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Article rédigé par :

A. Signa

Spiez: la Suisse abrite les pires virus du monde… sans l’aval du Parlement

Depuis 2021, un laboratoire suisse sert de base à un programme mondial de collecte et de partage de pathogènes dangereux piloté par l’OMS. Le tout, sans débat démocratique. L'Impertinent a pu consulter l'accord entre la Suisse et l'Organisation mondiale de la Santé. Voici ce qu'il contient.

berset/tedros
© X/@DrTedros

Depuis 2021, la Suisse met le Laboratoire de Spiez à disposition pour des tâches relevant du système BioHub de l'OMS (y compris son laboratoire P4 de haute sécurité biologique). C'est le seul site actif de ce genre dans le monde.


Le système BioHub de l’OMS centralise la collecte, la recherche et le partage de pathogènes à potentiel épidémique ou pandémique à l’échelle mondiale. Son objectif affiché: prévenir les prochaines pandémies en favorisant l’échange rapide de pathogènes entre pays et en accélérant la fabrication de vaccins et de médicaments. Les risques biotechnologiques, eux, restent largement absents du débat.


Contrairement à plusieurs États (États-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni) qui reconnaissent désormais l’hypothèse d’une origine de laboratoire du SARS-CoV-2 comme plausible, voire probable, l’OMS continue de vouloir garder toutes les hypothèses sur la table. Dans ces conditions, la biosécurité, la responsabilité et les dangers liés à la manipulation de pathogènes sont relégués au second plan.


À noter que le système prévoit également, à terme, une compensation financière pour les pays fournisseurs de pathogènes, introduisant une dimension économique dans la circulation mondiale d’agents infectieux.


Les discours sont rassurants. Les faits le sont moins. La Suisse collabore avec l’OMS pour héberger des pathogènes à Spiez. Mais plusieurs éléments interrogent:


  • Risque de fuite de laboratoire, ici ou ailleurs.

  • Aucune transparence sur les agents stockés à Spiez.

  • Aucun accord global entre pays membres de l’OMS.

  • Travaux de rénovation en cours, sur site actif.

  • Laboratoire jugé vétuste et non conforme aux normes antisismiques (rapport 2023).


L’Impertinent a fait une demande à l’Office Fédéral de la Protection de la Population (OFPP) pour accéder au document signé. Après un temps d’attente et la consultation des parties concernées, un lien officiel a été publié le 20 juin 2025 – soit quatre ans après le début de la collaboration. On y découvre l’accord signé en 2021 par Alain Berset et Viola Amherd ainsi que son renouvellement en 2024, prolongé jusqu’au 31 mars 2027.


Nous publions ci-dessous un aperçu des documents obtenus, des risques liés au système et des travaux prévus au laboratoire de Spiez.


Accord de 2021: nature et contenu


But: L’accord concerne le «système de conservatoire d’échantillons biologiques pour faciliter le partage volontaire de la part de ses États Membres de matériels biologiques à potentiel épidémique ou pandémique» de l’OMS.


Il mentionne que «l’OFSP (Office Fédéral de la Santé Publique) et l’OFPP souhaitent soutenir l’évolution et le fonctionnement du Système BioHub de l’OMS, notamment en mettant à disposition des ressources et les installations du Laboratoire de Spiez.»


Forme: L’accord repose sur un «memorandum of understanding (MoU)», une forme juridique non contraignante, non soumise à ratification parlementaire ni à référendum.


Selon l’article 7a de la loi sur l’organisation du gouvernement: «le Conseil Fédéral peut conclure seul des traités internationaux de portée mineure.» Mais s’agit-il vraiment d’un accord de portée mineure?


Financement: budget de fonctionnement de 30 millions annuel payé avec les impôts suisses (hors travaux). La Confédération s’engage à financer intégralement la première phase du projet (jusqu’en mars 2024), ainsi que toute prolongation convenue entre les parties.


Droits: la propriété intellectuelle liée aux virus n’est pas définie. Elle dépendra d’accords futurs, toujours inconnus.


Responsabilité: Par son contenu, l’article 6 ainsi intitulé indique clairement qu’en cas d’accident, de fuite, de problème de biosécurité ou de sécurité au laboratoire de Spiez, la responsabilité incombe uniquement à la Suisse:


«Chaque Signataire est seul responsable de la manière dont il exerce sa part des activités prévues par le présent Mémorandum. Ainsi, un Signataire n’est pas responsable d'éventuelles pertes, accidents, dommages ou lésions subis ou causés par un autre Signataire ou par le personnel ou les sous-traitants de cet autre Signataire dans le cadre de la collaboration au titre du présent Mémorandum ou à la suite de celle-ci.»


Rien dans ce texte ne couvre la responsabilité en cas de problème survenant après que la Suisse aura transmis des pathogènes à potentiel pandémique ou leurs séquences à d’autres pays.


L’OMS, quant à elle, jouit de l’immunité sur le territoire Suisse, autant pour son personnel que pour les locaux.


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L’OMS, en tant qu’agence des Nations unies, bénéficie d’un statut privilégié. © site de la Confédération

Amendement de 2024


Cet amendement contient essentiellement deux modifications:


1.    L’ajout d’un paragraphe à l’article 2: «Les signataires ont une tolérance zéro envers toute forme d'inconduite sexuelle (un terme générique qui inclut l'exploitation sexuelle, les abus sexuels, le harcèlement sexuel et toutes les formes de comportements sexuel interdit), de harcèlement et d'autres types de conduite abusive. Les signataires se conformeront à leurs politiques respectives en matière d'éthique et de conduite professionnelle, de lutte contre la corruption, de harcèlement et de violence au travail.»


Un ajout hors sujet dans un texte qui devrait se consacrer à la biosécurité.


2.    «Le présent protocole d'accord restera en vigueur jusqu'au 31 mars 2027 et pourra être prolongé à cette date par accord écrit des signataires pour des périodes supplémentaires de trois ans.»


Le lecteur attentif qui est toujours en train de se demander ce que le paragraphe sur l’inconduite sexuelle fait là, étant donné que la loi suisse traite ce point, et pourquoi on ne se concentre pas sur la biosécurité remarque-t-il alors le discret paragraphe qui rend le provisoire… quasi définitif?


Une phase pilote déjà en cours


Le projet de partage des pathogènes est entré en phase de test pilote. Le site de l’OMS dédié liste un catalogue de 58 variants du SARS-CoV-2 et de 12 de la variole du singe (dernière mise à jour au 13 mars 2025) en tant que «Matériels biologiques à potentiel épidémique ou pandémique» (abréviation: BMEPP)


La page stipule qu’il s’agit d’une phase de test pour partage non commercial et explique qu’il faut remplir l’accord correspondant (PDF de 24 pages disponible sur le site). Et «Si vous souhaitez fournir ou demander des échantillons de SARS-CoV-2 au système BioHub de l'OMS, veuillez contacter biohub@who.int


Pendant la phase de test, le partage est limité au SARS-CoV-2, à des fins non commerciales, cette phase n’ayant pas pour but de générer des bénéfices matériels à partir des pathogènes. Il peut s’agir de partage de matériel biologique ou de séquences.


Le terme BMEPP inclut, sans limitation, les spécimens cliniques et les pathogènes cultivés, qu'ils soient de type sauvage ou modifié. Le Facility BioHub de l’OMS (comprenez le laboratoire de Spiez) est chargé de «recevoir, stocker, cultiver, séquencer et distribuer sur demande les BMEPP».


Qui peut obtenir ces BMEPP? Les États membres et dans le futur les «entités qualifiées»:


«Le Fournisseur garantit et déclare qu'il dispose de tous les droits, titres et autorisations nécessaires pour transférer le BMEPP conformément aux termes du présent contrat, et assume l'entière responsabilité de toute réclamation de tiers à cet égard, et indemnisera et dégagera l'OMS et le BioHub Facility de l'OMS de toute responsabilité pour toute réclamation y afférente. (…) Chaque partie est responsable de la manière dont elle exécute sa part des activités prévues dans le présent accord, et les autres parties ne sont pas responsables des activités d'une autre partie.»


La neutralité protège-t-elle aussi des virus? La Suisse est-elle prête à assumer ce genre de responsabilités?


Éventail des risques potentiels


Les techniques actuelles sont arrivées au point où l’on peut recréer un pathogène mortel à partir de sa séquence. Au vu du projet, comment garantir que cela ne tombera pas un jour dans des mains mal intentionnées dans quelque coin reculé de la planète, ou qu’un laboratoire peu fiable ne laissera pas fuiter un pathogène (accidentellement ou volontairement)?

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© Laboratoire de Spiez

Le schéma en 12 points sur la page de la Confédération explique au point 10: «Le BioHub télécharge la séquence génomique obtenue vers l'une des bases de données génomiques publiques. Les métadonnées sur le matériel d’échantillonnage, telles que le titre du virus, les conditions de culture, ainsi que la séquence du génome et les mutations critiques, sont transmises à l'OMS. L'OMS importe les données dans sa base de données interne et les mets à disposition du public.»


En clair, le BioHub (avec la complicité de la Suisse) transforme du matériel pathogène réel en données numériques diffusées mondialement.


Et, dans le contexte actuel, c’est un transfert de risque massif déguisé en bien public. En particulier dans les pays où l'on retrouve les facteurs aggravants suivants:


  • Géopolitique instable

  • Cybersécurité incertaine

  • Manque de contrôle démocratique

  • Absence de méthodes systématiques pour la gestion des risques


Travaux prévus à Spiez: un site vétuste


Huit ans de travaux sont prévus sur le site du laboratoire de Spiez, pour le remettre aux normes antisismiques. Dans le rapport annuel 2023, on peut lire: «Après plus de 40 ans d'utilisation, les bâtiments du Laboratoire de Spiez et diverses installations techniques sont vétustes et ne seront plus à la pointe de la technologie à long terme. Les conditions climatiques stables requises pour les travaux d'analyse de haute précision ne peuvent être garanties que difficilement dans l'enveloppe du bâtiment et les installations techniques existantes. 


«Le bâtiment ne répond plus aux exigences actuelles en matière d'efficacité énergétique et de sécurité sismique»

Les conduites de service (eau, air comprimé, électricité) et d'autres infrastructures techniques doivent être rénovées en raison de leur utilisation intensive pendant de nombreuses années. (…) La plupart des équipements de laboratoire (hottes, mobilier de laboratoire) ont également plus de 40 ans et doivent être remplacés. Enfin, le bâtiment ne répond plus aux exigences actuelles en matière d'efficacité énergétique et de sécurité sismique. (…) Le nouveau bâtiment doit s'intégrer dans les installations existantes. Cela concerne en particulier le laboratoire de sécurité chimique, le laboratoire de biosécurité, l'unité de réception des échantillons et les installations de l’armée. (…) La décision politique finale sur le financement nécessaire sera ensuite prise par le Parlement. Dans le meilleur des cas, la réalisation du projet de construction pourra commencer en 2027


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Source: Rapport annuel 2023 du laboratoire de Spiez

Des travaux sont prévus de 2025 à 2033, mais le BioHub est déjà en fonctionnement. Dans quel bâtiment exactement sont stockés les agents pathogènes? La question reste sans réponse, «pour des raisons de sécurité», nous dit-on.


Un projet mondial de manipulation et de partage de pathogènes est déjà en cours sur le sol suisse, sans transparence, sans accord parlementaire, dans des locaux vétustes, et sous la responsabilité exclusive de la Confédération.

4 Comments


si quelqu'un est motivé pour lancer une initiative demandant une votation là-dessus, je participe volontiers financièrement.

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Dévoilement d’une nouvelle violation du droit et de la démocratie par le Conseil fédéral, respectivement par les ci-devant ministres de la santé Alain Berset, artisan entre autres de la reconnaissance indue en 2015 du WEF en qualité d’organisation internationale, et de la défense Viola Amherd, artisane d’un foireux contrat d’achat d’avions de combat américains et suffragette hallucinée d’un rapprochement inapproprié avec l’OTAN. L’accord international de collaboration de 2021 avec l’OMS relatif au laboratoire des apprentis-sorciers de Spiez n’est pas de portée mineure au sens de l’article 7a al.4 de la Loi sur l’organisation du gouvernement et de l’administration du 21 mars 1997 ( LOGA ), le budget de fonctionnement annuel de ladite officine étant de CHF 30 millions à char…

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suzette.s
Jun 29

Hallucinant!

Comment répandre cette information ?

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N'hésite pas à la partager à tes contacts, chère Suzette :)

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