Amèle Debey

19 nov. 20206 Min

Covid-19: un traitement efficace bloqué par l’hôpital

Mis à jour : mars 29

Un médecin de l’Hôpital Riviera-Chablais est sommé de cesser immédiatement le traitement à base d’hydroxychloroquine qu’il prodigue à ses patients pour lutter contre le Covid-19, sous peine de sanctions. Alors que de nombreuses études démontrent l’efficacité du très controversé plaquénil, les dirigeants de l’établissement hospitalier, ainsi que le médecin cantonal valaisan, estiment justifié de proscrire la molécule, sans tenir compte des résultats encourageants du soignant. Les patients sont donc condamnés à rester chez eux en attendant que ça passe, ou à venir remplir les lits de soins intensifs des hôpitaux.

© DR

Brigitte* est une Veveysanne de 61 ans, qui exerce une profession libérale dans la ville de la Riviera vaudoise. Lorsqu’elle commence à développer les symptômes du Covid, début octobre, elle décide de faire un test qui se révèle positif et prend alors contact avec son médecin traitant. Elle est épuisée, à bout de forces, et sujette à une très haute fièvre. Son médecin lui prescrit du Dafalgan, qui n’a aucun effet sur son état. Ce qu’elle aurait voulu c’était d’être auscultée, prise en charge. C’est impossible.

Une amie lui suggère de se rendre à la permanence de la Providence, où on lui propose le traitement à base d’hydroxychloroquine, azithromycine et zinc, ainsi que d'autres antibiotiques et des anticoagulants. Le centre hospitalier est le seul de Suisse-romande à prescrire ce protocole. «Les médecins m’ont immédiatement inspiré une grande confiance et ils m’ont prévenue que ce traitement n’était pas miraculeux, mais j’ai été prise en charge et soignée», explique Brigitte.

La pré-retraitée se rend alors à la pharmacie Rouvinez, à Vevey, afin d’obtenir son traitement. On le lui refuse: «J’ai été extrêmement choquée que l’on me dise que c’était interdit en Suisse, alors que ça n’est pas vrai,» souffle-t-elle. Ils auraient très bien pu me dire que d’autres pharmacies en fournissaient, mais que ça n’était tout simplement pas leur cas.»

«Alors que je pensais qu’on ne pouvait rien pour moi, ils m’ont soignée.»

Contactée, la pharmacie Rouvinez assure délivrer du plaquénil, le nom commercial de l’hydroxychloroquine, sur ordonnance. Le flou est total parmi la profession, dont certains représentants réagissent avec agressivité et affirment que la molécule est dangereuse, voire meurtrière, selon un médecin. Les pharmaciens ayant un rôle de conseil, ils sont en droit de refuser de vendre un traitement controversé: en fait, l’hydroxychloroquine n’est pas interdite en Suisse. Elle a rejoint les médicaments autorisés par Swissmédic en juin et peut être prescrite hors indication, ou off-label, pour traiter les patients atteints de Covid, dès l’apparition des symptômes. Seulement, les préjugés ont la peau dure et la campagne de désinformation dont cette molécule a fait l’objet depuis le début de la pandémie a jeté la confusion dans les esprits… jusque dans les hautes sphères des directions hospitalières!

Constat empirique

Brigitte, toujours à la recherche d’un médicament qui la soulagerait, peine à se déplacer. Ses enfants parviennent à lui trouver le traitement à la pharmacie de la gare. Peu à peu, l’état de la Veveysane s’améliore. Elle est suivie régulièrement par les médecins et arrive au bout du traitement. Elle pense aujourd’hui que la maladie est partie. Reste encore beaucoup de fatigue, de la toux et de l’essoufflement, mais son état ne nécessite plus d’hospitalisation.

Brigitte souhaite désormais que les choses soient claires: «J’ignore si l’antibiotique aurait suffi à me soigner, puisque je n’ai aucune connaissance médicale. Ce que je peux affirmer, c’est que les médecins de la permanence qui se sont occupés de moi ont le désir et la volonté de soigner leurs patients. C’est essentiel pour ces derniers. Je l’ai ressenti très fort. La thérapie qu’ils ont mise en place a été pour moi un immense soulagement et un immense réconfort. Alors que j’étais malade et que je pensais qu’on ne pouvait rien pour moi, ils m’ont soignée.»

Mais ce traitement va désormais devoir être suspendu, car les dirigeants de l’hôpital Riviera-Chablais ont décidé d’imposer à leur médecin chef l’arrêt immédiat du traitement avec lequel il prenait ses patients en charge, comme le prouve une lettre interne qui a fuité sur internet. Employé de l’établissement, ce dernier est désormais face à un terrible dilemme entre loyauté envers sa direction et obligations éthiques vis-à-vis de ses patients.

La lettre interne a fuité sur les réseaux sociaux. © HRC

Petit retour en arrière

L’interdiction tombe en avril et l’hydroxychloroquine est proscrite par les médecins cantonaux vaudois et valaisan. En été, alors que la pandémie avait disparu, la molécule a été autorisée en traitement hors indication. Le Dr. Zelenko, aux Etats-Unis, met au point une trithérapie à base de plaquénil, azythromycine et zinc pour pouvoir traiter les patients symptomatiques en ambulatoire et leur éviter ainsi l’hospitalisation.

Voici ce qu’écrit ce docteur new-yorkais au président Trump dans une lettre ouverte: «La justification de ma prescription repose sur les données disponibles en Chine et en Corée du Sud avec la récente étude publiée en France (sites disponibles sur demande). Nous savons que l’hydroxychloroquine aide le zinc à pénétrer dans la cellule. Nous savons que le zinc ralentit la réplication virale au sein de la cellule. Concernant l’utilisation de l’azithromycine, je postule qu’elle prévient les infections bactériennes secondaires. Ces trois médicaments sont bien connus et généralement bien tolérés, d’où un risque faible pour le patient.

Depuis jeudi dernier, mon équipe a traité environ 350 patients à Kiryas Joel et 150 autres patients dans d’autres régions de l’Etat de New York avec le même traitement.

Selon les retours d’information que j’ai pu obtenir des équipes médicales, nous avons eu ZÉRO mort, ZÉRO hospitalisation et ZÉRO intubation. De plus, je n’ai entendu parler d’aucun effet secondaire autre qu’environ 10 % des patients souffrant de nausées et de diarrhées temporaires.

En somme, ma recommandation urgente est de commencer le traitement en ambulatoire dès que possible conformément à ce qui précède. D’après mon expérience directe, il prévient le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), évite les hospitalisations et sauve des vies.»

En Suisse aussi, des médecins l’utilisent. Nous en avons contacté un qui déclare: «Je propose le traitement aux patients, en leur fournissant les explications nécessaires. Ils se sentent démunis face au virus et abandonnés par certains de mes confrères». Etant donné la sensibilité autour de l’hydroxychloroquine, le médecin en question* – qui préfère rester anonyme vu la situation – prend toutes les précautions nécessaires. Bilans sanguins, électrocardiogrammes… Jusqu’ici, il n’a constaté aucun effet secondaire et n’a pas eu le moindre problème.

Au contraire, le traitement semble avoir démontré son efficacité: «J'ai remarqué une amélioration significative au bout de deux jours de traitement, explique-t-il. La fièvre s’estompe, la toux disparaît, les gens qui ne respiraient plus se mettent à respirer et ceux qui avaient perdu l’appétit se remettent à manger.»

«On se croirait dans une guerre de religions»

Interrogé sur le cas du HRC, ce soignant, qui préfère rester anonyme, commente: «On se croirait dans une guerre de religions. Il y a un dogme, et si vous vous en écartez, vous êtes excommunié. C’est hyper violent. Aujourd’hui, on leur demande de ne pas traiter leurs patients. Quand je vois mes confrères de l’hôpital qui se disent submergés et que ces médecins, de l’autre côté, font leur job en évitant des hospitalisations, tout ça pour que leur direction les en empêche… »

Le médecin va même jusqu’à louer son statut d’indépendant, heureux de ne pas être soumis aux règles d’une institution: «Je serais censé dire aux patients que je ne peux pas les soigner et les envoyer à l’hôpital alors que je connais désormais les résultats de la trithérapie? Mais je ne peux pas! Le fait de ne pas le faire, c’est contraire à l’éthique.»

Du côté du HRC, on s’en tient à la version officielle qui consiste à dire qu’il «n’existe actuellement aucune étude sérieuse ou guideline soutenant l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement de la COVID-19. Ce qui est faux, comme l’a récemment rappelé l’anthropologue canadien Jacques Pollini, dans une lettre ouverte aux médias francophones, dans laquelle il rappelle que toutes les études encourageantes sont consultables.

«Le choix des traitements ne se fait pas sur un tel échantillon ‘local’»

Les bons résultats obtenus par les médecins de la permanence, comme ceux rapportés par Brigitte, ont-ils été consultés par les dirigeants avant de décider de suspendre le traitement? Apparemment, ils n’ont aucune importance, puisque «le choix des traitements se fait en fonction de résultats d’études internationales sur de grands collectifs de patients et non sur un tel échantillon ‘local’», nous répond le porte-parole de l’établissement.

Contacté, le bureau du médecin cantonal valaisan, Christian Ambord, martèle que «l’OMS, avec son essai clinique international Solidarity, est arrivée à la conclusion que: ‘ … les 4 traitements évalués (remdésivir, hydroxychloroquine, lopinavir/ritonavir et interféron) n’avaient que peu ou pas d’effet sur la mortalité globale, la mise en route de la ventilation et la durée du séjour à l’hôpital chez les malades hospitalisés’.» Sauf qu’on parle ici non de malades hospitalisés, mais bien de traitement en ambulatoire, dès l’apparition des symptômes. A croire que le médecin cantonal valaisan maîtrise bien son sujet!

Cet acharnement contre un traitement auquel on ne laisse pas l’opportunité de faire indiscutablement ses preuves, autant que la psychorigidité de ces responsables d’institution qui semblent faire de la politique plutôt que de la médecine, pose questions. Hippocrate doit se retourner dans sa tombe!

A noter que l’absence d’un traitement alternatif pour lutter contre le Covid est l’un des critères qui permettent l’autorisation d’urgence d’un vaccin par la FDA, aux Etats-Unis.

*Identités connues de la rédaction


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