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Article rédigé par :

Amèle Debey

Redevance télé: l’opération sauvetage de la RTS a commencé

La radio-télévision suisse (RTS) pourrait voir ses subventions fondre au soleil l'année prochaine. Mais le service public peut compter sur le soutien des médias privés pour amener le bon peuple à rejeter l’initiative qui veut abaisser la redevance. Reste à savoir comment.

rts
© A.D

L’année prochaine, le peuple suisse va devoir se prononcer sur une coupe massive de la redevance radio-télévision, actuellement fixée à 335 francs par an. Une initiative populaire – soutenue par l’UDC – estime en effet que «200 francs, ça suffit!». La RTS et plus généralement la SSR, sa maison mère, vont donc devoir partir en campagne afin de convaincre le quidam de la pertinence du service public tel qu’il est proposé actuellement. Puisqu’une baisse de la redevance est déjà prévue à 300 francs d’ici à 2029, à la suite d'une décision du Conseil fédéral.

 

On se souvient qu’en 2018, la question de la suppression complète avait déjà été soumise au peuple, via l’initiative No Billag, largement rejetée (à 71,6%). Seulement cette fois, la proposition est moins radicale et la grogne d’une partie de la population contre son service public n’a fait qu’augmenter ces dernières années, en particulier depuis la crise Covid.

 

Dans son combat contre l’initiative «200 francs ça suffit!», la RTS ne sera pas seule. Elle pourra compter sur le soutien des principaux médias du pays. En effet, en mai dernier, un deal dont les termes exacts sont encore inconnus a été passé entre la SSR et l’association des éditeurs alémaniques (VSM). En échange de tout un tas de concessions pour limiter ses activités en ligne, le service public s’assure du rejet des éditeurs de l’initiative sur la redevance.


Qu'est-ce que cela implique concrètement?

 

Cet accord n’a pas encore été rendu public, car il doit d’abord être validé par le Secrétariat de la Commission de la concurrence (COMCO). Mais, selon la directrice du VSM, Pia Guggenbühl, «l'indépendance éditoriale de toutes les parties est garantie à tout moment et ne fait pas partie de l'accord». Elle ajoute cependant: «le VSM veillera à ce que les membres de notre association adoptent également une position négative» à l'égard de l'initiative. Un positionnement un peu confus, auquel l'éditeur Tamedia a d'ailleurs refusé de participer.


S'il va falloir attendre pour savoir exactement de quoi il en retourne dans les détails, on sait déjà que cet accord constitue une victoire importante pour les éditeurs alémaniques, qui se battaient contre le service public depuis de longues années au sujet de la concurrence en ligne. D'ailleurs, le syndicat des médias (SSM) voit ce deal comme une capitulation: «Les concessions de la SSR pèsent lourd face aux avantages considérables que l’accord apporte aux éditeurs privés, écrit-il sur son site internet. Au prétexte de renforcer la diversité des médias, la SSR a cédé de sa propre initiative et sans pression politique ou sociale à des exigences essentielles des éditeurs, qui étaient sur la table depuis des années.»


Une couverture indépendante?


Les rédactions ont-elles donné des consignes à leurs journalistes pour aller dans le sens du «non» à l'objet de votation? Pas si on en croit les services communication de Ringier et de CH media, que nous avons interrogés. Tous deux étant affiliés au VSM.


«Les rédactions du groupe Ringier travaillent en toute indépendance. Nos journalistes ne sont pas tenus de prendre position, ni en faveur ni contre une initiative ou une position politique spécifique, nous explique-t-on d'un côté. Leurs contributions éditoriales, y compris les commentaires, reposent sur la liberté journalistique, la recherche et l'évaluation individuelle.»


Même position pour CH media: «Nos rédactions travaillent de manière journalistique et indépendante. Par conséquent, cet accord n'affectera pas notre couverture médiatique. Comme il est de coutume lors des référendums, nous rendrons compte de cette initiative de manière contradictoire et examinerons les arguments des partisans et des opposants.»


Pourtant, les deux derniers articles sur ce sujet publiés dans Blick (Ringier) et watson (CH media) semblent bien aller dans un certain sens. Le premier est une interview d'un directeur de la RTS combatif, qui a largement l'espace de nous expliquer pourquoi il faut rejeter cette proposition. Le second est l'interview d'un «expert» qui nous prévient qu'accepter l'initiative «serait fatal».


Ces deux médias, qui ont publié des articles critiques sur la SSR par le passé, vont-ils changer d'inclinaison? Car, si ce n'est pas par une couverture médiatique orientée, comment donc pourrait se traduire le soutien des éditeurs? En particulier lorsqu'il est aussi cher payé?


Le pouvoir de l'autocensure

 

Peut-on imaginer, dans un monde post-Covid, que des journalistes, dont les dirigeants ont signé un pacte de non-agression avec une entreprise, ne vont pas s’autocensurer lorsqu’il s’agira de traiter des sujets concernant ladite entreprise? Peut-on vraiment croire que ce deal n’aura aucun impact – même inconscient – sur les membres de la rédaction?

 

D'ici à la votation, il faudra donc ouvrir l'œil et affuter son esprit critique pour discerner l'information du prosélytisme. Car l'espoir d'un débat équilibré – garant du bon fonctionnement d'une démocratie saine – semble, une fois encore, bien menacé.

1 comentário


tfarjon
tfarjon
il y a un jour

La redevance? Je ne l'ai JAMAIS payée, je l'ai TOUJOURS contestée, et je ne suis pas prêt a changer d'avis! Je ne consomme pas. je paye pas! Que la RTSocialiste aille se faire voir avec sa propagande a 2 balles et demi!

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