Jacques Baud sanctionné par Bruxelles: «Je n'ai jamais touché un centime de la Russie»
- Amèle Debey

- il y a 4 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours
C'est confirmé et publié dans le journal officiel de l'UE: l'ex-espion suisse Jacques Baud est sanctionné par Bruxelles pour propagande prorusse. Alors que ses comptes pourraient être gelés, l'ancien colonel ne comprend pas l'origine de cette décision.

Mise à jour du 15 décembre: C'est confirmé: l'ex-colonel suisse Jacques Baud est accusé, par l'Union européenne, de mener des activités déstabilisatrices au profit de la Russie.
Dans le document officiel, on peut notamment lire: «Jacques Baud est responsable de mettre en œuvre ou de soutenir des actions ou des politiques imputables au gouvernement de la Fédération de Russie qui compromettent ou menacent la stabilité ou la sécurité d’un pays tiers (l’Ukraine) en recourant à la manipulation de l’information et à l’ingérence.»
14 décembre 2025: «Les ambassadeurs de l'Union européenne ont décidé, le 10 décembre, de nouvelles sanctions contre la Russie, ajoutant plusieurs personnes et entités à sa vaste liste noire», peut-on lire sur le site de RadioFreeEurope. Jacques Baud, ancien colonel de l'armée suisse, est fiché pour avoir agi «comme porte-parole de la propagande prorusse et propagé des théories du complot, accusant par exemple l'Ukraine d'avoir orchestré sa propre invasion afin d'adhérer à l'OTAN».
«La décision de Bruxelles n’est toutefois pas encore officielle, et la porte-parole du Conseil européen ne l’a pas confirmée vendredi, écrit 24heures ce samedi matin. Notamment parce que faire des commentaires à ce sujet pourrait permettre aux personnes visées de "déplacer leurs avoirs" avant l’entrée en vigueur des mesures, le 15 décembre.»
Contacté par téléphone, Jacques Baud souligne le caractère arbitraire de ces sanctions, puisqu'il n'a «jamais touché un seul centime de la Russie», affirme-t-il, avant de s'interroger: «Qui est à blâmer entre celui qui prévient de la défaite de l'Ukraine et identifie les erreurs à corriger et celui qui ne fait rien pour éviter cette défaite?»
(Re)lire notre interview de Jacques Baud: «Si on écoutait les opposants à Poutine en Russie, Kiev aurait été rasée de la carte»
Comme il l'a répété à plusieurs reprises lors d'interviews – ici et ailleurs – Jacques Baud ne s'inspire, dans ses livres, que de sources ukrainiennes et américaines. Par exemple, rappelle-t-il, dans le cas de la «théorie du complot» mentionnée par RadioFreeEurope, selon laquelle l'Ukraine aurait orchestré sa propre invasion, il s'agissait en fait d'une interprétation des propos de Oleksey Arestovitch, ancien conseiller de Zelensky, qui a donné une interview au média ukrainien Apostrophe, en 2019. Voici un extrait de ce qu'il y disait:
«Le prix à payer pour rejoindre l'OTAN est très probablement un conflit ouvert avec la Russie: soit un conflit d'une ampleur supérieure à l'actuel, soit une série de conflits de ce type. Dans ce conflit, nous bénéficierons d'un soutien très actif de la part de l'Occident: armes, équipements, assistance, nouvelles sanctions contre la Russie et, fort probablement, le déploiement d'un contingent de l'OTAN, l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, etc. Autrement dit, nous ne perdrons pas, et c'est déjà une bonne chose.»
Lourdes conséquences
Les sanctions européennes visant les «responsables d’activités déstabilisatrices» – un champ qui inclut notamment la propagande au bénéfice de la Russie – ont été adoptées en octobre 2024. Elles reposent sur un triptyque classique: gel des avoirs, interdiction d’entrée dans l’Union européenne et interdiction de fournir, directement ou indirectement, des fonds ou ressources économiques aux personnes visées.
Dans ce cadre, Jacques Baud pourrait se retrouver particulièrement exposé. Retraité, installé à Bruxelles, il publie aujourd’hui principalement chez Max Milo, un éditeur français. En pratique, une inscription sur cette liste rendrait problématique, voire impossible, le versement de droits d’auteur dans l’UE. La Suisse, de son côté, ne reprend pas ces sanctions européennes liées aux «activités déstabilisatrices».









Bonjour,
C'est invraisemblable... Dingue.
Ayant lu plusieurs des ouvrages de M. Jacques Baud sur le thème "Ukraine-Russie", je suis estomaqué par les griefs formulés à son encontre.
Si la critique et le débat sont sains, par contre utiliser de tels détournements de propos ou d'écrits pour justifier des mesures aussi radicales dépasse l'entendement et le "common sense".
Nous entrons dans une nouvelle dimension du totalitarisme de l'UE.
Je vais écrire aux parlementaires fédéraux suisses membres de la Commission de politique extérieure.
Il y a quand même des limites que la Suisse doit fixer à l'UE. Au minimum protester officiellement contre ce genre de texte de l'UE.
Commencer à s'en prendre à des citoyens suisses parce que leurs opinions ne plaisent…
Jacques Baud n'a jamais été rayé du cadre des officiers, il est toujours colonel, (même si probablement libéré des obligations de servir).
Durant la seconde guerre mondiale, la Suisse romande était écoutée et appréciée d'un public international sur les ondes de la station de Sottens, grâce à la voix de René Payot, journaliste, rédacteur en chef puis directeur du Journal de Genève.
Par sa capacité d'analyse factuelle, son intégrité intellectuelle, sa subtilité rédactionnelle, il a su éclairer ses auditeurs chaque jour quant à une situation sur laquelle la censure et la propagande guerrière des tous côtés dispensaient un brouillard artificiel.
Il lui a fallu du courage, de la lucidité et de la grandeur d'âme pour s'exprimer clairement dans une telle…
Dommage que vous nous empêchez de partager avec nos amis non abonnés chez vous, des articles comme celui-ci. Le soutient à Jacques Baud doit être beaucoup plus large en Suisse. Le but de votre journal était de continuer le journalisme d'investigation , n'est-ce pas? Pourquoi nous empêcher de multiplier vos lecteurs qui sont des abonnés potentiels ? Vous gagnerez plus en popularité et en argent. Et Jacques Baud sera soutenu par beaucoup plus de personnes.
Je ne doute pas que Monsieur Jacques Baud, vu ses compétences et sa carrure, aura fait le nécessaire pour se protéger des manigances des dirigeants malfaisants de cette UE en perdition. Et j’espère que la Suisse ne lui fera pas le même affront.
Jusqu’à un passé récent, Monsieur Baud utilisait les publications provenant du « bon côté « . Cela lui a permis d’exprimer des opinions très critiques et pertinentes sans risque au vu des sources. Évidemment les propos en résultant étaient « édulcorés ».
Quand la langue de bois a cessé et que M Baud a enfin utilisé des mots vrais pour dénoncer le genocide à Gaza. J’ai pensé: Bravo! Et je pense que c’est cela qu’on ne pas laisser passer. Bon courage à M Baud, et de tout cœur avec lui.