Jacques Baud sanctionné par Bruxelles: «Je n'ai jamais touché un centime de la Russie»
- Amèle Debey
- il y a 14 heures
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Selon RadioFreeEurope, l'ex-espion suisse Jacques Baud va être sanctionné par Bruxelles pour propagande prorusse. Alors que ses comptes pourraient être gelés, l'ancien colonel ne comprend pas l'origine de cette décision.

«Les ambassadeurs de l'Union européenne ont décidé, le 10 décembre, de nouvelles sanctions contre la Russie, ajoutant plusieurs personnes et entités à sa vaste liste noire», peut-on lire sur le site de RadioFreeEurope. Jacques Baud, ancien colonel de l'armée suisse, est fiché pour avoir agi «comme porte-parole de la propagande prorusse et propagé des théories du complot, accusant par exemple l'Ukraine d'avoir orchestré sa propre invasion afin d'adhérer à l'OTAN».
«La décision de Bruxelles n’est toutefois pas encore officielle, et la porte-parole du Conseil européen ne l’a pas confirmée vendredi, écrit 24heures ce samedi matin. Notamment parce que faire des commentaires à ce sujet pourrait permettre aux personnes visées de "déplacer leurs avoirs" avant l’entrée en vigueur des mesures, le 15 décembre.»
Contacté par téléphone, Jacques Baud souligne le caractère arbitraire de ces sanctions, puisqu'il n'a «jamais touché un seul centime de la Russie», affirme-t-il, avant de s'interroger: «Qui est à blâmer entre celui qui prévient de la défaite de l'Ukraine et identifie les erreurs à corriger et celui qui ne fait rien pour éviter cette défaite?»
(Re)lire notre interview de Jacques Baud: «Si on écoutait les opposants à Poutine en Russie, Kiev aurait été rasée de la carte»
Comme il l'a répété à plusieurs reprises lors d'interviews – ici et ailleurs – Jacques Baud ne s'inspire, dans ses livres, que de sources ukrainiennes et américaines. Par exemple, rappelle-t-il, dans le cas de la «théorie du complot» mentionnée par RadioFreeEurope, selon laquelle l'Ukraine aurait orchestré sa propre invasion, il s'agissait en fait d'une interprétation des propos de Oleksey Arestovitch, ancien conseiller de Zelensky, qui a donné une interview au média ukrainien Apostrophe, en 2019. Voici un extrait de ce qu'il y disait:
«Le prix à payer pour rejoindre l'OTAN est très probablement un conflit ouvert avec la Russie: soit un conflit d'une ampleur supérieure à l'actuel, soit une série de conflits de ce type. Dans ce conflit, nous bénéficierons d'un soutien très actif de la part de l'Occident: armes, équipements, assistance, nouvelles sanctions contre la Russie et, fort probablement, le déploiement d'un contingent de l'OTAN, l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, etc. Autrement dit, nous ne perdrons pas, et c'est déjà une bonne chose.»
Lourdes conséquences
Les sanctions européennes visant les «responsables d’activités déstabilisatrices» – un champ qui inclut notamment la propagande au bénéfice de la Russie – ont été adoptées en octobre 2024. Elles reposent sur un triptyque classique: gel des avoirs, interdiction d’entrée dans l’Union européenne et interdiction de fournir, directement ou indirectement, des fonds ou ressources économiques aux personnes visées.
Dans ce cadre, Jacques Baud pourrait se retrouver particulièrement exposé. Retraité, installé à Bruxelles, il publie aujourd’hui principalement chez Max Milo, un éditeur français. En pratique, une inscription sur cette liste rendrait problématique, voire impossible, le versement de droits d’auteur dans l’UE. La Suisse, de son côté, ne reprend pas ces sanctions européennes liées aux «activités déstabilisatrices».





