Brigitte et les idiots utiles de la Macronie
- Amèle Debey

 - il y a 2 jours
 - 4 min de lecture
 
Quand on pensait qu’on ne pouvait pas tomber plus bas, voilà la France sommée de prouver que la Première dame n’est pas un homme. Le plus grave? Cette bouffonnerie sert déjà l’Élysée, ravi de brandir l’épouvantail des réseaux pour serrer un peu plus la vis du «désordre numérique». Vous avez dit opposition contrôlée?

Le scénar’ est digne d’un mauvais film hollywoodien: une medium autoproclamée s’allie à une gratte-papier anonyme pour décréter que la femme du président français serait en fait un homme. Un journaliste aux penchants d’extrême droite assumés sort une pseudo «enquête», sans la moindre preuve tangible, récupérée ensuite par une influenceuse américaine créationniste qui monte une machine à cash autour d’une rumeur sordide devenue argument de déstabilisation politique.
Quelques millions de vues plus tard, l’affaire prend des proportions proprement délirantes: onze personnes sont poursuivies pour cyberharcèlement en France et une plainte pour diffamation est en cours aux Etats-Unis. Le dossier devrait contenir des «éléments scientifiques».
Finalement, c'est encore l'avocat suspendu Juan Branco qui résume le mieux cette affaire:
«On a quand même un dirigeant politique qui termine sa carrière en faisant arrêter des citoyens pour prouver que sa femme n'est pas un homme. La victime, c'est lui»
«Il suffirait que Brigitte montre une photo d’elle enceinte ou qu’elle fasse un test ADN pour que la rumeur s’arrête», entend-on ici et là. Ces éléments suffiraient-ils à convaincre Candace Owens? On parle ici d’une femme qui croit que les dinosaures n’ont jamais existé et que Elon Musk, Sam Altman et Peter Thiel sont en fait des «hybrides». J’ai bien peur qu’on ait dépassé le cap de la réflexion rationnelle depuis un petit moment…

À L’Impertinent, on avait décidé d’ignorer cette idiotie, tant elle détourne du seul vrai sujet: l’opacité, les angles morts et les rapports de pouvoir autour du couple présidentiel, né d’un détournement de mineur. La réalité est déjà assez glauque, pas besoin d’introduire des fantasmes pour interroger la morale publique. Surtout quand l’hypothèse d’une opération d’opposition contrôlée flotte dans l’air: fabriquer un faux si grotesque qu’il disqualifie toute critique sérieuse par contagion. Sur le plan du grotesque, on peut difficilement faire pire.
D’un extrême à l’autre
Tandis que les «harceleurs» de sa femme se défendaient au tribunal, Emmanuel Macron en a profité pour dénoncer la «prolifération des mensonges» et remettre une pièce dans la machine de la «responsabilité» des plateformes gangrénées, selon lui, par l'extrême droite. Un des problèmes évoqués: les internautes ne trient pas les informations comme le font les médias. Vieille antienne: chaque emballement sert de marchepied pour réclamer plus de filtrage, plus de «modération proactive». En un mot: plus de censure. À force de vouloir un «ordre public numérique», on finit surtout par étendre la police des conversations.
«Nous allons porter un agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe (...) pour lutter contre l'innovation au service des lumières noires»
Rappelons, à toutes fins utiles, que c'est la loi Schiappa qui vient renforcer le texte contre le cyberharcèlement, pour le harcèlement en meute en ligne (plusieurs personnes agissant de concert), avec peines aggravées, en août 2018.
Nos autorités se plaignent des conséquences qu’elles ont contribué à créer: communication infantilisante pendant le Covid, décisions erratiques, confinement forcé qui a accentué le repli sur soi et le communautarisme sur le Net. Tout cela a fracturé la confiance. Ajoutez la soumission médiatique – ces plateaux qui bêlent à l’unisson – et une partie du public conclut que «la vérité est ailleurs». Je le vois tous les jours: persuadés que les médias n’informent plus, beaucoup se rabattent sur des canaux «alternatifs», dont les propriétaires ne prennent pas toujours la peine de s’astreindre aux règles journalistiques de base, comme la vérification des faits. Résultat: on désapprend à distinguer le faux du vrai.
«Le temps d’exposition aux réseaux sociaux s’est accru pendant la période Covid et après»
Oui, et à qui la faute?
À qui profite la farce?
C'est indéniable, les plateformes carburent à l’indignation: l’audience se monétise, donc la «révélation» la plus outrancière, la déclaration qui déclenche la plus forte émotion gagne. On est piégés dans la course au clic. Les publications qui parient sur l’enquête et la nuance – comme L’Impertinent – partent donc avec un boulet au pied.
Ces rumeurs ne sont pas seulement stupides. Elles abusent de la crédulité de personnes démunies, en pulvérisant au passage le sens même du mot «journalisme». En plus d'être misogynes et gérontophobes, elles offrent une aubaine politique: l’affaire permet au pouvoir de se poser en rempart contre le chaos numérique. On connaît la suite: commissions, rapports, «chartes», puis contraintes bien réelles – interdictions de certaines plateformes, déréférencement express, obligations de moyens qui deviennent des obligations de résultat… et une marge d’erreur qui, curieusement, tombe toujours du même côté.
«Si une plateforme ne nous garantit pas qu'elle supprime les faux comptes, elle doit être interdite elle-même»
La Macronie a trouvé ses idiots utiles: ceux qui fabriquent des rumeurs pour lui servir de caution sécuritaire. Gare à l’écran de fumée qui, au nom de la lutte contre les fake news, autorise la mise au pas des espaces de parole.




Bonjour,
Je ne suis pas du tout d'accord avec cette prise de position. Il faut faire attention à ne pas insulter votre lectorat qui peut se poser des questions légitimes.
Le premier scandale évident dans le couple Macron est la question des âges, et du rapport entre eux dans le cadre prof-elève.
Il y a eu toute une campagne médiatique pour faire passer cela pour "moderne", acceptable, désirable, etc... il y a aussi eu des mensonges évidents concernant ces âges, afin d'éviter que le grand public ne remarque que ce cas relève de la pédophilie.
Ensuite, j' ai l' impression en lisant ceci que vous n'avez pas lu "becoming Brigitte", ni écouté Candace Owens.
Il y a des éléments de…