Amèle Debey

22 déc. 202014 Min

Vaccin: loi du silence pour l'illusion du Graal

Mis à jour : mars 29

Les mesures de précaution entourant la crise Covid-19, et leur lot d’entraves aux libertés individuelles, nous font désormais attendre le vaccin comme la clé de notre délivrance. Avec, en toile de fond, l'espoir sans doute illusoire de retrouver une vie «normale». Alors qu’il semble naturel, voire instinctif de se méfier des vaccins – qui sont par essence une maladie qu’on nous inocule afin d’apprendre à notre corps à s'en défendre – il est plus que jamais inconvenant de douter. L’heure n’est plus à la remise en question de l’utilité de la vaccination, même face à la faible létalité du Covid. Les vaccinosceptiques, pour la grande majorité modérés, sont plus que jamais invités à se taire. Sous peine d’être accusés de mise en danger de la vie d’autrui. Quels sont donc leurs arguments? Nous le leur avons demandé.

© BioNTech

En 2019, l’OMS a classé «l'hésitation à vacciner» parmi les dix menaces de santé publique. Aujourd'hui, alors que l'on attend des progrès de la science qu'ils nous délivrent de la crise, il est plus que jamais malvenu de remettre en doute la légitimité des vaccins en général et de celui contre le Covid en particulier. Tout scepticisme est accueilli avec agressivité, ou condescendance. La polarisation du débat s'est cristallisée à son apogée, principalement motivée par l'idée, soutenue par l'OMS, que les opposants au vaccin représentent un danger pour la population.

Or, pour l'instant, la situation est loin d'être aussi simple: «Aujourd’hui, on ne sait pas encore si le vaccin arrête la transmission. Il a un bénéfice individuel, explique le pédiatre Alessandro Diana, expert d’Infovac et chargé d’enseignement à l’Université de Genève. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il protège l’individu des complications. Et c’est ce qu’on veut: éviter que les gens aillent à l’hôpital dans un même laps de temps et atténuer la mortalité.»

«Cette vaccination ne devrait pas concerner tout le monde»

Le médecin va même plus loin et affirme que les personnes qui ne sont pas à risque ne devraient pas se faire vacciner si elles ne le souhaitent pas. «Aujourd’hui, cette vaccination ne devrait pas être pour tout le monde. On sait que ce ne sont pas les jeunes qui sont les plus à risque. Dès que ce sera possible, ma mère se fera vacciner et pas ma fille, par exemple. Parce qu’elle est jeune et peut se permettre d’attendre, contrairement à ma mère, qui a des chances de succomber à une infection.»

Une seule voie

Samedi 14 novembre 2020, le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service maladies infectieuses d’un hôpital du Val-de-Marne nous explique, dans le 20h de France 2, que si on a réussi à trouver un vaccin en quelques mois, c’est parce qu’on connaît très bien ce virus et qu’on était préparé. Un discours à l’exact opposé de la version donnée depuis le début de l’année, pour justifier les nombreuses erreurs gouvernementales, mais qui n’a pas fait sourciller Laurent Delahousse. Désormais, le vaccin est là et c’est une bonne nouvelle. Inutile de s’embarrasser avec les incohérences. Y compris celles qui alimentent les doutes. Il s'agit d'aller vite. Certains pays, comme la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada, sont les premiers à lancer la machine et font désormais office de cobayes pour le reste du monde. Le désormais fameux principe de précaution, au nom duquel la plupart des décisions liberticides ont été prises cette année, ne semble pas s'appliquer à la vaccination.

Les vaccins Covid ont bénéficié d’un processus de mise sur le marché accéléré, notamment permis par le fait qu’aucun autre traitement n’était disponible et surtout pas l’hydroxychloroquine, qui, malgré ses bons résultats, n’a pas joui de la même indulgence. Selon nos informations, c'est désormais l'Ivermectine, un médicament contre la gale, qui vaut aux médecins hospitaliers qui la prescrivent des remontrances de leur hiérarchie. Peu importe ses résultats.

Swissmedic a approuvé le vaccin de Pfizer et BioNTech le 19 décembre, le qualifiant de «sûr et efficace». Sur quoi se basent-ils pour affirmer que le vaccin est sans danger? Les journalistes ne se sont pas embarrassés de leur poser la question. La validation a été accueillie avec soulagement dans les médias publics. Les doutes sont désormais l'apanage des complotistes.

Dès l’apparition de la pandémie en Europe, il semblait convenu que seul un vaccin pourrait nous sortir de cette catastrophe sanitaire. Au fil des mois, et des mesures liberticides, il est devenu davantage question d’une injection pour la liberté, plutôt que contre le virus. Ce qui soulève tout un tas d’interrogations philosophiques.

Nombreuses inconnues

Le SARS-Cov2 est un virus respiratoire mutant. Impossible de savoir, à ce jour, s’il convient d'envisager des rappels annuels, comme c'est le cas pour la grippe, mais c'est probable: «Ce n’est pas exclu qu'au fil du temps, on puisse constater des mutations majeures, concède Alessandro Diana, mais avec la récente technologie des vaccins ARNm, qui va instruire à notre propre cellule à faire la protéine que l’on veut, la protéine ‘Spike’, il suffira d’en changer le code. Pour l’instant, on n’a pas la preuve d’une mutation qui modifierait l’immunité et surtout, on ne sait pas encore combien de temps elle durera.»

Si cette nouvelle technique n’impliquerait pas de modification de notre génome, contrairement aux craintes abondamment relayées sur internet, sa légitimité continue à faire polémique, y compris chez les scientifiques. «Le risque vaccinal me semble actuellement insuffisamment établi, estime Christophe de Brouwer, ancien président de l'École de Santé publique à l’Université libre de Bruxelles. On a l’impression qu’on envoie en première ligne, une fois de plus, nos vieilles et nos vieux (les soi-disant prioritaires: ils l’auront été pour tout). Véritables chairs à canon dans cette crise sociopolitique qui n’en finit pas.»

«La question centrale est celle de la confiance»

Ce médecin s’interroge également, dans un post depuis supprimé par Facebook (nous y reviendrons plus bas), sur l’intérêt de vacciner contre un virus qui mute: «Les rechutes de Covid-19 ont été observées, avec les nouvelles souches, chez des personnes atteintes par l’ancienne, ce qui montre que l’immunité acquise avec l’ancienne n’est que partielle, affirme-t-il. Personne ne peut prédire si de nouvelles souches (nouvelles mutations) produiront une nouvelle poussée épidémique de SARS-Cov-2, ni si l’immunité acquise ancienne sera suffisante.»

Dans un texte publié, entre autres, sur Agoravox, l'anthropologue Jacques Pollini, chercheur associé à l'Université Mc Gill de Montréal, résume la problématique: «Tout argument en faveur des vaccins COVID-19, entendu dans les médias, les instances de décisions, ou les réseaux sociaux, qui consisterait à invoquer des arguments techniques ou scientifiques pour nous convaincre que ces vaccins sont sûrs, est donc hors sujet car la question centrale est celle de la confiance, qui est perdue et pour de bonnes raisons. (...) Depuis dix mois, notre gouvernement a fait preuve d’une incompétence totale dans cette épidémie, son conseil scientifique se montrant anti-scientifique en niant ou ignorant les acquis de la science. Et parce que les algorithmes des réseaux sociaux et les 'fact-checkers' sont devenus des instruments de censure et de propagande qui maintiennent nos administrations et nos médias dans le déni des faits rapportés par la science.»

Les arguments des vaccinosceptiques

Attention, ne les qualifiez pas d’antivax! Parmi les sceptiques que j’ai interrogés, tous réfutent ce raccourci. Il n’est pas question, selon eux, d’être pour ou contre le principe du vaccin, ni de remettre en question son efficacité dans la lutte contre les épidémies. Il s’agit de faire du cas par cas. Selon Le Temps, on estime que les militants antivaccins «représentent seulement 2% de la population dans les pays occidentaux. Mais jusqu’à 30% de la population est hésitante ou reporte la prise d’un vaccin.»

Sophie*, par exemple, estime que l’on est un peu trop prompt à se tourner vers la vaccination, quand d’autres médicaments moins intrusifs peuvent être tout aussi efficaces. «Ma position est la liberté de choix et la responsabilité de chacun de se renseigner, dit-elle. Je ne vaccine pas mes enfants, non par peur des effets secondaires, mais par confiance en notre corps et en sa capacité naturelle à la santé. C'est clair que l’obligation vaccinale d’un pays pèsera dans ma décision d'y aller ou pas.»

Diane*, elle, est gênée par «l’absence de neutralité» sur la question. «On prête à la vaccination l’éradication des maladies, alors que les dates correspondent aux progrès réalisés sur le plan de l’hygiène». La distinction faite par les pédiatres entre les vaccins «facultatifs» et les autres induit, à ses yeux, le sentiment d’une obligation officieuse. Elle déplore également les courriers scolaires qui incitent les parents à faire vacciner leurs enfants. Sa position, elle préfère la taire, par peur de se voir discriminer par ses pairs.

«Les effets secondaires sont mal connus, voire carrément ignorés»

Pour Jean*, «la quantité de métaux lourds et autres produits toxiques qui s'y trouvent, à des doses dépassant allègrement les recommandations de l'OMS», pose problème. «En plus, on trouve maintenant des nanoparticules dans les vaccins, toujours en tant qu'adjuvants, explique-t-il. On ne connaît pas vraiment les effets de ces dernières sur le long terme.» Jean s’inquiète également des effets secondaires «en général mal connus, voire carrément ignorés». Concernant celui du Covid, il doute des chiffres annoncés par les labos, se méfie de la nouvelle technologie à ARN messager et trouve suspect que l’on prenne un tel risque en regard du faible taux de létalité du virus.

Sandra* est assistante en pharmacie. Elle a travaillé 15 ans en officine et à l’hôpital. «J’ai toujours été convaincue par les vaccins, bien que le sujet n’ait fait l’objet que d’une seule leçon lors de ma formation, explique-t-elle. C’est d’ailleurs le même problème pour les médecins et les pharmaciens: le thème de la vaccination est très peu développé.» Sandra fait donc vacciner ses premiers enfants, avant de porter un regard progressivement plus critique sur cette pratique: «En 2009, j’ai eu une première remise en question lors de ma grossesse. Il était officiellement conseillé aux femmes enceintes de plus de trois mois de se faire vacciner contre la grippe H1N1!? Quand on sait que tout passe la barrière du placenta... c’est étonnant!»

«Les vaccins doivent être étudiés pour chaque enfant au CAS par CAS»

Sandra se fait vacciner «une dernière fois» en 2014, à contrecœur, lors de son engagement au CHUV. «Cela correspond aussi à une prise de conscience personnelle et familiale sur notre alimentation et notre consommation en général.» En 2015, alors enceinte de sa fille, Sandra étudie les maladies une par une, afin de se préparer à ce que son bébé «les fasse naturellement». Elle raconte: «J’ai réalisé que la plupart sont dangereuses uniquement lorsque l’enfant a moins de 12 mois. Donc l’allaitement a été prolongé jusqu’à ces 12 mois.» Elle conclut: «Les vaccins doivent être étudiés pour chaque enfant au CAS par CAS en évaluant le bénéfice/risque!»

Anne* évoque les mêmes arguments: l’aluminium, le formaldéhyde cancérigène et autres composants du vaccin qui sont sources d’allergies. «La valence coqueluche par exemple, utilisée depuis plus de 20 ans dans la recherche pour simuler des états allergiques et développer des médicaments antiallergiques», narre-t-elle. Anne estime que les effets secondaires graves sont minimisés: «Pour exemple, je citerais le cas des 1965 enfants qui ont reçu MMRVAXPRO. Au cours des études cliniques, des effets indésirables ont été observés chez 1940 d’entre eux. Seuls 25 enfants n'ont donc présenté aucun effet secondaire (source: compendium.ch). On est loin des 1% souvent cités.»

«On peut aussi évoquer la souche Urabe Am9 dans le vaccin ROR (rougeole/oreillons/rubéole), continue-t-elle, avec laquelle le risque de méningite s'est révélé de 1 sur 11’000 à 1 sur 4000 doses de vaccin, selon les études! Enfin, je citerai la prétendue efficacité vaccinale douteuse lors de l'épidémie suisse d'oreillons de 1999/2001. 75% des patients ont été vaccinés, conformément à la réglementation. Mais selon l'Office fédéral de la santé publique, 60 à 70% des oreillons ont touché les personnes vaccinées. La Cochrane (regroupement de recherches scientifiques le plus réputé, associé à L’OMS) avoue, dans son étude de 2012, n'avoir 'identifié aucune étude évaluant l'efficacité du vaccin ROR contre la rubéole clinique ou confirmée en laboratoire’.»

La victoire des fake news?

Alessandro Diana, très présent dans les médias depuis le début de la crise, a tenu à remettre certaines pendules à l’heure. Il estime par exemple que l’on fait un faux procès à l’aluminium: «C’est une question de dosage, tonne-t-il. On a jusqu’à 200-400 fois plus d’aluminium dans notre nourriture que dans un vaccin, sans parler des tatouages qui contiennent également d'autres métaux lourds. Il n’y a aucune preuve de la toxicité de l’aluminium contenu dans le vaccin, c’est une légende urbaine. Un biais cognitif.»

Selon ce praticien genevois, le véritable ennemi du vaccin est la désinformation, qui circule six fois plus vite que la véritable info. Celle qui affirme que les pédiatres auraient un gain financier à la vaccination, par exemple: «C’est faux. On rentre juste dans nos frais, explique-t-il. La marge est quasi inexistante.» Il tempère également l'intérêt financier des laboratoires pharmaceutiques: «La marge sur les vaccins ne représente pas les plus grands bénéfices. Contrairement au domaine du cardiovasculaire, à l’oncologie et à la dysfonction érectile.»

Concernant le triple vaccin coqueluche, diphtérie tétanos, administré aux touts petits, Alessandro Diana reconnaît que la pratique sert avant tout à faciliter le travail des pédiatres. Les vaccins polyvalents permettent en effet de faire deux piqûres au lieu de sept, sur des enfants qui ont souvent l'aiguille en horreur. Le médecin concède que les vaccins monovalents sont utiles auprès des parents vaccinohésitants. «Le fait de faire un seul vaccin peut rassurer. Cela permet d’aller dans leur sens et leur laisse la possibilité de reprendre confiance», explique le pédiatre.

Loin du consensus médical

Si le vaccin représente une avancée médicale indéniable, il est parfois victime de son succès. Les maladies qu’il a permis d’éradiquer n’étant, de fait, plus des menaces, on a tendance à oublier plus facilement les bienfaits de cette technique. Cela dit, l'efficacité de la vaccination est loin de faire consensus au sein du corps médical. Un groupement de réflexion sur les vaccins, constitué de médecins (généralistes ou pédiatres) et homéopathes a rédigé le fascicule intitulé Qui aime bien, vaccine peu!, dans lequel il déplore notamment que les vaccins «échappent aux études comparatives entre malades traités et malades témoins non traités, ou traités autrement».

Interrogé sur cette omerta, le docteur Jean-Paul Ecklin fournit des explications au nom du groupe: «On en revient à la conviction médicale puissante que les vaccins sont sûrs, efficaces, cumulables et qu’ils sont à l’origine de la disparition des grandes épidémies. Quasiment tous les articles traitant du sujet commencent par cette affirmation, sans que personne n’ose la mettre en cause, affirme-t-il. Le sujet devient tabou.

De plus, cette conviction ne pousse pas le médecin vaccinateur à reconnaître et à déclarer aisément un effet indésirable constaté chez son patient, alors qu’il n'aspire qu'à protéger sa santé. En général, une ‘coïncidence’ sera évoquée et la déclaration officielle (administrativement ennuyeuse) sera évitée. D'où la sous-déclaration des effets secondaires vaccinaux, largement admise. Enfin, suivant le temps écoulé entre l'injection suspecte et le début des symptômes, prouver que le vaccin en est le fautif reste souvent compliqué.»

Car, si les laboratoires ne sont pas déchargés de toute responsabilité en cas d’effet secondaire, comme cela a pu être relayé sur les réseaux sociaux, il n'en reste pas moins qu’il sera difficile de faire le lien entre la vaccination et une maladie qui surgirait des années plus tard.

Dans son ouvrage, le groupe médical affirme également que «les agences nationales chargées d’analyser les déclarations dépendent des subsides des laboratoires pharmaceutiques». Selon lui, les pharmas influencent également les médias afin de «convaincre la population – et les médecins – que certaines maladies seraient moins bénignes qu’on ne l’avait cru.» Il y aurait également une corrélation possible entre la vaccination et l’augmentation des cancers et des allergies: «Ce lien est peu ou pas étudié, car probablement trop subversif, explique le docteur Ecklin. Un chercheur qui s'y risquerait compromettrait sa carrière. Il y a donc censure en la matière comme dans les publications critiques des vaccins.»

Une confiance aveugle?

Durant la pandémie de cette année, une large campagne médiatique, notamment soutenue par l’OFSP, a invité les gens de plus de 65 ans à se faire vacciner contre la grippe. La Fondation suisse de cardiologie a notamment publié l’interview de Giovanni Pedrazzini, médecin-chef au Cardiocentro Ticino, à Lugano, qui estimait indispensable de requérir à ce vaccin en pleine épidémie de Covid, pour deux raisons: «Premièrement, si les deux vagues se déploient simultanément, il y a un risque que nos capacités hospitalières soient prises d’assaut, selon ce spécialiste. Nous ne pourrions alors probablement plus assurer une prise en charge optimale des patients. En se faisant vacciner, on protège donc le personnel médical. Deuxièmement, une même personne pourrait contracter les deux infections en même temps, le coronavirus et la grippe, ce qui risquerait d’avoir des conséquences catastrophiques.»

Pourtant, une étude démontre une association entre le vaccin contre la grippe et les morts Covid, chez les plus de 65 ans. Une autre affirme que le vaccin contre l’influenza augmenterait le risque de développer d’autres maladies respiratoires. La question n’est donc pas clairement tranchée et le doute est permis. Il est rarement soulevé.

Censure contre-productive

Le débat autour du vaccin est-il légitime? Facebook semble penser que non. Sur le réseau de Mark Zuckerberg, les informations considérées comme étant antivaccin sont purement et simplement interdites. Un positionnement qui remettrait en cause la validité absolue de cette méthode va à l’encontre, selon le porte-parole de la firme bleue pour la Suisse et l’Autriche, des règles du réseau social, répétées mécaniquement: «Nous nous efforçons de lutter contre la désinformation sur les vaccins sur Facebook en réduisant sa diffusion et en fournissant aux gens des informations faisant autorité sur le sujet. (...) supprimer les informations erronées qui pourraient contribuer à des dommages physiques imminents. (...) Depuis janvier, nous appliquons cette politique à la désinformation sur COVID-19 afin de supprimer les messages qui font de fausses déclarations sur les cures, les traitements, la disponibilité des services essentiels ou le lieu et la gravité de l'épidémie.»

Les géants du Web s’octroient donc le pouvoir de décider des informations qui circulent sur leur réseau et de juger, grâce à plusieurs rédactions qui font force d’autorité, ce qui doit être considéré comme une information valable, ou pas. Twitter ne fait pas exception et commence à retirer les éléments qui vont à l’encontre de la stratégie vaccinale. Ce qui ne manque pas de faire le jeu des théories complotistes et rajoute de l’huile sur le feu des antivax.

© Twitter

A noter cependant que des groupes réunissant des vaccinosceptiques sont présents sur Facebook, seulement s’ils sont privés et dissimulés. Impossible donc de les trouver par hasard. Ni même en tapant leur titre exact. Il vous faut être invité. Lorsque vous effectuez une recherche sur la vaccination, vous tombez sur les sites officiels de l’OMS, de la CDC et consorts.

Une information plus nuancée nécessite donc une recherche plus poussée via des sources plus ou moins officieuses, au risque d’atterrir sur de l’intox et d’être incapable de dissocier les deux. D’où la nécessité d’un tri extrêmement précautionneux sur les réseaux sociaux, intégrant une critique sensée. Ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant, puisque les critères de notre accès à l'information sont fixés par des algorithmes.

La fronde s’organise

En Suisse comme ailleurs, des mouvements citoyens s’organisent et plaident pour plus de transparence autour de la vaccination, comme le Réseau choix vaccinal, par exemple. Leur but: exiger davantage d’informations claires et lutter contre la discrimination dont pourraient être victimes les réticents au vaccin Covid. Le Collectif santé a interpellé politiciens et scientifiques afin d'exiger un moratoire sur la nouvelle technologie à ARNm. Celui-ci est actuellement signé par des professionnels de la santé et sera bientôt appuyé par une pétition lancée par quatre associations. Les Amis de la Constitution auraient récolté les signatures nécessaires à l'organisation d'un référendum contre la loi Covid-19 votée au Parlement, qui contient notamment l'obligation vaccinale.

Récemment, la compagnie aérienne australienne Qantas a décidé, via son PDG, d’imposer la vaccination à ses passagers. Il semble cependant peu probable que des entreprises qui n’ont rien à voir avec la médecine puissent s’octroyer un tel droit. L’avenir nous dira comment la situation évoluera.

Mais, selon Alessandro Diana, l’obligation vaccinale est peu probable en Suisse. «Il n’est pas exclu que le législateur puisse mettre des restrictions, ce qui pourrait entraîner des privations de liberté, parce que votre vie ne vaut pas plus que celle des autres, explique-t-il. Mais il s’agit d’un cadre général, pour ne pas uniquement compter sur le bon sens des gens. La Suisse ne fonctionne pas avec l’obligation vaccinale, mais plutôt avec des informations et recommandations!»

En France, une députée a récemment plaidé pour le concept d’un «passeport vert», afin d’assurer l’accès aux restaurants et aux musées, entre autres, aux personnes vaccinées. Cette proposition est sérieusement commentée dans les médias français, comme une solution éventuelle. Marquer les bons élèves des récalcitrants. La menace d’une telle atteinte aux libertés ne semble pas susciter l’indignation. Il est toujours plus facile de commenter les évènements après coup. Pas sûr que cette proposition, si elle devait se réaliser, figurerait du bon côté dans les livres d’histoire.


Les précédentes enquêtes d'Amèle Debey:

Pourquoi Swissmedic reçoit-elle de l’argent de Bill Gates?
 

«Coronagraben»: une fausse énigme?

Covid-19: une débâcle évitable?

Covid-19: Un traitement efficace bloqué par l'hôpital

Pédocriminalité, un combat perdu d'avance?

Le confinement, cette arme de dissuasion massive

Masques à l'école: quelles conséquences pour les enfants?

«Comment a-t-on pu donner autant de pouvoir à cet homme?»

Les EMS survivront-ils au coronavirus?

Le racisme noir sur blanc

Le business ancestral de la peur

Covid 19: à qui profite l'obéissance de l'Afrique?

Indépendants, entre résilience et persévérance

    18367
    11