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Article rédigé par :

Amèle Debey

«Selon une étude», la plupart des études disent n’importe quoi

Dans un monde où on ne peut plus faire confiance à la recherche scientifique, quel sens a encore son relai dans les médias?

études
© Canva

C’est le nouveau «Ivre virgule». Désormais, lorsque l’on veut faire passer un message, on le fait précéder de la rengaine «selon une étude». Le fameux argument d’autorité, qui sous-entend que des scientifiques sérieux se sont penchés sur une question précise pour en extraire une réalité tangible.

 

Problème: pour quasiment toutes les études, on en trouve une autre qui dit le contraire. C’est d’ailleurs ce qui fait la force des experts en marketing sur internet, qui peuvent vous vendre à peu près n’importe quoi, puisque leur argumentaire sera toujours validé par telle ou telle étude.

 

C’est aussi ce qui rend le travail journalistique difficile. Comment accorder du crédit à l’étude la plus rigoureuse, sans un minimum de background scientifique? Celui-là même qui fait cruellement défaut dans la plupart des rédactions.

Résultat, nous sommes abreuvés d’articles pompeusement intitulés «Selon une étude,» sur tout et n’importe quoi. Avec très peu de précautions d'usage et de remise en contexte sur la méthodologie employée, afin de nous permettre d'évaluer le sérieux des données, puisqu'on ne peut manifestement plus compter sur la presse pour faire le tri en amont.

 

Dernièrement, l’AFP nous apprend donc que, «selon une étude, la pandémie de Covid n’a pas aggravé le niveau d’anxiété», en France. Surprise! Le journal L'Express présente l’article ainsi:

 


«La plupart des résultats publiés en science biomédicale sont faux»

Pr John Ioannidis

 

Toutes les études précédentes (ainsi que le bon sens) affirmaient rouge et en voici une nouvelle qui dit bleu. Cette dernière étant mise sur le même plan que les précédentes. Nous voici donc bien avancés.

 

En plus de dire tout et son contraire, les études les plus absurdes et inutiles se succèdent dans les médias. C’est à croire que l’on a affaire à un concours du titre le plus stupide. Un prix Ig Nobel a même été créé afin de récompenser les recherches les plus hasardeuses. Voici donc comment les budgets sont attribués. Dans un tel contexte, quelle crédibilité reste-t-il à l’expression consacrée «selon une étude»?

 

Si on en croit les recherches du célèbre John Ioannidis, «La plupart des résultats publiés en science biomédicale sont faux. Et plus il y a de pression pour publier, plus ce risque augmente.» Pour appuyer sa conclusion, le professeur avançait notamment les arguments des biais de publication, de la flexibilité des analyses, des pressions académiques et des conflits d’intérêt. À quoi sert-il donc de continuer à relayer tout et son contraire dans les médias?

 

Pendant ce temps, on manque encore d’études observationnelles sur l’immunité naturelle des individus, comme nous le relations dans un de nos précédents articles. Un titre qui aurait sans doute beaucoup moins de panache…

1 commentaire


Lou24
28 sept.

Oui, marre de lire les titres "Nous avons interrogé un expert..." ou "Selon le Pr. Machin, il y aurait eu une baisse de 50%..." sans qu'aucun chiffre précis soit avancé, sans qu'aucune source ne soit citée... c'est trop facile de prétendre n'importe quoi et oui il est évident que la plupart des journalistes "scientifiques" ne savent lire au mieux que les conclusions des études. Il est alors plus facile d'interroger un "expert" qui n'a probablement pas lu en entier et/ou ne sait pas non plus évaluer une étude...

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