Amèle Debey

14 mars 20234 Min

RTS: rupture de contrat pour les employés qui refusent de migrer à Lausanne

En 2026, le département de l’actualité de la RTS, actuellement situé à Genève, va migrer à Lausanne, sur le campus de l’EPFL, emboitant le pas aux bureaux actuellement situés à La Sallaz. Selon un document interne que L’Impertinent s’est procuré, les employés qui refusent le déménagement s’exposent à une rupture de contrat. Certains y voient un plan d'économie.

© RTS

Dès 2026, le journal de la RTS sera réalisé à partir de Lausanne. Le vieillissement des immeubles de La Sallaz ainsi que de plusieurs studios à Genève ont initié le projet Campus, qui verra migrer le département de l’actualité de la chaîne sur le site de l’EPFL. Tout comme ses activités radiophoniques un an plus tôt.

Les employés concernés (environ 850) seront tous prévenus lors du premier semestre 2023 de la modification de leur lieu de travail et un projet intitulé Moveo et chapeauté par les ressources humaines a été mis sur pied afin de s’assurer que tout se passe dans les meilleures conditions, si on en croit la RTS.

«Le projet Moveo est un projet d’accompagnement de toutes les personnes qui vont déménager sur notre site à Ecublens, explique Sophie Balbo, responsable de la communication au sein de l’entreprise. Dans une volonté de transparence, nous avons créé une petite brochure réunissant toutes les réponses aux questions que ces personnes peuvent se poser, tout ce à quoi elles ont droit, étant donné que le déménagement signifie une modification de contrat. Presque toutes les personnes basées à la Sallaz aujourd’hui, plus toutes une grande partie des personnes travaillant actuellement à l’actualité à Genève seront contractuellement basées à Ecublens.»

Une initiative bienvenue dans un contexte tendu. En effet, en janvier 2020, les employés concernés par le déménagement exprimaient leur inquiétude via une assemblée du personnel. Un an plus tôt, le personnel se déclarait déjà opposé au projet Campus via un sondage lancé par le syndicat suisse des mass média (SSM).

Rupture de contrat

Selon un document interne que L’Impertinent s’est procuré, les employés qui refuseront de déménager s’exposent à une rupture de contrat. Les conditions relatives à cet arrêt de collaboration varient en fonction du temps de trajet supplémentaire qu’ils auraient eu à faire et de leur âge:

© RTS

Sophie Balbo insiste, les employés qui changeront de lieu de travail «ont leur emploi garanti sur le nouveau site et peuvent donc choisir de poursuivre la collaboration ou de quitter l’entreprise»: «Tous les postes sont garantis, nous allons tout faire pour que tout le monde garde son emploi et c’est la raison pour laquelle nous prenons le temps, trois ans avant, d’étudier les situations individuelles, explique-t-elle. Mais nous sommes conscients qu’un déménagement comme celui-là a un impact sur la vie privée et comprenons si certains ne voudront pas poursuivre la collaboration. Nous avons tenu à ce cas de figure soit prévu dans le plan social négocié avec le syndicat et espérons que cela n’arrivera pas car la RTS tient à conserver tous ses talents.»

«Nous attendons des précisions de la part de la direction»

Selon le schéma, on peut lire que les employés âgés de plus de 58 ans qui refuseront le changement pourront partir en retraite anticipée. On y découvre également qu’une indemnité forfaitaire de 2000 à 4000 francs est prévue pour les salariés qui acceptent de déménager. Le tarif dépend de l’augmentation du trajet.

Si la mesure est parfaitement légale, on n'estime pas pour autant que le projet Moveo soit fait dans les règles du côté du SSM: «Le lieu de travail est un élément central du contrat de travail, explique Jamal Al-Amine, secrétaire syndical. Il y a dès lors l'obligation pour l'entreprise de changer les contrats et quand il y a une modification de contrat, cela s'appelle un congé modification, cela signifie que soit vous acceptez la modification, soit vous êtes licencié.»

Et d'ajouter: «Dans le cadre du déménagement à Ecublens, nous n’avons pas encore reçu la confirmation ferme que les employés RTS auraient les mêmes conditions que celles des employés SRF au moment du transfert à Zurich-Leutschenbach, comme par Pascal Crittin s’y était engagé. Sur cette question-là, nous attendons des précisions de la part de la direction».

Départs à prévoir?

Entre les Genevois et les frontaliers qui n’accepteront pas cette détérioration de leur temps de trajet, on peut imaginer que les équipes ne sortiront pas inchangées de ce déménagement. Cependant, les dégâts sont encore impossibles à chiffrer: «On ne sait pas combien de personnes pourraient être concernées, car les entretiens ont commencé au début de l’année, précise Sophie Balbo. Ils vont durer plusieurs mois. Nous aurons une idée plus claire au milieu de l’année.»

Or, si on en croit le SSM, «beaucoup de salarié-e-s ne pensent pas qu’il s’agisse 'que' d’un déménagement mais également d’un plan d’économie et de transformation des modes de travail qu’ils subiront.»

«Depuis 2019, des salarié-e-s nous font régulièrement part de leurs inquiétudes relativement à leur impossibilité à accepter le nouveau lieu de travail étant donné l’impact que cela a sur leur vie de privée et l’allongement des durées de trajets, selon Jamal Al-Amine. Il existe également de fortes inquiétudes relativement à l’avenir de certains métiers. Le SSM organisera vraisemblablement une assemblée du personnel d’ici la fin du premier semestre.»

L’Etat reprend la main

Quant à l’immeuble de La Sallaz, il a été racheté par l’Etat de Vaud qui a prévu de le rénover pour y installer les activités du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, ainsi que du Département des finances et relations extérieures, selon l’ATS.


Plus d’information concernant le projet Moveo et bien d’autres sujets à suivre dans notre enquête-bilan sur la RTS, à lire très bientôt sur L’Impertinent.

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