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Article rédigé par :

Paul Watson

L'échec complet et total de la COP30

Paul Watson
© Lucas Amorelli - Sea Shepherd Brasil

Par le capitaine Paul Watson

Cette mascarade dure depuis 30 ans. Depuis la COP numéro 1, en 1995.


Petit retour en arrière: en mars 1995, 869 délégués de 160 pays et de l'Union européenne se sont réunis à Berlin pour reconnaître l'urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines. La conférence n'a débouché sur aucune mesure contraignante, mais elle a reconnu la gravité du problème et la nécessité de réduire les émissions.


L'alarme avait été donnée bien avant. En 1968, le Stanford Research Institute avait averti l'American Petroleum Institute que le dioxyde de carbone provenant des combustibles fossiles entraînerait des augmentations atmosphériques dangereuses ayant des conséquences planétaires: hausse significative des températures d'ici 2000, fonte des glaces de l'Antarctique, élévation du niveau de la mer, réchauffement des océans et modifications de la photosynthèse. Plus tôt encore, en 1912, Popular Mechanics avait averti que la combustion d'environ deux milliards de tonnes de charbon par an ajoutait quelque sept milliards de tonnes de CO₂ à l'atmosphère, épaississant la «couverture» de la Terre et risquant de réchauffer la planète en quelques siècles.


L'étape importante suivante a eu lieu en 1997, lors de la COP3 à Kyoto, où les délégués ont adopté le protocole de Kyoto visant à réduire les gaz à effet de serre. Il s'est rapidement avéré inefficace: les pays pouvaient fixer leurs propres règles pour approuver des projets et délivrer des crédits carbone sans véritable contrôle international. Le vice-président américain Al Gore l'a signé, sachant que le Sénat ne le ratifierait pas. En 2001, le président George W. Bush a confirmé que les États-Unis ne mettraient pas en œuvre l'accord, le rendant ainsi largement inefficace.


La COP est devenue une énorme perte de temps

Après Kyoto, la COP a fait étape à Buenos Aires, Bonn, La Haye, Bonn à nouveau, Marrakech, New Delhi, Milan, Buenos Aires, puis à la COP11 à Montréal (2005). Montréal a revisité Kyoto, généré des promesses et entretenu un optimisme fragile, sans plus. De là, la COP a dérivé à Nairobi, Bali, Poznań, Copenhague, Cancún, Durban, Doha, Varsovie et Lima: une succession d'événements sans grand intérêt, pour la plupart ennuyeux. En bref: un carrousel coûteux.


En 2003, l'ouvrage de Robert Hunter intitulé 2030: Confronting Thermageddon in Our Lifetime (2030: affronter le thermageddon de notre vivant) lançait des avertissements alarmants qui semblent aujourd'hui d'une pertinence inquiétante. Je doute que beaucoup de délégués de la COP30 aient lu Hunter, ou tout autre penseur environnemental. Ils n'ont certainement pas lu non plus mon livre, publié en 2019, Urgent! Save Our Ocean to Survive Climate Change (Urgent! Sauvez nos océans pour survivre au changement climatique).


Paul Watson
© Gert Durante - COP30

Mon intérêt s'est brièvement ravivé lors de la COP21 à Paris (2015). Pour la première fois, l'océan faisait enfin partie des discussions, et j'ai été invité à y participer. Mais le Forum sur l'océan s'est rapidement orienté vers l'industrie des produits de la mer. Lorsqu'ils ont abordé leur principale préoccupation, à savoir la manière dont le changement climatique pourrait «affecter le mouvement des produits dans la mer», j'ai su qu'il n'en ressortirait rien de significatif. Ma présentation a été taxée d'«alarmiste».


J'ai toutefois discuté avec le chef Raoni des Kayapó du lien entre l'Amazonie et l'océan, les deux poumons de la planète, l'un vert et l'autre bleu. Malgré tout, cela m'a semblé être un exercice futile, renforçant mon opinion selon laquelle la COP est devenue une énorme perte de temps.


La tournée s'est poursuivie: Marrakech, Bonn (encore une fois), Katowice, Madrid, Glasgow, Charm el-Cheikh, Dubaï, Bakou et enfin Belém. À Glasgow (COP26), Greta Thunberg a résumé l'état d'esprit général: «Assez de bla-bla-bla.» La COP27 était sponsorisée par Coca-Cola, comme si «la guerre du cola» était devenue un concours pour savoir qui serait le pollueur le plus vert. Lors de la COP28, le Dr Sultan Al Jaber, ministre de l'Énergie des Émirats arabes unis et directeur général de l'ADNOC, a tenu le rôle de président «impartial» tout en dirigeant une compagnie pétrolière nationale produisant environ 3,5 millions de barils par jour. La dissonance parlait d'elle-même.


Les gardiens originels de la forêt se sont vu refuser toute participation significative sur leur propre territoire

Dix ans après Paris, j'ai donc assisté à la COP30 à Belém plus par curiosité que par espoir. J'ai été invité à faire une présentation dans la zone bleue, mais j'ai été exclu des négociations. Dans ces salles, l'écologisme franc n'est pas le bienvenu; la réalité écologique et la vérité sont interdites dans les discussions en coulisses.


Pendant ce temps, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont complètement abandonné la COP. Le leadership du Canada n'a guère été meilleur. Au lieu de s'attaquer aux émissions de combustibles fossiles, le gouvernement a adopté des mesures qui facilitent l'industrie en mettant de côté les protections environnementales. La différence n'est que stylistique: déni pur et simple contre rhétorique raffinée, mais dans les deux cas, aucune action réelle.


Comme l'a dit Greta, ce ne sont que des paroles en l'air, des séances photo et des conneries.


Ainsi, pour la première fois en dix ans, j'ai erré dans la zone bleue, non pas en tant que délégué, mais en tant que touriste accrédité, passant devant les pavillons nationaux qui servaient également de vitrines pour les investissements et le tourisme. Chacun vantant des solutions technologiques, des initiatives éducatives et des promesses vides. Au pavillon japonais, trois gardes m'ont refusé l'entrée; lorsque j'ai essayé de parler à un représentant, un supérieur est intervenu pour me faire taire. Leur slogan proclamait «des solutions pour le monde», mais toutes les solutions proposées étaient centrées sur les nouvelles technologies pour l'industrie des combustibles fossiles. J'ai enregistré une vidéo suggérant une véritable solution: arrêter de tuer les baleines. Le Japon n'était pas intéressé.



Bien que la COP30 se soit tenue en Amazonie et que plus de 3000 autochtones aient fait le déplacement pour y assister, seuls 650 d'entre eux ont obtenu une accréditation pour la zone bleue. En revanche, les dirigeants des industries fossiles ont reçu environ 1600 badges. Le charbon, le gaz et le pétrole étaient omniprésents, tout comme les 30'000 personnes qui ont défilé dans les rues chaudes et humides de Belém pour protester. Le moment le plus saisissant a été lorsque des milliers d'autochtones se sont précipités vers l'entrée de la zone bleue, mettant en évidence cette contradiction aux yeux du monde entier: les gardiens originels de la forêt se sont vu refuser toute participation significative sur leur propre territoire.


Mon navire, le John Paul DeJoria, était amarré près de la zone verte, à côté du Rainbow Warrior de Greenpeace. Nous avons accueilli des centaines de personnes à bord sous un drapeau brésilien modifié pour remplacer le vert par du noir, en signe de deuil pour les forêts perdues, et arborant le slogan «Sem Azul Não Há Verde» (Sans vert, il n'y a pas de bleu).


John Paul DeJoria
© DR

Mes discussions avec les chefs autochtones lors de la COP30 ont confirmé ce que trois décennies de ces spectacles m'ont appris: les gouvernements, liés aux réalités politiques et économiques actuelles, sont incapables d'apporter des solutions réalistes. La domination humaine a entraîné un déclin rapide des espèces et des écosystèmes. Nous continuons à rechercher des outils anthropocentriques pour résoudre une crise écologique qui exige une réflexion biocentrique.


Nous avons besoin de solutions qui reconnaissent les droits de tous les êtres vivants, des microbes aux grandes baleines. Les lois fondamentales de l'écologie ne sont pas sujettes à débat:

John Paul DeJoria
© DR

• Diversité: la force d'un écosystème dépend de sa diversité interne.

• Interdépendance: les espèces sont liées entre elles par une dépendance mutuelle.

• Ressources limitées: la croissance a des limites, fixées par la capacité de charge.


Lorsqu'une espèce – la nôtre – vole la capacité de charge des autres, la diversité et l'interdépendance s'érodent, et la capacité du système à soutenir la vie s'effondre.


Les peuples autochtones le comprennent. Ils ont une vision biocentrique du monde et peuvent concevoir des solutions biocentriques. Nous avons besoin d'une COP au cœur de l'Amazonie, présidée par des leaders autochtones, afin d'examiner les droits des forêts, des océans et de toutes les espèces vivantes.


Après 30 ans, nous ne pouvons plus compter sur les dirigeants mondiaux pour résoudre le problème du changement climatique. Enchaînés à l'industrie des combustibles fossiles, ils se contentent de faire des pirouettes, sans substance ni action. Les écologistes et les nations autochtones doivent agir, sans compromis et sans cooptation. L'alternative est la seule chose que la COP a toujours offerte: toujours plus de rien qui compte.

biencentrisme

Le capitaine Paul Watson a cofondé Greenpeace en 1972, fondé Sea Shepherd en 1977 et créé la Fondation Captain Paul Watson en 2022. Il est également directeur national de Sea Shepherd France et Sea Shepherd Brésil.


Le dernier ouvrage du capitaine Watson, intitulé Biocentrisme, a été publié par Denoël en octobre 2025. Son livre SOS Oceans en Détresse! sera publié en mars 2026.

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