Paris 2024: des Jeux olympiques pas si inclusifs?

Le message du comité organisateur de Paris 2024, comme du metteur en scène de la cérémonie était on ne peut plus clair: l’inclusivité devait être le maître mot de ces Jeux. Mais laquelle?

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Le 11 août dernier, les Jeux olympiques 2024 se sont achevé par une cérémonie de clôture en grandes pompes, au Stade de France de Paris. Et ce, bien que l’événement ne soit pas terminé, puisque les Jeux paralympiques auront lieu du 28 août au 8 septembre. Cette situation a fait réagir en nombre sur les réseaux sociaux notamment, où beaucoup ont noté le manque de cohérence entre cette gestion et le message d’inclusion véhiculé par les organisateurs.

Car s’ils dépendent de deux comités internationaux différents, avec des règlements distincts – dont l’interdiction de porter les anneaux olympiques en tatouage pour les «para» – les responsables des deux organisations de l’édition parisienne sont les mêmes.

Contacté par L’Impertinent, le service de communication de Paris 2024 a avancé plusieurs explications à cette configuration: tout d’abord les Jeux paralympiques aussi auront leurs cérémonies d’ouverture et de clôture, toujours orchestrées par Thomas Jolly. Il n’y a donc selon eux pas d’ambiguïté avec le show du 11 août. Cependant, si «l’ambition est la même», ni Céline Dion, ni Tom Cruise ne répondront présents cette fois-ci.

Si les deux événements ont lieu à deux semaines d’intervalle, c’est pour laisser aux organisateurs le soin d’adapter le village olympique, qui accueillera deux fois moins d’athlètes (4500 tout de même), ainsi que les infrastructures de «tous les sites qui ont fait le succès de ces jeux».

Quant à une organisation simultanée des Jeux olympiques et paralympiques, c’est impossible pour des questions de diffusion télé et de reconnaissance. En effet, selon Paris 2024, un Léon Marchand n’a pas la même audience qu’un Alex Portal et si les deux compétitions n’ont pas lieu en même temps, c’est pour laisser aux athlètes paralympiques «le temps de briller».

Une explication qui ne convainc pas Malick Reinhard, journaliste et particulièrement sensible aux différents sujets qui entourent le handicap, étant lui-même atteint d’une amyotrophie musculaire spinale de type 2. Selon lui, l'histoire des Jeux paralympiques témoigne d'une progression vers l'inclusion, mais souligne aussi ses limites actuelles. «Certains aspects, comme les traditions liées à la Flamme olympique, n'ont pas évolué au même rythme, révélant des disparités persistantes», relève-t-il notamment.

Les personnes en situation de handicap doivent rester "à leur place"

Pour l’ancien rédacteur en chef de Slash Média, cette séparation temporelle n'est qu'un symptôme d'un problème plus profond: «On parle d'inclusivité, mais dès qu'il s'agit de vraiment mélanger les cartes, de remettre en question la hiérarchie établie, bizarrement, ça coince, explique Malick Reinhard. Allons droit au but: aujourd'hui, la société valide accepte l'inclusion SEULEMENT si ça n'inverse pas les rôles. Les personnes en situation de handicap doivent rester "à leur place", c'est-à-dire dans une position subordonnée.»

Et d’ajouter: «Le vrai défi, ce serait d'intégrer pleinement les épreuves paralympiques au cœur des JO. Un 100 mètres valide suivi d'un 100 mètres paralympique, avec la même couverture, le même prestige. Mais ça, ça demanderait d'accepter que les para-athlètes puissent voler la vedette. Et visiblement, on n'en est pas encore là. En fin de compte, cette séparation des Jeux n'est-elle pas le reflet d'une société qui, malgré ses discours, peine encore à considérer le handicap autrement que comme une infériorité à "gérer" plutôt qu'une caractéristique intrinsèque à un individu dans toute sa diversité?»

Avant le début des Jeux olympiques, qui semblent avoir un effet lobotomique auprès de nombreux militants, Médecins du monde dénonçait le «nettoyage social» qui a eu lieu dans la capitale française, puisque l’inclusivité ne semble pas non plus concerner les personnes les plus vulnérables, selon l’association.