Produits alimentaires: des rappels qui interpellent
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Article rédigé par :

Abdoulaye Penda Ndiaye

Produits alimentaires: des rappels qui interpellent

Une hausse des alertes concernant des produits alimentaires dangereux ou non conformes a été constatée, tant en Suisse que dans les pays de l’Union européenne. Faut-il y voir un signe de vigilance accrue ou un signal d’alarme?

rappels
© DR

En Suisse, les rappels de produits alimentaires et d’objets du quotidien se multiplient, suscitant interrogations et inquiétudes. De la merguez contaminée par des salmonelles au fromage de veau italien contenant un allergène non déclaré, en passant par des framboises surgelées au cadmium ou des gaufres de Liège avec des morceaux de plastique, les annonces de retraits s’enchaînent à un rythme soutenu.


Selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), les rappels alimentaires sont passés de 39 en 2022 à 73 en 2023, avec 44 rappels et 16 mises en garde publiques pour les denrées alimentaires en 2024. En 2025, les premières tendances laissent présager une année record, avec une vingtaine de cas rien qu’en mars.


Diversité de risques


Les données de l’OSAV révèlent que les contaminations par des microorganismes pathogènes

dominent, avec des bactéries comme la listéria, les salmonelles et autres agents microbiens en tête. Les mycotoxines, substances toxiques produites par des champignons, arrivent en deuxième position, suivies par les allergènes non déclarés (sulfites, gluten, œuf, noix). D’autres motifs incluent des corps étrangers (plastique, métal) ou des substances chimiques comme les alcaloïdes pyrrolizidiniques (ex.: origan séché) et le cadmium (framboises surgelées).


Ces chiffres reflètent une vigilance accrue face à des risques variés, allant des contaminations biologiques aux erreurs d’étiquetage. Face à cette tendance, également observée dans l’Union européenne, faut-il craindre une dégradation de la sécurité alimentaire ou, au contraire, saluer une meilleure détection des risques? «Nous ne disposons pas de chiffres permettant d’affirmer qu’il y a une hausse des incidents nécessitant des rappels, explique Rebecca Eggenberger, responsable du secteur alimentation et prévention à la Fédération romande des consommateurs, dans une déclaration à L’Impertinent. Il faut souligner que ces rappels sont davantage visibles, ce qui est positif. Il est essentiel que les consommateurs soient informés rapidement et clairement en cas de problème. Par ailleurs, le lancement du site et de l’application RecallSwiss par les autorités fédérales a permis de mieux mettre en lumière ces cas. Cependant, sa notoriété reste malheureusement limitée».


Le réseau d’alerte et de coopération (ACN) de la Commission européenne a constaté une augmentation de 8% des rappels de produits alimentaires en 2024. Selon sa directrice générale, Sandra Gallina, cela résulte de progrès significatifs en matière de sécurité alimentaire. En revanche, une organisation comme Foodwatch attribue cette hausse à une dégradation de la sécurité alimentaire, due à des chaînes d’approvisionnement complexes et à des contrôles insuffisants. Les autorités helvétiques, quant à elles, insistent: la hausse des rappels en Suisse ne traduit pas une détérioration de la sécurité alimentaire, mais une meilleure détection et une communication accrue des risques.


Pour les consommateurs, la récurrence des rappels a un effet à double tranchant. Elle témoigne de l’efficacité des systèmes de détection, mais soulève une question légitime: combien de produits défectueux passent entre les mailles du filet?


Système d’alerte cantonal, fédéral et international


encadré

Lorsqu’une entreprise suisse commercialise une denrée alimentaire ou un objet usuel dangereux pour la santé ou non conforme, elle est tenue de le retirer immédiatement du marché et de procéder à un rappel.


Elle doit également en informer l’autorité cantonale compétente en matière de législation alimentaire, qui relaie l’information à l’OSAV. Un rappel peut, par exemple, prendre la forme d’une affiche au point de vente ou être diffusé via d’autres supports, comme les réseaux sociaux de l’entreprise.


Les géants de la distribution, Migros et Coop, publient leurs rappels en ligne et en magasin, souvent accompagnés de remboursements. Les annonces de rappel sont également disponibles sur le site de l’OSAV et sur l’application RecallSwiss.


Les mises en garde de l’OSAV interviennent lorsqu’un produit dangereux a déjà été vendu aux consommateurs. Elles sont diffusées par communiqué de presse, annonces sur X (anciennement Twitter), sur le site de l’OSAV et via l’application RecallSwiss. Une mise en garde publique ne dispense pas l’entreprise de son obligation de procéder à un rappel. Selon l'Ordonnance fédérale sur les denrées alimentaires et les objets usuels (ODAlOUs), «les denrées alimentaires ou les objets usuels qui ne répondent pas aux exigences doivent être rendus conformes, détruits ou utilisés à d’autres fins, de manière à exclure tout danger pour la santé».


Cela indique explicitement que rendre un produit conforme (par exemple, en corrigeant l'étiquetage) permet de le remettre sur le marché, à condition que cela élimine tout risque sanitaire.


Par ailleurs, la Suisse est intégrée au système européen d’alerte rapide RASFF, ce qui lui permet d’échanger avec les États membres de l’UE pour prévenir ou gérer des crises internationales liées à la sécurité alimentaire.

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