Amèle Debey

10 sept. 202218 Min

Employé des pharmas, il témoigne: «Rien n'indique que le vaccin empêche les formes graves du Covid»

Mis à jour : 13 sept. 2022

Depuis plusieurs dizaines d’années, notre témoin s’assure de développer et de mettre sur le marché des médicaments et dispositifs médicaux qui répondent au plus près aux besoins des patients et des professionnels de santé. Nous l’appellerons Michaël. Au cœur de la machine pharmaceutique, ce dernier nous relate tous les points qui l’ont surpris lors de la campagne de vaccination contre le Covid. Mais pas que.

© Pixinio

Amèle Debey, pour L’Impertinent : Quel est votre rôle dans l’industrie pharmaceutique ?

Michaël* : J’en ai eu plusieurs depuis bientôt trente ans. J’ai rejoint l’industrie pharmaceutique en tant que contrôleur de gestion dans le domaine de la production vers la fin des années 90. J’ai ensuite évolué dans différentes fonctions de différents groupes, mais toujours en lien avec la définition des requis utilisateurs dans le développement et de la mise en marché de médicaments et de dispositifs médicaux. J’ai travaillé dans cinq différentes entreprises, de moyenne et grande envergure.

En gros, vous êtes dans la surveillance du bon fonctionnement de la mise sur le marché des médicaments ?

Quand on parle de surveillance, en pharma, il s’agit le plus souvent du suivi des effets secondaires. Je n’emploierai donc pas ce terme.

Quel est le bon mot alors ?

Je dirais plus tôt que je suis responsable de la mise en marché de médicaments et de dispositifs médicaux en m’assurant initialement que les besoins des patients et professionnels de santé sont bien identifiés et implémentés lors du développement jusqu’à leur commercialisation proprement dite.

Est-ce que les besoins patients ont été bien pris en compte avec le vaccin Covid?

Non. Absolument pas. Cela peut se comprendre: on était dans une situation d’urgence. Je précise au passage que je n’ai jamais travaillé sur les vaccins. En revanche, pour les médicaments, il y a trois éléments primordiaux à prendre en compte: d’abord l’efficacité du médicament, ensuite sa sécurité d’utilisation que l’on appelle l’innocuité, puis enfin ce qu’on appelle la convenience ou le confort d’utilisation. Qui implique de rendre le médicament le plus accessible possible au patient ou au médecin.

Dans un cas comme le Covid, c’est normal de focaliser sur l’efficacité et l’innocuité. Est-ce que cela a été fait correctement, c’est un autre débat. Mais rien n’a été fait pour la convenience. Le fait de devoir garder le vaccin à ultra basse température en est la preuve. Si le vaccin avait été lancé dans un contexte normal, avec des autorisations normales, Pfizer n’aurait jamais lancé son produit avec de telles contraintes. Ils auraient donc continué à travailler sur leur formulation avant de le mettre en marché, d’autant plus que la concurrence, Moderna en l’occurrence, avait déjà des conditions d’entreposage plus classiques.

Cela s’explique à cause de l’urgence de la situation?

Oui, mais n’oublions pas qu’il y a aussi une certaine forme d’urgences pour tout nouveau médicament qui offre des solutions thérapeutiques innovantes pour des pathologies sévères. L’objectif est d’offrir la meilleure balance entre bénéfices thérapeutiques et effets secondaires, on va donc focaliser en premier lieu sur l’efficacité et l’innocuité puis, souvent poussé par de nouveaux entrants sur le marché, l’accent sera mis sur la convenience.

N’oublions pas non plus que pour le Covid, nous sommes encore et toujours en phase de développement. C’est un produit qui n’est pas encore approuvé, qui n’a pas terminé toutes les études, donc la logique de développement est respectée sur ce point.

Qu’est-ce qui vous a surpris le plus au début de la campagne de vaccination ?

Enormément de choses à vrai dire, tant du point de vue scientifique et sociologique que de décision et communication politique.

Si l’on s’en tient au niveau scientifique, la première chose qui m’a surpris c’est la rapidité avec laquelle le vaccin a été développé. Encore une fois, je ne suis pas un expert, je ne suis donc pas au courant de tout ce qui a été fait avant, mais les technologies d’ARN messager étaient étudiées depuis plusieurs années sans qu’aucun vaccin n’ait jamais atteint le stade de commercialisation, il me semble qu’aucun n’était même entré en phase 3. Mais là, on était six mois ou neuf mois après le début de la pandémie. C’est quand même extrêmement court pour développer et tester un vaccin avant de l’administrer à l’humain.

Quand on met n’importe quelle substance sur le marché, il y a des études dites préclinique sur les animaux, et ensuite commence la phase clinique sur l’homme avec des études de phase 1 pour vérifier les possibles effets secondaires, et de phase 2 qui donnent un premier aperçu de l’efficacité tout en continuant d’évaluer l’innocuité. Durant la phase 3, un nombre beaucoup plus grand de sujets sera le plus souvent réparti au hasard, randomisé, entre un groupe qui recevra la substance et un autre qui recevra un placebo. Le but de cette phase est de tester l’efficacité, et de définir un dosage approprié. Elle est plus confirmatoire de l’innocuité. Les phases d’études durent habituellement entre dix et quinze ans.

La deuxième chose étonnante a été, le taux d’efficacité annoncé. On était à 95%. Je n’ai jamais été exposé à une substance d’une telle efficacité. C’est énorme! Je dois bien dire qu’à ce moment-là, j’étais plutôt optimiste. Une telle efficacité combinée avec la rapidité de développement était porteuse de beaucoup d’espoirs, non seulement pour le Covid mais aussi pour d’autres pathologies. Je ne me suis cependant pas précipité sur la vaccination car je voulais voir plus de données sur l’innocuité et sur une plus longue échelle de temps.

Quelques mois après les débuts de la vaccination de masse, on a commencé à voir plusieurs études sortir, notamment en Israël et aux Etats-Unis, et qui relevaient de plus en plus qu’une des caractéristiques absentes de ce vaccin était l’empêchement de la transmissibilité. Lorsqu’on fait un vaccin, on regarde d’abord qu’il agisse sur l’immunité et ensuite sur la transmission. Or, on a compris relativement rapidement que ce n’était pas le cas avec ce vaccin.

«La contradiction état totale avec le principe fondamental de prudence»

Tout cela aurait été à ranger dans les apprentissages normaux d’un développement clinique, mais voilà: les gouvernements étaient tellement aux abois en ayant très rapidement déclaré que le vaccin était LA solution qu’ils n’avaient d’autre choix que de dénigrer ces résultats. La contradiction était totale avec le principe fondamental de prudence. Si vous vous rappelez quand les masques qui ont été imposés, eux aussi sans réelles données d’efficacité, la prudence nous dictait d’en porter sans trop savoir si ça aidait ou pas, sachant que les risques d’en porter étaient somme toute limités. Avec l’arrivée du vaccin, quasiment du jour au lendemain ce même principe de prudence a volé en éclats et les gouvernements nous ont dit qu’il en était de notre responsabilité sociale de nous faire vacciner en allant jusqu’à exclure les réfractaires de toute activité sociale. Comment voulez-vous donc que quelques mois seulement après avoir dit cela, les gouvernements admettent avoir fait fausse route.

De mon point de vue, c’est là le principal scandale de cette période: on a forcé une grande majorité de la population à faire un acte loin d’être anodin en prenant en compte certaines données d’efficacité – relativement bonnes si on les croit – sans prendre en compte les autres éléments dont on avait pourtant des indices qu’ils ne fonctionnaient pas. Notamment les patients immunisés, vaccinés, qui transmettaient toujours le virus.

Un des arguments utilisés pour nous pousser à nous vacciner rapidement était de protéger les personnes à risque. Mais comment s’en assurer si le vaccin n’empêche pas la transmission?

Il semblerait qu’il serve surtout à empêcher les formes graves…

A ce moment-là, on n’en parlait pas encore. Je mentionnais tout à l’heure qu’outre l’aspect scientifique, c’est toute la logique de communication politique qui m’a surpris: d’abord, on nous vantait que le vaccin nous protégeait et qu’il fallait se vacciner pour protéger les autres. Ensuite, on nous a dit que même si le vaccin n’empêchait pas la transmission, nous nous en sortirons si la population était vaccinée en grand nombre – totalement utopique au vu des taux de reproduction du virus. Par la suite on s’est rendu compte que l’efficacité même du vaccin était réduite face aux variants. Parce que les études faites par Pfizer et Moderna l’ont été avec la souche Wuhan du virus. Alors que les vaccins de Johnson avaient un taux d’efficacité plus bas, mais impliquaient d’autres souches. On aurait déjà dû voir que les variants avaient un effet sur l’efficacité.

«Je n’ai jamais vu d’études prospectives comparant les effets graves»

Donc, petit à petit, on s’est rendu compte que la transmissibilité ne marchait pas, que l’efficacité était réduite. Alors, pour continuer à motiver les gens à se faire vacciner, on a invoqué les effets graves. Or, je n’ai jamais vu d’études prospectives comparant les effets graves. On a uniquement fait des études rétrospectives, ou observationnelles, qui, de par leur nature, ont de multiples risques de biais statistiques.

D’un point de vue scientifique, c’est normal, on apprend au fil des observations. Ce qui prend habituellement dix ans, on l’a fait en six mois! Certes, l’action politique n’admet pas l’erreur, mais ce qui m’a surpris, c’est l’aveuglement total de nos autorités. Ou en tout cas celui qu’elles ont prétendu avoir. C’est ça qui, pour moi, est très grave.

On n’a pas remis en question de façon scientifique tous ces éléments. On a commencé à traiter de complotistes tous ceux qui posaient des questions. Il y a des allumés là-dedans, on est bien d’accord. Mais je crois en la science. Ce qui veut dire avoir des données et prendre le temps de les analyser, objectivement, sans brûler les étapes.

C’est pour ça qu’on fait des études sur tous les médicaments avant leur mise sur le marché! C’est pour ça qu’ils coûtent aussi cher: les études coûtent des dizaines de millions.

Les mises en place du concept d’études cliniques – survenues sauf erreur dans les années 50-60 – l’ont été pour de bonnes raisons, notamment à cause des malformations de certains fœtus dans le cadre de la prise de thalidomide par des femmes enceintes. C’est là qu’on s’est aperçu que certaines choses ne marchaient pas. On a donc rendu ces tests obligatoires.

Tous ces protocoles sont en place pour une raison, qu’ils soient bons ou qu’ils aient besoin d’être améliorés. Alors pourquoi, tout d’un coup, nous dit-on que tout fonctionne du premier coup après six mois de tests? C’est fondamentalement incompréhensible et irresponsable.

On a pu observer que, si les connaissances sur le vaccin évoluaient, ce n’était pas le cas des décisions politiques. Les non-vaccinés ont été pointés du doigt comme faisant partie du problème, même après que l’on a compris que le vaccin n’empêchait pas la transmission. Est-ce du déjà vu?

Je ne crois pas. Même dans certains pays où on a vacciné en masse contre H1N1, la pression pour se vacciner n’a jamais été aussi intense et surtout, cela n'a pas été fait aussi rapidement. Encore moins avec un vaccin sur lequel on a aussi peu de recul.

Il y a des vaccinations obligatoires, comme celles précédant certains voyages, mais ces vaccins sont sur le marché depuis des décennies. On en connaît tous les effets positifs et négatifs. Là, on ne connaissait pas grand-chose.

Puisque votre rayon est davantage les médicaments que le vaccin, que penser de l’épisode hydroxychloroquine?

Ma position est la même que pour le vaccin: on n’a pas vraiment de données solides (en double aveugle) qui démontrent l’efficacité ou la non-efficacité. En revanche, ça m’étonne que l’on n’en ait pas produit, car il y a quand même des indices intéressants. On a parlé du rôle des pharmas dans les études, et là clairement je ne pense pas que ce soit de la responsabilité des entreprises de le faire, tout simplement car le produit est générique donc la rentabilité de l’étude impossible à obtenir.

Par contre, et c’est là que le système dans son ensemble est intéressant, il revient au monde académique de prendre les devants. Malheureusement, dans ce cas précis, il y a eu d’une part une telle guerre de religions et d’ego que ça n’aurait pas pu se faire. D’autre part, il y a le financement. Traditionnellement, il se fait en partie par l’Etat et par des donations de l’industrie. On aurait pu imaginer que, contractuellement, les fabricants de vaccins doivent financer une partie de ces recherches, mais les gouvernements ont tellement voulu sécuriser une quantité de doses suffisante qu’ils n’ont pas discuté les contrats. Donc la dernière solution était que l’Etat finance.

«L’intérêt pour l’Etat de financer des études sur les effets secondaires est fortement réduit»

Si on prend les millions qui ont été scandaleusement jetés par la fenêtre lors de la semaine de la vaccination, on aurait eu largement de quoi financer une étude, même à petite échelle, dite de «proof of concept». Mais les contrats signés stipulent que les doses commandées sont dues même si une solution thérapeutique est découverte, donc l’intérêt pour l’Etat de financer de telles études est fortement réduit et aussi en contradiction avec le discours sur l’impérativité de se faire vacciner.

Mais le plus scandaleux à mon sens, ce sont les contraintes qui ont été mises sur les médecins qui la prescrivaient. Dans n’importe quelle thérapie, les médecins ont le droit d’utiliser une substance même si elle n’est pas approuvée, tant qu’ils estiment que cela est bénéfique pour le patient dont ils connaissent parfaitement les pathologies. Et là, alors même que l’on n’a pas d’études qui prouvent que l’hydroxychloroquine est néfaste, l’Etat a décidé unilatéralement et sans réels fondements que la prescrire était condamnable.

Et, au bout du compte, c’est la science et les patients qui en pâtissent.

Est-il habituel que ce soient les entreprises elles-mêmes qui communiquent sur l’efficacité de leur produit ?

Oui. On dépeint les pharmas comme étant les grands méchants. Toutes ne sont pas exemptes de tout reproche, on est d’accord. Par contre, ce sont les autorités qui obligent les pharmas à faire des études. A démontrer l’efficacité et la sécurité de la substance. C’est une obligation réglementaire. C’est donc à nous pharmas de faire les démarches. Personne d’autre ne va payer pour ça.

C’est normal car ce sont les pharmas qui ont la meilleure connaissance de la substance mais aussi les ressources, humaines et financières pour conduire ces études. Cela étant dit, il ne faut pas croire que les sociétés pharmas font ce qu’elles veulent. Tout au long du protocole, il y a des discussions avec les autorités. Avant même le début des études, le protocole est discuté avec les autorités qui le valident. Elles vont approuver les endpoints pour qu’ils soient réalistes et objectifs au vu des effets attendus, ainsi que la méthodologie et le design de l’étude.

«Vacciner en masse est un non-sens»

A la fin d’une étude de phase 3 – je parle pour les médicaments, mais je crois que c’est pareil pour les vaccins – on a environ dix-huit mois de revue de toutes les données avant approbation finale. Puis, il y a une revue du prix qui sera fixé par les autorités en fonction des bénéfices attendus et de l’existence ou non d’autres thérapies. Cette dernière phase peut prendre 1 à 12 mois en fonction des pays. Donc oui, les pharmas produisent ces données, mais les autorités sont derrière du début à la fin. Ce sont à chaque fois des comités indépendants qui revoient ces données.

Je pense que cela choquerait d’autant plus si l’Etat devait payer toutes ces études car seulement 10% de celles qui entrent en phase clinique aboutissent sur le marché, les financer par l’Etat est simplement inimaginable. Il y a donc une vraie logique derrière tout cela.

Vaccine-t-on toujours avec la même souche ?

C’était le cas avant aujourd’hui (jour de l’approbation des nouveaux boosters, ndlr). Pour moi, se vacciner jusqu’à hier était une aberration. Ça ne servait à rien. On sait que la souche ne servait à rien. Quant à savoir s’il faut se vacciner avec la nouvelle souche, je n’en vois pas vraiment l’utilité si l’on n’a pas de pathologies graves. Le virus est entré en phase endémique et on arrive de mieux en mieux à identifier les sujets à risque. Par contre, je n’ai pas vu de données qui démontrent une efficacité des vaccins par strate de population. Donc vacciner en masse me semble être un non-sens, aujourd’hui encore plus qu’hier.

Mais le virus continue à muter, non, on a toujours une longueur de retard ?

On a effectivement dépassé le stade de la surprise. On parlait de surveillance avant, quelle surveillance est faite sur les patients vaccinés? Qui les suit? Toutes mes connaissances vaccinées – et je sais que ce n’est pas un échantillon représentatif – ont toutes, sans exception, attrapé le Covid une, deux, trois fois minimum.

Il y a beaucoup de choses qui ont été dites mais mises de côté dans la communication: beaucoup de personnes décédées du Covid l’ont été du fait de prédispositions existantes. Ils avaient déjà des problèmes cardio-vasculaires, pulmonaires ou autre.

Les derniers chiffres sont tombés justement aujourd’hui et on nous apprend que le Covid est la troisième plus importante cause de décès en 2020.

J’ai vu passer ces chiffres de l’OFSP et ils précisaient que 96,7% des patients décédés avaient une maladie préexistante. Cela veut dire que la cause de la mortalité n’est pas vraiment le Covid. Il n’a fait qu’accélérer les choses, malheureusement pour ces personnes.

Plus on est vacciné et plus on attrape le Covid?

Je ne sais pas si on peut arriver à cette conclusion. S’il y a une relation entre plus et plus, mais en tout cas il n’y a pas moins. Je n’ai jamais vu de chiffre en ce sens.

Ce serait une histoire d’anticorps facilitants…

Potentiellement. Mais il y a aussi beaucoup de débats là-dessus. La médecine n’est pas une science exacte. De loin pas.

On est dans un domaine où on fait des essais pour savoir si cela marche ou pas. C’est pourquoi le nombre de molécules utilisées et abandonnées au cours des études cliniques est énorme.


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Il n’y a donc pratiquement aucun suivi des gens vaccinés. Cela pourrait-il s’expliquer par le nombre? Car c’est la première fois qu’on vaccine autant.

Non, on peut prendre un échantillonnage. Ça se fait. Il s’agit des études qu’on appelle observationnelles, ou rétrospectives. Elles permettent de regarder ce qui se passe a posteriori. On pourrait très bien le faire.

Cependant, on sait que certains codes qu’utilisent les médecins pour identifier les effets secondaires n’existaient pas au début de la pandémie. Les effets secondaires n’étaient pas forcément relatés. Dans ces conditions-là, comment faire le suivi? C’est extrêmement délicat. Sans parler de la pression mise sur les médecins qui pensaient différemment et risquaient leur licence.

En tout cas, ce qui est clair, c'est que très peu d’études ont été publiées, à ce jour, sur le suivi des effets secondaires. Dans le cas, par exemple, des sportifs qui ont été nombreux à mentionner des problèmes, rien n’a été vraiment publié. Maintenant, est-ce du domaine du hasard, des circonstances, où y a-t-il un vrai problème? Il faudrait des études.


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Mais puisqu’il n’y a que les pharmas qui ont les moyens de payer ces études…

Non, je reprécise: les pharmas subventionnent les études interventionnelles prouver l’efficacité et l’innocuité d’une nouvelle molécule pour obtenir une autorisation de mise en marché. Mais il n’y a pas que les pharmas qui peuvent faire des études, certaines sont faites par les hôpitaux ou les centres universitaires.

Les pharmas doivent aussi subventionner des études dites de phase 4 qui vont suivre les patients qui ont participé à la phase 3. Et ils doivent aussi maintenir une base de surveillance pour recenser les effets secondaires. Le point central de la surveillance est le médecin, car c’est lui qui va identifier et transmettre les effets secondaire observés. Les patients ont aussi la possibilité, en tout cas en Suisse, de déclarer des effets secondaires directement à Swissmedic. Mais dans le cas du Covid, il y a une telle quantité de personnes qui ont été vaccinées que ça devient très difficile de rassembler ces données.

De plus, on n’a pas assez de recul sur la forme que peuvent prendre les effets secondaires. Quand on parle d’effets secondaires, on pense souvent aux effets sérieux genre myocardite, mais moins à ceux, moins graves, qui, s’ils ne sont pas fatals, peuvent vous pourrir la vie.

Cependant, il peut être difficile d’identifier un lien de causalité. Un exemple concret: dernièrement, deux personnes, pourtant vaccinées de la première heure, boostées et sur-boostées, m’ont fait part de douleurs importantes au bras où a eu lieu leur dernière injection. Les symptômes sont similaires mais l’une des deux a subi au préalable une intervention aux cervicales et l’autre une mastectomie. Donc les douleurs sont-elles dues à ces interventions, au vaccin lui-même, à la combinaison du vaccin et d’une perturbation immunitaire due à l’intervention ou à la prise d’autres médicaments?

J’aimerais vraiment que l’on puisse avoir un réel aperçu des effets secondaires, mais j’ai peur qu’il nous faille encore plusieurs mois voire plusieurs années pour en arriver là

Quelle est la responsabilité des acheteurs dans ce genre de cas ?

L’entreprise pharma doit répertorier et remonter les effets secondaires aux autorités sanitaires du pays. Ensuite c’est à elles de communiquer. L’entreprise pharmaceutique va également communiquer en cas d’élément très grave ou de retrait du médicament, sinon elle adaptera ses recommandations d’utilisation en fonction

Il y a donc deux échelons: ce que les entreprises communiquent aux autorités de santé, puis ce que celles-ci communiquent à la population.

Même si la vaccination Covid me pose des problèmes scientifiques et éthiques, j’ai d’une certaine manière regretté que l’Etat ne l'impose pas. Parce que si cela avait été le cas, les autorités auraient dû en assumer la responsabilité. Si on impose, même indirectement, à la population de prendre une substance dont on sait qu’elle n’a pas été pleinement testée, la moindre des choses serait d’en prendre la responsabilité.

Pourquoi avoir accepté cette interview?

On a dépeint les entreprises pharmaceutiques comme les grands méchants. Bien sûr qu’il y a eu des abus, mais comme dans toutes les grandes entreprises. Regardez Volkswagen, l’UBS, y a-t-il eu une telle levée de boucliers contre eux?

«Les entreprises pharmaceutiques sont des entreprises privées comme toutes les autres»

Il y a une espèce de chasse aux sorcières contre «Big pharma». Mais objectivement, quelle entreprise va accepter de biaiser les processus établis depuis des années sans prendre ses précautions? N’importe qui aurait fait la même chose, car on leur a demandé de mettre sur le marché un produit sans leur donner le temps nécessaire pour le travailler. C’est un peu comme si on demandait à un constructeur automobile de mettre sur le marché un véhicule sans faire les tests usuels et nécessaires. Ne pensez-vous pas qu’ils auraient essayé de se décharger de toutes responsabilité en cas d’accident?

Oui, enfin vu les 22 milliards de bénéfice de Pfizer en 2021 (le double de l’année précédente), je ne suis pas sûre qu’ils soient à plaindre.

Au risque de passer pour un cynique: c’est l’offre et la demande. Si les Etats sont prêts à payer ce prix-là, il faudrait aussi regarder de leur côté pour qu’ils fixent leurs limites et collaborent entre eux et ne pas contribuer, par leur égoïsme national, aux explosions des prix.

Fondamentalement je suis d’accord que les Pfizer, Moderna et autre J&J auraient pu mettre les brevets à disposition, ou envisager une redistribution des bénéfices. Sur le plan éthique, beaucoup de choses se discutent. Mais les entreprises pharmaceutiques sont des entreprises privées comme toutes les autres. Elles ont des responsabilités envers les actionnaires. N’importe quelle industrie aurait fait la même chose.

Je trouve ce genre de réaction un peu hypocrite car je suis prêt à parier que la grande majorité des gens qui critiquent les bénéfices des pharmas en profitent indirectement via le financement de leur retraite, car les valeurs pharma sont parmi les préférées des gestionnaires de fonds de pension pour leur bon rendement et leur constance…

Maintenant, et je parle vraiment par expérience, je peux vous assurer que dans chacune des entreprises pour lesquelles j’ai travaillé, je n’ai rencontré que des gens qui oeuvrent au jour le jour avec la conviction intime de le faire pour améliorer les conditions des patients.

Je sais que ça peut sonner faux, mais c’est le cas. On est tous en train de travailler en espérant améliorer la vie des patients au bout du compte. Ce qui peut impliquer plusieurs domaines, chacun a le sien. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui m’a parlé de maximiser le profit aux dépens des patients, en trente ans de carrière.

Les gens qui travaillent dans les pharmas sont, dans la grande majorité, motivés par le bien des patients.

Ne croyez-vous pas que c’est une vision un peu naïve?

Non, parce que ça se voit au jour le jour. Est-ce que les dirigeants ont une autre approche? Je ne crois pas, même s’il faut parfois balancer plusieurs intérêts parfois divergents.

N’oublions pas non plus que les bénéfices servent à financer la recherche. L’espérance de vie a progressé de plus de 15 ans lors des 70 dernières années. Nous avons vu des maladies disparaitre, d’autres passer du stade de fatales à chroniques, vous pensez que cela aurait été possible sans afflux de capitaux générés par les espoirs de gains financiers?

Et même au niveau individuel, je ne compte plus les discussions avec les patients qui m’expliquent comment les thérapies sur lesquelles je travaillais ont changé leur vie et celle de leurs proches. Un de mes souvenirs les plus poignants vient de cette personnes âgée qui souffrait de douleurs chroniques et qui me disait, les larmes aux yeux, sa joie de pouvoir finalement et simplement porter ses petits-enfants lorsqu’ils lui rendaient visite, après avoir bénéficié d’une de nos solutions thérapeutiques.

Ce sont peut-être de toutes petites choses, mais c’est pour ça que nous travaillons tous, tous les jours.

Si on reprend la situation de la pandémie de Covid: ces entreprises se font un fric fou avec une substance qui non seulement ne sert pas à grand-chose, mais en plus pourrait potentiellement être dangereuse. Pardon mais j’ai un peu du mal à associer cela avec le fait d’œuvrer pour le bien commun.

On est bien d’accord, une entreprise pharmaceutique n’a pas de vocation humanitaire. C’est une entreprise cotée en bourse qui a des obligations de résultats. Notre mission n’est pas d’œuvrer pour le bien commun. Elle est de trouver des solutions pour améliorer la vie des patients, tout en répondant à ses obligations financières. Sinon on est dans le domaine purement académique et universitaire, financé par l’Etat. C’est un autre modèle.

Souhaite-t-on un modèle où l’Etat finance les recherches des médicaments? C’est tout à fait possible, mais on risque de moins rigoler au moment de l’augmentation des primes.

C’est un écosystème. Chacun a sa place. Les entreprises pharmaceutiques tout comme l’Etat, tout comme les médecins, tout comme les différentes associations de patients, tout comme les instances caritatives, œuvrent dans la mesure de leurs compétences et leurs responsabilités pour ce bien commun. C’est un travail de groupe. Mais les éléments individuels de ce groupe ont des intérêts différents mais complémentaires.

Sans vouloir sauter du coq à l’âne – mais un peu quand même –, les médicaments en général font-ils plus de mal que de bien?

Il y a toujours eu différentes façons de soigner les gens. Certains sont adeptes de l’homéopathie, d’autres de la médecine chinoise… je ne dis absolument pas qu’elles ne fonctionnent pas. Dans beaucoup de maladies, l’aspect psychosomatique est très important. Le fait de croire que ce l’on prend est bon pour soi-même peut fonctionner, c’est le bien connu effet placebo.

Au vu de l’évolution positive de la mortalité de le la prévalence de certaines maladies, je ne pense cependant pas que la question ne puisse se poser au niveau sociétal.

Évidemment, de manière individuelle, tout le monde ne réagit pas de la même manière face à un médicament, et certains médicaments peuvent être néfastes bien sûr. Idéalement, chaque solution thérapeutique devrait être adapté à la personne. On trouve d’ailleurs de plus en plus de combinaisons entre les médicaments, les dispositifs médicaux, les traitements nonmédicamenteux et aussi des traitements digitaux par intelligence artificielle.

L’idéal serait d’arriver à définir un traitement individualisé sur base d’un profil génétique préétabli. Mais il y aura encore bien quelques années à attendre avant d’en arriver là.


*identité connue de la rédaction
 

 

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