce n'est pas une bonne idée». Quinze jours après: «mais c'est très bien, ça a l'air de marcher!». Puis encore quinze jours plus tard: «c'est cela qu'il faut appliquer dans le monde entier». Alors que cela contredisait toutes nos connaissances en la matière.


L’un des prochains sujets auquel s’attaquera L’Impertinent est la pénurie de médicaments. Quel est votre avis là-dessus?


La réponse s'étend sur une échelle allant de soft à très hard. La réponse soft, c'est qu’on est toujours dans le même processus: les médicaments génériques efficaces, qui ont fait leurs preuves, n'ayant aucun intérêt lucratif pour l'industrie pharmaceutique, celle-ci cherche systématiquement à leur substituer de nouvelles molécules. Et vous savez qu'aujourd'hui, pour pouvoir faire accréditer un nouveau remède, il suffit de faire une démonstration de sa «non-infériorité» par rapport aux médicaments existant. On n'a donc pas besoin de montrer que son efficacité est meilleure par rapport à ce qu'on utilise déjà, mais juste de montrer que ça ne marche pas moins bien. Ce qui permet de mettre sur le marché des médicaments qui vont par exemple coûter 10'000 francs par traitement au lieu de 10 francs. On encourage ensuite évidemment les médecins à préconiser ces nouvelles molécules plutôt que les anciennes.



L'étape suivante, c'est d'arrêter de produire des génériques, par exemple des antibiotiques, que l'on sait être excellents et que l'on utilise sur tout plein de pathologies. Comme ils ne peuvent plus être trouvés, les médecins se tournent vers de nouvelles molécules. Ce que je nomme ici, qui est connu, constitue l'hypothèse basse: une manipulation de plus à des fins lucratives, parce qu'on est bel et bien dans un système d'extorsion de fonds, de racket, avec la complicité, au moins tacite, de tous les acteurs impliqués. Le gouvernement et ses agences, les partis politiques, le Parlement, la presse, les sociétés médicales, les hôpitaux, tout le monde y participe en fermant les yeux.


Si ça c'est soft, je n'ose imaginer le hard…


L’hypothèse hard envisage que la prochaine pandémie pourrait être bactérienne. Si le plan vise à instrumentaliser les pandémies, la prochaine ne se fera pas avec un virus à peu près inoffensif, mais avec une bactérie hyper dangereuse. Vous connaissez la réalité de la recherche bio militaire et des laboratoires où sont créés intentionnellement des germes tout plus dangereux les uns que les autres. Le fait de rendre l'épidémie aussi létale que possible tout en pouvant se protéger dépendrait alors des antibiotiques à disposition ou non.


C'est évidemment un scénario conspirationniste, mais on ne peut plus nier la réalité qu’il y a bien une conspiration considérable en cours, comme cela s'est d'ailleurs produit régulièrement tout au long de l'histoire. Dans le meilleur des cas, il s'agit d'une conspiration à des fins uniquement lucratives. Dans le pire des scénarios, d'une conspiration visant à imposer une dictature planétaire. Je le répète, il n'y a pas d'argument plus puissant pour obtenir la soumission des populations que les menaces sur la santé.


N'est-ce pas un peu angoissant? On a beaucoup reproché aux autorités et aux médias d’avoir utilisé la peur tout au long de cette crise. Mais je constate que beaucoup de mouvements résistants se servent des mêmes armes: peur de la 5G, peur du graphène, des vaccins, des chemtrails… le mécanisme de la peur est utilisé des deux côtés, non?


Votre question est bien sûr pertinente. Il convient toutefois de distinguer d'une part les peurs légitimes que l'on peut avoir, parce qu'elles correspondent à des risques qu'il convient d'être capable de penser et possiblement d'anticiper; et d'autre part les peurs qui sont le produit de manipulations intéressées faisant croire à des menaces qui dans la réalité n'existent pas.


Le fond du problème tient à mes yeux au fait qu'il n'est plus possible de faire confiance à nos autorités, aux médias, aux universités ou à la recherche scientifique pour apporter des réponses honnêtes et fiables aux questions, craintes et doutes que la population peut légitimement avoir. La corruption systémique pollue aujourd'hui l'ensemble de ces centres de pouvoir à tel point que ceux-ci ne travaillent plus au service du bien commun et ne sont tout simplement plus dignes de confiance.


«Nous assistons à l'effondrement de toute une époque et de ses systèmes de pouvoir»

Une des conséquences de ce que je nomme est que la porte est d'autant plus ouverte à toutes sortes de théories ou d'affirmations abracadabrantesques. Si l'autorité n'est plus crédible ce qui est le cas à mes yeux aujourd'hui , la population ne sait en effet plus à quel saint se vouer pour essayer de faire la part des choses entre ses peurs légitimes et les craintes déraisonnables. La responsabilité de ceux qui ont «le pouvoir de dire et de faire» est écrasante. Et la «faillite des élites» (pour reprendre le titre d'un livre de Michel Maffesoli) une véritable calamité pour notre civilisation.


Nous assistons à l'effondrement de toute une époque et de ses systèmes de pouvoir, comme il s'en est déjà produit à différentes reprises au cours de l'histoire. Il faut espérer qu'il ne s'agisse que d'une transition, crépusculaire, chaotique et à vrai dire assez cauchemardesque, entre l'époque finissante de la rationalité économiciste et l'émergence d'un monde réhumanisé et réenchanté qui redonne la priorité à des valeurs beaucoup plus saines et dignes de notre humanité que celles de ce monde en perdition.

 
Autopsie d'un désastre




















Autopsie d'un désastre - Mensonges et corruption autour du Covid, éd. Marco Pietteur, décembre 2023

 

Nos précédentes interviews de Jean-Dominique Michel:



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