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Article rédigé par :

Amèle Debey

«On a déjà commencé à inventer des pénuries de médicaments»

Dernière mise à jour : 12 févr.

C'est certainement le scientifique français vivant le plus célèbre au monde! Didier Raoult, microbiologiste et fondateur de l'IHU de Marseille, a été tiré du calme de sa retraite qui semble d'ailleurs l'avoir un peu apaisé afin de répondre aux nouvelles attaques acharnées contre son traitement à l'hydroxychloroquine. L'occasion de lui parler de ses premières heures de la découverte Covid, des effets du vaccins, de la pénurie organisée de médicaments et de l'incompétence du gouvernement. Sur un plan plus personnel, il nous a livré son impression de l'admiration qu'il suscite et nous a confié son sentiment sur la cabale médiatique dont il est la cible depuis plusieurs années.

Didier Raoult, autobiographie
© Michel Lafon

Amèle Debey, pour L’Impertinent: Comment allez-vous? Que faites-vous en ce moment?

 

Professeur Didier Raoult: Je vais très bien! Ma nature est plutôt celle d’un stoïcien: ce que j’ai recherché dans ma vie, c’est d’avoir l’estime de moi. Si j’ai l’estime des autres en plus, tant mieux, mais ce n’est pas mon problème. Je suis l’inverse d’un hystérique qui, lui, cherche l’estime des autres et qui a donc plus de chance d’être malheureux, puisque c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas. Tandis que l’estime de soi, on y arrive avec des efforts. C’est donc ce que j’ai recherché.

 

Une estime qui est compatible avec une histoire familiale qui est ce qu’elle est.

 

A quel moment vous êtes-vous dit que quelque chose clochait dans la gestion gouvernementale de la crise Covid? Quel a été l’élément déclencheur?

 

Ça ne s’est pas passé comme ça. Je travaille dans les maladies infectieuses depuis 1978. J’ai dû être au cœur de 25 à 30 épidémies un peu partout dans le monde. J’étais renommé comme connaisseur des épidémies déclenchées par d’étranges microbes.

 

En 2002, le ministère de la Santé et le ministère de la Recherche m’ont demandé de faire un rapport sur le bioterrorisme – qui n’a servi qu’à faire de l’argent pour les labos, tout comme la crise Covid. Mais, à cette occasion, j’ai accepté à la condition que je puisse faire une analyse complète de notre état de préparation à un épisode épidémique. Le rapport, terminé en 2003, a été accepté du bout des doigts par les deux ministères.

 

J’y discutais déjà des problèmes des liens avec l’industrie pharmaceutique, des médicaments anciens qu’il fallait réutiliser parce qu’ils n’étaient plus rentables. Je concluais en disant qu’il fallait créer des infectiopôles. Qu’il y en ait sept en France pour être sûr de faire face à la situation. Je n’ai pas été entendu.

 

Je leur avais dit que s’il y avait une catastrophe, ils ne s’en rendraient pas compte puisqu’ils ne comptent pas les morts dans ce pays. Et effectivement, ils ne se sont pas rendu compte de la canicule d’août 2003. Personne au ministère de la Santé ne s’est aperçu de quelque chose. C’était pourtant dans mes recommandations: commencer par compter les morts une fois par semaine pour avoir un niveau de compréhension de ce qu’est une épidémie ou un événement anormal.

«Les gens du ministère de la Santé ne sont pas compétents»

 

Je savais très bien que les gens du ministère de la Santé n’étaient pas compétents. Ce sont des bureaucrates, pas des docteurs de terrain dotés d’une expérience de cette nature-là. Et comme ils sont de plus en plus jeunes, ils ont de moins en moins de chance d’avoir ce type d’expérience, ni de savoir réagir au moment où les choses se passent.

 

En 2005, je suis allé à Shanghai pour répondre au SARS, qui était exactement ce que j’avais prévu: la première épidémie avec un nouveau virus. Là-bas, ils avaient construit un hôpital de 700 lits dans des chambres individuelles, toutes avec un niveau de sécurité exceptionnel. On avait 20 ans de retard sur eux!

 

J’ai été un peu découragé que personne n’ait lu ce que j’avais écrit dans mon rapport et cela m’a convaincu de trouver un financement par moi-même pour construire l’IHU (Institut-hospitalo-universitaire en maladies infectieuses, afin qu’il y ait au moins un endroit en France où l’on puisse faire face à une épidémie.

 

Dès que le Covid est arrivé, j’ai contacté la Chine au milieu de la nuit pour savoir comment ils avaient fait. C’est comme ça qu’on est parti sur l’hydroxychloroquine. J’utilise cette molécule depuis 30 ans, dans toutes les maladies infectieuses, je la connais par cœur. Ainsi que les dosages et la posologie. Je ne parle que de choses que j’ai faites pour de vrai, ce ne sont pas des déductions mathématiques.

 

A peine le nom hydroxychloroquine prononcé, j’étais menacé de mort le soir même par un professeur qui avait gagné 600'000 euros de l’industrie pharmaceutique dans les six dernières années. J’ai été dédommagé de 1500 euros et ce dernier, reconnu coupable, n’a eu aucune peine, il n’a même pas été suspendu du Conseil de l’ordre!

 

C’est devenu une espèce de folie. Mais je savais exactement la dose qu’il fallait employer. On avait testé les virus qui avaient une sensibilité à la concentration sérique que je connaissais. On savait très bien ce qu’on faisait: la chloroquine et l’hydroxychloroquine sont les médicaments les plus prescrits au monde. J’étais loin d’imaginer quelque chose comme le LancetGate qui parle de 10% de morts, ou cette nouvelle étude foireuse qui parle de 17'000 morts. C’est délirant!

 

Pour vous, l’étude qui vient de sortir et qui impute donc 17'000 morts à l’hydroxychloroquine (HCQ) est un nouveau LancetGate? Il s’agit d’une étude frauduleuse?

 

Bien sûr, c’est frappant. Lorsque quelque chose sort, je regarde toujours si j’ai fait une erreur et si c’est le cas, j’essaie de la rectifier puisque je recherche l’estime de moi. Cela fait 30 ans que je travaille avec cette molécule, tous les livres de référence parlent de mon traitement à l’HCQ pour la maladie de Whipple et la fièvre Q. Je donne 600 microgrammes (mg) par jour pendant un an ou un an et demi. On sait qu’avec ça on a 1mg par ml de HCQ dans le sang.

 

Les deux études de base qui ont servi à toute cette folie sont Recovery et Discovery. La première a été fait par les Anglais. Ils ont décidé de donner 2,4g par jour au lieu des 600mg de mon traitement. A savoir quatre fois la dose. A ce niveau-là, c’est le début de la toxicité qui conduit à des problèmes cardiaques. La thèse de notre ancien ministre de la Santé, François Braun, parle des tentatives de suicide à l’HCQ. Il a dit publiquement que j’étais le meilleur spécialiste mondial de cette molécule que j’utilise à des doses bénignes.

 

J’ai fini par comprendre pourquoi les Anglais avaient agi de la sorte: leur meilleur tropicaliste s’appelle Nick White. Il a dit au responsable de l’étude Recovery que l’HCQ était tellement bien tolérée que l’on pouvait quadrupler la dose le premier jour, pour avoir une dose de charge.

 

La deuxième explication est que 15% des gens inclus dans cette étude n’ont même pas eu de test PCR. On a décidé qu’ils avaient le Covid. C’est de la science à un niveau inouï! Lorsque l’on traite pour des maladies infectieuses sans diagnostic, à des doses que l’on n’utilise jamais et que l’on arrive à la conclusion que ce n’est pas très bien toléré, c’est n’importe quoi!

 

Dans quel but? Pourquoi continuer à décrédibiliser l’HCQ maintenant alors que les vaccins ont déjà été achetés?

 

L’histoire du Covid commence à peine à se dépiauter. C’est la plus grande escroquerie du siècle: le nombre de gens sur Terre n’a pas reculé, dans tous les pays développés la moitié des morts avaient plus de 85 ans. A l’IHU, on a calculé que les gens morts ont perdu, en moyenne, un an d’espérance de vie!

 

On a fait un cirque phénoménal, on a voulu vacciner tout le monde avec un vaccin dont on ne connaît absolument pas les effets à court et moyen terme et encore moins à long terme. On a transgressé toutes les règles de Good Laboratory Practice mises en place, au nom de l’urgence, parce qu’on était dans la catastrophe. Petit à petit ça se dépiaute et la qualité de ce vaccin est effarante.


«Le doliprane est la première cause d’empoisonnement au monde»

 

La seule manière pour la FDA de justifier que l’on n’ait pas respecté les règles était de dire qu’il n’y avait pas d’alternative. C’était le vaccin ou rien. Maintenant que l’on voit que le vaccin est une catastrophe, qu’on a vacciné des gens qui ne risquaient absolument rien, qu’on a acheté 19 milliards de doses dans le monde d’un vaccin dont on n'a aucune certitude de la sécurité, toute la question est de savoir si on avait vraiment le choix ou non.

 

En France, on traite toutes les maladies inflammatoires avec de l’HCQ. Jusqu’à 2019, il n’y avait pas besoin d’ordonnance pour s’en procurer et ce ne sont pas moins de 66 millions de comprimés qui ont été vendus en France la même année. On le saurait si cela tuait 10% des gens!

 

Le doliprane est plus dangereux que l’HCQ, c’est la première cause d’empoisonnement au monde. Tout comme la première cause de greffe hépatique aux Etats-Unis. Par quelle folie l'hydroxychloroquine est-elle devenue un poison mortel que l’on a interdit de prescrire?

 

Pourquoi est-ce que François Braun ne s’est pas manifesté pour défendre l’HCQ lorsqu’il était ministre de la Santé?

 

Au début, il a dit que ces doses étaient tout à fait banales et que je savais très bien ce que je faisais. Après, il ne faut pas me demander pourquoi les gens se trahissent, pourquoi ils ont peur…

 

En 1940, quand les Allemands sont entrés en Belgique, puis en France, cette dernière avait plus de soldats que les envahisseurs: deux millions cinq. Dans les premières batailles, notre organisation est très mauvaise. Nous sommes incapables de nous organiser. En France, plus c’est gros, moins c’est organisé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la mortalité est aussi haute à Paris. Les Français et leur fantasme du big is beautiful ne fonctionne jamais.

 

Après avoir perdu 45'000 soldats en 40, c’est la débâcle. Douze millions de gens terrifiés fuient entre le Nord et Paris, empêchant tous les soldats de remonter. L’affolement de la presse, l’état du pays absolument pas préparé à la guerre ont amené à une déroute absolument pas justifiée par la situation. Il y aura plus de morts dans la débâcle qu’il n’y a eu de soldats morts pendant les batailles.

 

Pétain va dire à tous ses soldats, qui n’ont même pas vu un Allemand, de se rendre et ils seront faits prisonniers de guerre pendant quatre ans. Voilà ce que produisent la peur et l’obéissance.

 

Le parallèle avec le Covid est que les conséquences des mesures prises ont fait plus de mal que le virus lui-même?

 

Oui, mais on ne connaît pas la part de malice et de bêtise dans les décisions. Il y a probablement un peu des deux.

 

En Grande-Bretagne, qui est encore une démocratie contrairement à la France où tout se décide à Paris, devenu un néo-Versailles, on est en train de passer Boris Johnson au crible. Le ministre britannique de la Santé, Matt Hancock, a voulu écrire ses mémoires en faisant confiance à une journaliste. Le scandale n’a pas tardé.

 

On a appris qu’il avait décidé de confiner le pays pour ne pas froisser son homologue écossaise tout de même, c’est édifiant! On n’est plus dans la science.

 
 

J’ai démissionné du Conseil scientifique quand Jean-François Delfraissy m’a annoncé le confinement des gens de plus de 70 ans. Il était hors de question que je fasse partie d’une organisation qui fait, au nom de la science, des choses qui n’ont jamais été démontrées scientifiquement. C’est de la politique et non de la science.

 

Est-ce vrai qu’à la première réunion du Conseil scientifique, Macron et le président de Gilead ont imposé le remdesivir comme traitement au Covid, comme l’affirme Martine Wonner dans des vidéos qui tournent sur les réseaux?

 

Non, ça ne s’est pas passé comme ça. Macron n’avait pas d’opinion là-dessus. Ce qui m’avait choqué, c’est que celui qui avait été nommé responsable de la gestion de ce problème-là est Yazdan Yazdanpanah. Je lui ai suggéré d’utiliser l’HCQ, car c’était ce que faisaient les Chinois. Il m’a répondu qu’il fallait utiliser le remdesivir.

 

Il faut savoir que Gilead possède cette molécule (le remdesivir, ndlr) dont ils ne savent pas quoi faire depuis longtemps. Ils avaient essayé de s’en servir sur Ebola et ça ne marchait pas. Ils ont arrêté parce que cela déclenchait des insuffisances rénales… comme pour le Covid.

 

Lors de la réunion dont vous parlez, Yazdanpanah et les gens de Gilead s’entendaient comme larrons en foire, ils se tutoyaient. Je suis hostile à cela. Je n’aime pas le mélange des genres. Je tutoie mes amis, pas mes partenaires et encore moins quand ils ont un milliard dans la poche. Ce ne sont pas des amis.

 

Au tout début de la crise, avant même que l’on ait des morts en France, la santé publique a décidé qu’il fallait tester uniquement les Chinois arrivés de Wuhan, qui toussaient et avaient de la fièvre. On ne testait pas les autres. C’est alors qu’arrive aux urgences à Paris un Chinois malade de 80 ans, issu de la province de Hubei, où se situe la ville de Wuhan. On ne le teste pas. Il revient trois jours après, toujours malade. Comme il n’a qu’un symptôme sur les deux attitrés, on ne le teste toujours pas. Il rentre chez lui. Un peu plus tard, il doit être hospitalisé en réanimation dans un état pitoyable et c’est à ce moment-là qu’on le teste et qu’il est positif. On l’envoie à Bichat, chez Yazdanpanah qui lui donne du remdesivir et il meurt en insuffisance rénale.

 

Cela raconte le mélange d’incompétence et d’impréparation qui résume toute cette crise.

 

Vous dites que Macron n’avait pas d’avis au début, mais il a rapidement vrillé…

 

Je lui ai dit dès le début qu’il fallait tester les gens. Les Chinois avaient séquencé le virus, on a pris les amorces des Allemands, mais Santé publique France nous a interdit de faire des PCR, affirmant qu’il n’y avait que deux endroits aptes à en faire dans tout le pays. Alors même que j’en faisais 300 à 400’000 par an!

 

Le Président a fini par vérifier et se rendre compte que j’avais raison. Tout son environnement, son Conseil scientifique, ses conseillers lui racontaient des calembredaines. Macron est trop dépendant et n’a pas suffisamment d’avis divergents. Il est entouré d’un groupe qui l’influence trop fortement.

 

Il y a des données basiques, mais lorsque l’on reste enfermé dans son néo-Versailles, on ne peut pas les connaître. Il faut avoir des gens de terrain répartis dans le pays. Des gens dont le métier n’est pas d’assister à des congrès financés par l’industrie pharmaceutique. Ce n’est pas notre métier. Notre métier c’est de s’occuper des malades, pas de faire la promotion des médicaments.

 

Sur Sud Radio, vous avez récemment évoqué les ruptures de stock de médicaments, notamment à cause du fait que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) refuse de les acheter plus cher à l’Inde et à la Chine. C’est bien cela?

 

Le premier directeur de l’ANSM, Dominique Maraninchi, a bâti l’Institut de recherche de cancérologie à Marseille. C’est lui qui a fait la loi sur la déclaration des conflits d’intérêts, qui n’est d’ailleurs pas appliquée. Il a donné deux conférences à l’IHU, expliquant notamment les stratégies de l’ANSM.

 

Tout notre système capitalistique; à partir du XIXe siècle est basé trois phénomènes: la consommation générale, la mondialisation (plus il y a de clients, plus on fait d’argent) et l’innovation. Notre stratégie est basée sur le brevet, celui-ci dure vingt ans. Cela signifie qu’au bout de vingt ans, nos inventions doivent devenir obsolètes, sinon on ne gagne plus d’argent puisque tout le monde peut les reproduire.

 

Je ne crois pas qu’une voiture actuelle soit ni mieux ni plus sûre qu’il y a quarante ans. Il suffit de regarder le nombre d’accidents et la proportion de morts. S’il n’y en a pas plus, ce n’est pas que les voitures sont plus sûres, c’est qu’il y a moins d’accidents. Et ce grâce aux contrôles de la vitesse et de l’alcool au volant. Pas grâce aux airbags, par exemple, qui font partie des gadgets qui justifient l’innovation sans laquelle notre société ne peut pas vivre. Vous voyez bien que vous êtes obligée de changer votre téléphone régulièrement, car il est rapidement obsolète.

«Une partie de la pénurie de médicaments est volontaire»

 

Or, avec les médicaments, quand vous avez trouvé une molécule, que vous connaissez sa composition, elle n’est jamais obsolète. Cela s’arrête-là. On ne gagne plus d’argent. On a alors deux solutions: soit on invente une maladie et on la dramatise, ce qui a été le cas d’H1N1 et du Covid. Ou bien alors on dit que ces médicaments ne sont pas aussi bons que les nouveaux.

 

Pour montrer que les anciens médicaments sont moins bons que les nouveaux, soit on s’en débarrasse, on les rend indisponibles, soit on invente des essais de non-infériorité, qui sont un scandale sur le plan médical. Comme on n’arrive pas à montrer que les nouveaux médicaments sont meilleurs, on parvient à montrer qu’ils ne sont pas pires. Par exemple, l’anticorps monoclonal qui va remplacer l’HCQ dans la polyarthrite rhumatoïde, mais qui vaut dix fois plus cher, n’est pas plus mauvais que l’HCQ, en tout cas à court terme.

 

Les molécules de l’industrie pharmaceutique c’est une asymptote. Si vous regardez quels sont les médicaments qui ont une influence sur l’espérance de vie au XXIe siècle, c’est peanuts!

 

Vous voulez dire que l’on instaure volontairement des pénuries de médicaments pour pouvoir remplacer ceux qui disparaissent par des nouveaux plus chers?

 

Une partie de la pénurie est bien volontaire. Par exemple, il y a un médicament que j’aime beaucoup et que j’utilise depuis longtemps qui s’appelle la doxycycline. Les gens qui font l’évaluation de la sensibilité à la doxycycline refusent maintenant de définir les seuils d’activité. Donc vous ne pouvez plus l’utiliser.

 

L’autre jeu, c’est de dire tous les ans, pour les médicaments génériques, qu’il faut qu’ils coûtent moins cher. Moyennant quoi, tous les ans, lorsque l’on achète ces médicaments, on est en concurrence avec l’Espagne et la Grèce qui, pour peu qu’ils les achètent trois ou quatre centimes de plus, vont être servies en premier. C’est la loi de la concurrence.

 

Pensez-vous que nous allons vers une pénurie d’antibiotiques également, pour les mêmes raisons?

 

On va inventer des pénuries, bien sûr, on a déjà commencé. C’est justement la Suisse qui est en tête pour cela. Il y a 70 molécules différentes qui ont une activité antibiotique sur différents points. En France, il nous en manquait 30 jusqu’à récemment.

 

Pour la petite histoire, au moment du bioterrorisme, la meilleure molécule pour traiter le charbon – l’agent supposé du bioterrorisme – c’était la doxycycline. En France, il n’y en avait pas en intraveineuse, c’était interdit. Sans aucune raison. J’ai obtenu l’autorisation d’en importer d’Allemagne pour notre centre. Oui, on évacue petit à petit les molécules qui ne coûtent rien. Il y a différentes malices, comme la résistance aux antibiotiques par exemple.

 

En Suisse, vous n’avez que 30% des molécules actives.

 

Qu’est-ce que ça veut dire?

 

Vous ne pouvez acheter que 30% des antibiotiques actifs. Sinon, vous en utilisez d’autres qui sont quatre, dix fois plus chers.

 

La médecine est devenue un business, si je comprends bien?

 

Cela l’a toujours été. Actuellement, la médecine et les publications scientifiques médicales forment le business le plus rentable au monde: 35% de bénéfice, c’est inouï. Sans parler de ceux générés depuis le vaccin!

 

L’Occident ne sait plus faire que ça: on ne produit plus. Les Etats-Unis ont 80% de leur population dans le tertiaire. On ne sait plus rien faire, à part imposer des normes aux autres. On invente des normes sans arrêt et on rend les choses obsolètes pour en vendre de nouvelles.

 

Les produits viennent d’Inde ou de Chine, à des prix cent fois moins élevés. On exporte notre savoir-faire, en vivant sur le mythe de l’innovation. Les meilleurs chercheurs au monde sont désormais Chinois. Nous ne savons plus rien faire.

 

On voit que le milieu de la santé en France est dans un piètre état: l’hôpital Georges-Pompidou a récemment lancé une cagnotte pour s’acheter un scanner. Y a-t-il de l’exagération selon vous ou la France est-elle réellement devenue un pays du tiers-monde en termes de santé? Et, si oui, quelles en sont les causes?

 

Prenez un acte médical basique: la radio du thorax. Or, les radios traditionnelles sont épouvantables. D’abord parce que ça n’intéresse pas les radiologues en général, quand vous faites ça en urgence c’est un manipulateur qui en fait vingt à la suite et qui s’en fout, donc vous êtes tordus, c’est ininterprétable. Il faut abandonner ces radios et les remplacer par des scanners low dose – donc à basse dose d’irradiations – qui n’irradient pas plus qu’une radio du thorax. Celles-ci devraient disparaître purement et simplement.

 

Pour répondre à votre question, il suffit de regarder les données Health at a Glance de l’OCDE, qui démontrent que trois éléments sont spécifiques de la France: c’est le pays qui a le moins de scanners et d’IRM, le moins de médecins par habitant et le plus de médecins de plus de 55 ans.


«Nous sommes gouvernés par des gens qui n’ont pas le moindre sens des réalités»

 

Les imbéciles qui nous gouvernent ont empêché les gosses de faire médecine pendant des années. Sans parler des autres fous qui veulent empêcher l’immigration… alors que nous ne marchons qu’avec des immigrés. Si vous les retirez, je ne sais pas qui va vous soigner!

 

Pour la petite anecdote: au moment de la crise du bioterrorisme, les deux types qui étaient de garde un jour sur deux étaient syrien et irakien. J’avais expliqué aux Renseignements généraux un peu inquiets qu’il n’y avait qu’eux qui voulaient travailler la nuit. La vie est quand même pleine de malice!

 

Pendant le Covid, de 2020 à 2021, on a testé 250'000 personnes à l’IHU. On en a traité 34'000. Il a fallu les appeler pour leur donner les résultats. Deux cents volontaires sont venus nous aider: des étrangers, des retraités, des gens renvoyés depuis dix ans. Ils nous ont prêté main forte. La moitié étaient des étrangers.

 

Nous sommes gouvernés par des gens qui n’ont pas le moindre sens des réalités.

 

La crise Covid a donc été la quintessence de cette mauvaise gestion qui ne date pas d’hier: des milliers de lits d’hôpitaux ont été fermés, on s’est privé d’une main- d’œuvre indispensable en suspendant des soignants non vaccinés… c’était suicidaire, non?

 

Oui, mais l’histoire nous apprend que lors de périodes aussi incroyables, il y a toujours un mélange de bêtise, de crapulerie et de mauvaise foi. Max Planck disait que «la vérité ne triomphe jamais, mais ses adversaires meurent». Les gens ne changent jamais d’avis. A part Jean-François Delfraissy, qui est enfin d’accord avec moi à propos de la vaccination.

 

Là-dessus, il y a deux aspects. Le premier est empirique: on a vu assez rapidement que ça ne marchait pas. J’avais un écran devant moi que je regardais trois fois par jour. Nous demandions leur statut vaccinal aux patients. Au bout d’un ou deux mois, nous pouvions constater que le pourcentage de patients Covid positifs était le même chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.


«Vaccins Covid et crise des opiacés en Amérique du Nord: même scandale!»

 

Je suis un empiriste, ce qui m’intéresse c’est ce que je vois. C’est pourquoi j’ai été le mieux outillé au monde pendant cette crise grâce aux outils que j’ai créés. Je crois aux données et pas à ce que racontent les autres.

 

Voyez-vous un lien entre le vaccin Covid et la crise des opiacés en Amérique du Nord, dans les systèmes qui ont permis leur mise en place?

 

Oui, c’est la même chose. Pour le Vioxx aussi d’ailleurs.

 

Dans les deux cas, il a fallu acheter tout le monde: les sociétés savantes, les médecins prescripteurs, etc. et tout cela a été admis et publié par le New England Journal of Medicine, le Lancet et la FDA. Il fallait tricher dans les résultats que l’on publiait.

 
 

Ce sont les habits neufs de l’empereur! J’en rajoute une couche: je peux vous le faire dix fois et vous marcherez dix fois. L’oxycontin, on vous dit que c’est de la morphine non addictive, il faut être fou pour croire un truc pareil!

 

Avec le vaccin Covid, c’est beaucoup plus facile, puisque le prescripteur c’est l’Etat. Si vous arrivez à convaincre Ursula, vous en prenez pour 80 milliards. Pas de gaspillage! Pas besoin de payer chaque médecin.

 

Pensez-vous que l’homogénéisation des techniques de soins et des traitements, qui fait fi de l’altérité des patients, est aussi valable dans la santé mentale? On considère désormais les gens comme interchangeables et faisant partie d’un tout, ce qui pourrait expliquer que nos réponses aux troubles mentaux et à l’addiction ne soient pas adaptées?

 

Globalement, je ne suis pas un féroce partisan de l’Evidence Based Medecine (EBM), de la standardisation. Les gens qui font ça ne voient pas de malades.

 

Quand on a commencé notre première étude officielle pour évaluer l’efficacité de l’HCQ sur la charge virale Covid, on avait une très grosse expérience de la concentration dans le sérum de l’HCQ mais comme c’est un produit qui s’accumule, on mesurait au bout de trois semaines ou un mois pour voir si on était bien à 1 mg par ml. Mais on ne savait pas combien il fallait de jours pour y arriver. En pratique, il faut cinq jours. On dosait donc chez les malades.

 

Bien que cela ait été prescrit à l’hôpital, un patient sur dix ne prenait pas son traitement. Pourquoi? L’infirmière avait oublié, ou elle était contre. L’interne était contre, le malade était contre, etc. Vous croyez que ça obéit comme ça les humains? Oui, il y a eu des gens qui ont obéi pendant la crise, car ils étaient guidés par la peur, mais comme pendant la guerre, il y a eu des résistants.

 

Le coup de l’EBM, de l’IA et des robots, c’est une méconnaissance des humains assez terrifiante.

 

Vous avez dit il y a quelque temps «il y a deux sortes de hiérarchies qui coexistent en France, celles fondées sur la capacité à obéir et celles fondées sur la capacité à penser librement». A laquelle appartient le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, selon vous?

 

Je ne spécule jamais, on verra bien. Globalement, c’est un monde dans lequel on progresse par l’obéissance. Il y a deux mondes parallèles: l’un dans lequel on existe par sa propre réalisation, ce qui rend très libre. Tandis que quand vous êtes dans l’administration, vous n’avez pas le choix, toute votre promotion tient à cela.

 

Si Attal est arrivé jusque-là, c’est parce qu’il est obéissant. Ce que Macron appelle loyauté, c’est de l’obéissance. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne prendra pas sa liberté. En France, on a vu ça plusieurs fois. Certains les appellent des traitres lorsqu’ils ne sont plus d’accord.

 

(Re)lire le billet de Charles Gave: Sur une remarque du professeur Raoult

 

Par exemple, Chaban-Delmas, qui avait une vision plus moderne, était en désaccord avec Pompidou, qui lui-même était en désaccord avec De Gaulle, car il pensait qu’il n’avait pas vu arriver la révolution de la jeunesse: mai 68.

 

Il y a un moment où les gens arrivent à un certain point par obéissance. De Gaulle a été la plume de Pétain par exemple. Cela ne veut pas dire que les gens qui ont obéi jusqu’à un certain point vont passer leur vie à le faire. Il y en a qui se réalisent, accèdent à l’estime d’eux-mêmes en désobéissant.

 

Vous êtes devenu une figure un peu messianique, que l’on écoute presque comme un oracle…. N’a-t-on pas quitté la raison pour la religion des deux côtés?

 

Je trouve ça honteux, ça n’a pas de sens. Il se trouve que les humains ont besoin de ça. Je comprends très bien le sens de Hegel et des «héros qui sont les ruses de la raison». Hegel croit – ce avec quoi je ne suis pas d’accord – que le monde est raisonnable et a besoin de faire triompher la raison. Celle-ci a parfois besoin de s’incarner. Il pensait notamment à Napoléon en disant cela.

 

Dans la religion grecque traditionnelle, c’est la différence entre les héros et les Dieux. Les premiers sont temporaires. En Iran, les ayatollahs interprètent le Coran uniquement le temps de leur vie, car si cela transcendait les époques, ils deviendraient des prophètes.


«L'attention que je suscite est disproportionnée»

 

Je suis bien conscient d’avoir représenté quelque chose et je suis effaré par l’attention des gens, qui n’est pas désagréable, mais disproportionnée. C’est la preuve qu’il y a un manque incroyable dans notre société. Je n’ai fait que transmettre mes connaissances et avoir un discours alternatif par rapport à celui de personnes qui ne savent pas de quoi elles parlent. Cela traduit un malaise extrêmement profond de notre société.

 

J’ai créé la chaîne On a le droit d’être intelligent, car je trouvais que les journalistes scientifiques étaient des imbéciles – c’est malheureusement un mot que j’utilise trop souvent – et qu’ils essayaient de me parler d’égal à égal alors qu’on ne vit pas dans le même monde. J’ai fait 3500 publications scientifiques internationales, c’est monstrueux! Quand je parle de quelque chose, la plupart du temps, je l’ai fait.

 

Les gens qui se sont intitulés journalistes scientifiques – ceux qui me détestent le plus – sont des gens qui, pour moi, sont au même niveau que tous ceux qui savent lire. C’est la raison pour laquelle, quelle que soit sa formation initiale, on a le droit d’être intelligent.

 

Quant à moi, cela fait partie de mon métier et même de la déclaration d’Helsinki: je dois dire et publier ce que je crois savoir. C’est mon métier. Il s’est trouvé que pendant le Covid, il y avait un tel besoin de la part des gens de comprendre, une telle évidence qu’on leur racontait des bobards. Alors que moi je parle de choses que je connais, que j’ai vues, touchées et analysées. Cela crée de la crédibilité.

 

Chez Bercoff, vous avez dit notamment qu’il était terrible de constater ce que la gloire fait aux gens. Que vous a-t-elle fait à vous?

 

J’ai été très préoccupé, à partir d’un certain âge, par la parabole «qu’as-tu fait de tes deniers?» J’ai le sentiment d’avoir une chance absolument inouïe, invraisemblable, injuste. Je suis né dans une bonne famille avec de beaux modèles, avec des potentialités absolument hors du commun et tout ça, je n’ai pas le droit de ne rien en faire.

 

Tout cela s’est transformé en défis permanents avec moi-même. Ce serait inouï d’avoir gaspillé mes opportunités. La notoriété, je m’en fous.

 

Vous avez été la cible d’une campagne de dénigrement très intense, cela ne vous a pas du tout touché?

 

Non, cela ne me concerne pas.

 

La crise Covid a tout de même changé votre destinée…

 

Pas du tout. Peut-être que cela aurait été le cas si j’avais 45 ans. Mais là, premièrement je pars à la retraite et deuxièmement je m’en fous complètement.

 

Au début, cela me gênait un peu que les gens m’arrêtent pour me féliciter ou me serrer la main dans la rue. Maintenant, je m’y suis habitué, je prends ça comme une marque de gentillesse. Globalement, personne ne m’a insulté.

 

Macron ne peut pas sortir sans cinquante CRS. On pourrait lui demander ce que ça lui fait d’être haï à ce point. Me concernant, la question serait plutôt de savoir ce que ça me fait d’être aimé à ce point. Si vous vous baladiez avec moi à Marseille, vous seriez sidérée. C’est pareil au Maroc, en Algérie, au Sénégal, partout en francophonie.

 

Vous voyez, vous ne pouvez pas vous empêcher d’être prisonnière de gens qui sont persuadés de détenir la vérité, mais qui ne détiennent rien d’autre que leur hargne d’être à ce point ignorés. On s’en fout d’eux. Personne ne sait qui ils sont.

 

Vous voulez dire que cette campagne de dénigrement ne vient que de la presse?

 

Et des hommes politiques. Mais ce sont les mêmes. Il y a une endogamie incroyable entre les deux. Les journalistes énoncent une vérité quotidienne, qui change le lendemain. Tout cela n’a aucune importance. Et puis, ils sont en train de se faire défoncer par les réseaux sociaux.

 

Ma chaîne YouTube sur l’IHU a obtenu jusqu’à 180 millions de vues. C’était plus que BFM TV, vous ne pouvez pas croire que cela leur plaît. Sans être payé, sans avoir de publicité et moi je ne mets pas de cookies!

 
Didier Raoult, autobiographie





















Didier Raoult, autobiographie, éd Michel Lafon, 2023


7 Comments


jean-marc.cerutti
Mar 24, 2024

Bravo !! Tout est dit et de manière magistrale. Et dire que notre monde actuel s'enfonce de plus en plus dans le délire mensonger et paranoïaque qui ne nous laisse rien augurer de bon...

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philippeleignel
Jan 21, 2024

Une interview riche et pleine de vie! Cela dit, le plus extraordinaire, dans cette affaire Raoult, c'est qu'il s'agit d'un scientifique parmi les plus titrés au monde, spécialiste des maladies infectieuses, à la tête d'un institut et d'une équipe spécialisée dans les épidémies et qui constituent un pole d'excellence financé par l'Etat français, qui trouve et expérimente une trithérapie peu coûteuse dont les résultats sont de bonne facture... et que l'Etat - qui continue de le payer - désavoue presque totalement et la presse du monde entier rameutée contre lui discrédite définitivement auprès du grand public, comme un dernier article de 24heures sans grandes nuances (du 13.01.24) le démontre encore récemment. Merci à L'Impertinent de nous rappeler cet incroyable scandale…

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T. Forbes
Jan 16, 2024

Un merci immense au Professeur Raoult. Il a été pour des dizaines de millions de gens une lumière dans la nuit de la crise Covid. Quelque part la science et la raison continuait d'exister à travers lui. Il incarnait le dernier village gaulois avec sa potion magique!

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fabiennechapuis
Jan 14, 2024

l'affaire covid est un immense scandale de corruption, mais là, ils sont allés un peu trop loin, -la toute puissance a ses revers; on finit par commettre une erreur en se sentant inatteignable- et c'est bien le cas ici; le boomerang a amorcé son retour et il est en train de revenir dans gueule de ceux qui l'ont lancé.

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fabiennechapuis
Jan 14, 2024

remarquable interview; bravo . Merci Professeur Raoult; votre notoriété est plus que méritée; vous avez été notre sauveur dans cette guerre du covid. Ce que nos tristes politiciens corrompus ne vous pardonnent pas, c'est l'incroyable popularité que vous avez acquise auprès des petites gens, les sans-dents comme disait Monsieur Hollande ils en rêvent de cette popularité et sont forcés de constater qu'ils ne l'ont pas sans même se rendre compte qu'ils sont seuls responsables de ce résultat désastreux; on ne peut pas gouverner si on n'a pas la confiance du peuple; sans confiance pas de démocratie possible.

Vous êtes le Robin des Bois du 21ème siècle, à l'instar de Gaspard de Besse, le Robin des Bois du Sud, le Mandrin…

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