Amèle Debey

5 déc. 202213 Min

«L’Occident a perdu sa crédibilité»

Mis à jour : 27 déc. 2022

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Guy Mettan a le courage de ses opinions. Que ce soit à la tête de la Tribune de Genève, où il a gardé pour certains l’image d’un «tueur»; aux prises avec les incohérences de la crise Covid ou dans sa carrière politique, le journaliste valaisan s’est attiré les foudres de nombre de ses confrères qui lui reprochent ses positions pro-russes. Récemment, l’écrivain a surpris son monde en rejoignant les rangs de l’UDC.

© INGE, Andjelko Vasiljevic

Amèle Debey, pour L'Impertinent: Alors, l’UDC… et donc l’image qui va avec. Vous qui avez été pas mal malmené par les parangons de la bien-pensance ces derniers temps, vouliez-vous entériner votre passage du côté sombre de la force? Plus sérieusement, n’y a-t-il pas un peu de provocation derrière les convictions?

Guy Mettan: Peut-être, bien que «provocation» ne soit pas le mot adéquat. Pourquoi ce choix et comment cela s’est-il passé? Je siège comme député indépendant depuis 2019 (au Grand Conseil de Genève, ndlr) et j’avais pensé arrêter mon mandat. Début octobre, j’ai reçu des sollicitations qui m’ont fait réfléchir. Genève connaît un éclatement de la droite et du centre, avec sept partis et mouvements qui se disputent la place. Quatre partis m’ont fait des appels du pied, dont l’UDC.

J’ai rencontré la présidente de l’UDC genevoise, Céline Amaudruz, et le contact a été très bon. Après réflexion, je me suis dit que ce choix s'imposait presque de lui-même au vu des événements de ces dernières années.

Primo, si on regarde de près ce qui s'est passé sous le Covid, on constate que c'est le seul parti qui a posé des questions et qui n'a pas accepté le narratif du Conseil fédéral les yeux fermés. Toute la gauche a approuvé, ainsi que le Centre et le PLR, qui ont même réclamé davantage de mesures coercitives. La défense des libertés, qui ont été très atteintes pendant la crise du Covid, a été un élément déterminant.

«L’UDC est le seul parti à avoir défendu la neutralité de la Suisse»

Deuxième élément tout aussi décisif, ce qui s'est passé au lendemain du 24 février, après l’attaque russe en Ukraine. Le fait que le Conseil fédéral brade en quarante-huit heures deux cents ans de neutralité, sans débat, sans consultation populaire, en violant l’esprit de la Constitution fédérale, m’a outré. En 39-45, nos ancêtres ont résisté alors qu’ils étaient assiégés de toutes parts par les nazis et aujourd’hui on cède tout alors que nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Cherchez l’erreur! Ici encore, l’UDC est le seul parti qui a réagi et défendu la neutralité et le rôle de médiation de la Suisse, qui sont par ailleurs à l’origine de la Genève internationale. L’UDC vient même de lancer une initiative pour préserver la neutralité. C’est important à mes yeux.

L’autre chose qui m’a convaincu, c’est cette attitude de classe qui voudrait que les autres partis soient plus tolérables, plus acceptables, plus salonsfähig comme disent les Alémaniques que l’UDC. Comme si un parti populaire était une tare. Or ce parti n’a pas peur du peuple et ne le méprise pas. Alors que les élites des autres partis éprouvent souvent une légère ironie ou un léger mépris pour les classes populaires.

Quand on fait de la politique, il faut savoir quelles sont ses priorités. Pour moi, en cette fin d’année 2022, c'est d'abord la préservation des libertés, de plus en plus menacées, et des principes essentiels de la vie publique tels que la neutralité, l'indépendance et le respect de la démocratie directe, qui sont foulés aux pieds depuis quelques mois. Enfin, je soulignerai qu’en temps de crise, on ne peut pas faire confiance à des partis qui paniquent et qui tournent leur veste sous l’emprise des émotions.

Je pensais qu’on devait s’abstenir de faire de la politique quand on est journaliste?

Ça fait 22 ans que je suis entré en politique et 42 ans que je suis journaliste. Dans notre pays, le journaliste est aussi un citoyen. En Suisse, les politiciens sont des gens de milice, qui ont le droit et même le devoir d’exercer une profession. On ne peut pas interdire aux journalistes d’avoir des convictions. S’il y avait incompatibilité, cela se serait su... Ce serait le cas s'il y avait un conflit d'intérêts, si j’utilisais le journalisme pour faire de la politique. Mais ce n’est pas le cas. Je n’écris pas sur la politique genevoise.

N'avez-vous pas parfois l’impression d’être assis entre deux chaises?

Non, pas pour le moment. J’ai d’ailleurs aussi adhéré à l’UDC parce que la liberté de parole y est garantie. Il existe une pluralité d'opinions dans ce parti, comme on peut le voir dans les journaux. L’exemple de Roger Köppel, qui dirige la Weltwoche tout en étant conseiller national et qui publie des opinions de gauche dans son magazine, est là pour le prouver. D'ailleurs, la plupart des journalistes ont des convictions politiques marquées à gauche, et cette orientation ne les empêche pas d'exercer leur métier.

Entrons dans le vif du sujet: quels sont vos liens avec la Russie?

Mes liens avec la Russie sont connus. J’ai un passeport russe depuis 25 ans, suite à l’adoption de ma fille Oxana. C’est à partir de cette période que j’ai appris à mieux connaître le monde russe.

Quant à mon passeport russe, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer à maintes reprises, il ne doit rien à M. Poutine. Il se trouve qu’en 1994, après notre mariage, ma femme et moi avions décidé d’adopter un enfant en Russie à cause de la situation de grande détresse dans laquelle se trouvaient les orphelinats russes après la chute de l’Union soviétique.

Des dizaines de milliers d’enfants étaient quasiment laissés à l’abandon, faute de moyens pour subvenir à leurs besoins. Une fois les formalités remplies, début décembre 1994, nous nous sommes rendus dans un orphelinat de la région de Vladimir et sommes rentrés à Genève avec notre fille, Oxana, qui avait trois ans à l’époque et en a 31 aujourd’hui.

En 1992, la Douma, le parlement russe, avait adopté une nouvelle loi sur la nationalité qui permettait d’une part la double nationalité (également acceptée par la Suisse) et comportait d’autre part une disposition indiquant en substance que «les non-Russes qui avaient un lien de parenté direct avec un Russe pouvaient demander la nationalité russe en s’adressant à l’administration présidentielle» (à l’époque le président Yeltsine). Le consul général de Russie à Genève, avec lequel nous étions en contact pour les formalités d’adoption, nous a informés de ce changement législatif et nous a proposé de déposer une demande, puisque notre cas répondait tant à la nouvelle loi russe qu’à la loi suisse. Et c’est ce que nous avons fait deux ans plus tard, en 1996, après qu’Oxana eut reçu son passeport suisse.

Nous avons donc rédigé une belle lettre à l’intention du président Yeltsine pour lui dire que, conformément à la loi et à notre désir de préserver les liens de notre fille avec son pays d’origine, nous souhaitions acquérir la nationalité russe. Ce qui nous a été accordé, les autorités russes de l'époque ayant été plutôt surprises que des braves Suisses souhaitent obtenir un passeport russe alors que de nombreux Russes cherchaient au contraire à émigrer en Europe à cause des difficultés économiques provoquées par les thérapies de choc néolibérales imposées à la Russie après 1992.

Si bien qu’en 1997, le nouveau consul de Russie à Genève nous a téléphoné pour nous informer que le Président avait signé l’oukase qui nous conférait la nationalité russe et que nos passeports étaient prêts. On nous les a remis solennellement avec un bouquet de fleurs, au cours d’un déjeuner. Voilà comment ma famille et moi sommes devenus russes, à une époque où on ignorait jusqu’au nom de Vladimir Poutine…

Pourquoi vous reproche-t-on cette proximité avec la Russie à votre avis?

On peut avoir un second passeport français, américain ou allemand et personne ne trouve rien à redire. Mais en quoi un passeport russe poserait-il davantage de problème? Ce raisonnement est le signe d’une étroitesse d'esprit et de préjugés très profondément ancrés. Il transpire une forme de racisme qui est la russophobie. De la part de gens qui se pensent rationnels, raisonnables et ouverts d’esprit, c’est très surprenant.

«On crée un nouveau rideau de fer en Europe»

Je précise que je n’ai aucun intérêt en Russie. Ni financier, ni immobilier, ni autre. Je ne suis pas payé par Poutine ou par qui que ce soit. Je suis simplement désolé qu’on crée un nouveau rideau de fer en Europe et qu’on se prive des apports russes pour entretenir une guerre qui aurait pu être évitée si on avait voulu respecter les accords de Minsk entérinés par l’ONU.

Aujourd’hui, il y a une raison à cette animosité, non? Dans le cadre de la guerre en Ukraine, il y a bien un agresseur et un agressé? Je crois savoir que votre lecture des évènements diffère de la version officielle. Quels points sont les plus trompeurs selon vous?

La Russie possède une grande responsabilité dans ce qui est arrivé, c’est certain. Mais cette vision des choses est aussi très simpliste et biaisée en faveur de l’Occident. Si on regarde cette guerre sans œillères, on peut aussi constater qu’il existe un droit de protéger qui fait partie intégrante de la charte de l’ONU. Or le massacre des populations du Donbass par les bombardements ukrainiens depuis 2014 (14'000 morts) et l’attaque de ces populations civiles dès le 17 février dernier, soit une semaine avant la riposte russe, attaque qui a fait 500 morts en six jours, peuvent aussi être invoqués par la partie russe. De même que la volonté d’installer des bases de l’OTAN aux frontières de la Russie, au mépris des promesses faites à Gorbatchev, viole aussi la disposition du droit international qui établit qu’on ne peut assurer sa sécurité au détriment de celle des autres.

«La différence de peau, de couleur des yeux et de religion ne doit pas être un critère de sélection»

Enfin, si on estime que la Russie est l’agresseur dans ce conflit, alors pourquoi n’avoir pas protesté contre les agressions illégales de la Serbie en 1999, de l’Irak en 2003, de la Syrie et de la Libye en 2011, du Yémen en 2015, de l’est du Congo depuis des décennies? Il faut être conséquent. On ne peut pas appliquer le droit dans un sens et pas dans l’autre. Il en va de même pour la solidarité: on se doit d’être solidaires avec les Ukrainiens qui souffrent et d’accueillir les réfugiés mais à condition de l’être avec tous les autres. La différence de peau, de couleur des yeux et de religion ne doit pas être un critère de sélection.

Je ne suis pas juriste et me garderai de trancher. Mais quand on jugera ces événements avec le recul de l’histoire, on verra que les responsabilités sont en réalité très partagées.

En quoi le narratif officiel utilisé pendant le Covid est-il similaire à celui prôné depuis le 24 février, selon vous?

Le narratif est différent. Ce sont les pratiques utilisées pour l’imposer qui sont identiques. Dans le cas du Covid, au nom de notre bien-être sanitaire, on a imposé des mesures de façon autoritaire sans même savoir si elles étaient efficaces (port du masque, confinement, passe sanitaire, vaccins, interdictions de se réunir, de visiter ses parents, de se rendre au culte, de fréquenter l’école, de travailler, etc.). Le discours n’a pas cessé de varier à leur endroit mais pas la coercition. Et aujourd’hui, on empêche toute critique d’émerger et tout bilan de se faire.

J’ai déposé des motions et posé des questions qui ont toutes été bottées en touche. De même, les médias n'ont pas joué leur rôle. D’une part ils ont contribué à semer la panique et d’autre part ils ont renoncé à leur fonction de contre-pouvoir pour se transformer en laquais des pouvoirs sanitaire et politique. Ce n’est pas acceptable en démocratie.

Il en va de même en ce qui concerne la guerre en Ukraine. Les élites dirigeantes et médiatiques occidentales ont pris fait et cause pour l’Ukraine, avec un unilatéralisme qui est un attentat contre la raison et la recherche de la vérité. On peut avoir son avis, mais il est essentiel de l’éclairer et de le fonder sur une approche équilibrée des faits et en confrontant des sources de diverses origines.

Or nous ne faisons que reprendre la propagande de Zelensky, en faisant semblant d’ignorer que la vérité est la première victime de la guerre et que ce dernier est à la tête d’un pays classé comme l’un des plus corrompus d’Europe, qui a violé les droits de sa population russophone depuis 2014, qui a interdit tous les partis politiques sauf le sien en mars dernier et qui a privatisé de nombreuses grandes industries et 17 millions d’hectares de bonnes terres l’an dernier au profit de multinationales étrangères.

Le reste du monde nous juge avec sévérité à ce propos. L’Occident, qui se posait volontiers en gardien de la raison et de la justice, a perdu sa crédibilité. Cela devrait nous interroger.

Vous qui avez été à la tête de la TDG, qui avez co-fondé le Club suisse de la presse, comment expliquez-vous que les médias mainstream fassent à nouveau preuve d’une telle homogénéité de pensée?

Le panurgisme médiatique n’est pas un phénomène nouveau. On l’avait vu à l’œuvre pendant la première guerre du Golfe en 1991, en Yougoslavie dans les années 1990, en Syrie plus tard, etc. L’affaiblissement de la culture journalistique, la pression des réseaux sociaux, la concentration des médias aux mains de quelques richissimes oligarques, tout cela joue un rôle. De même que le fait que les gouvernements ont mis en place depuis trente ans de puissants organes de propagande, relayés par un très dense réseau d’experts académiques et d’ONG subventionnées, dopés par des agences de relations publiques très professionnelles et appuyés par des think tanks très performants et bien financés.

Tout cela contribue à imposer un narratif unique qui rappelle d’ailleurs le «bourrage de crâne» mis en place en 1914 pour justifier le carnage, faire taire les voix critiques et forcer les pacifistes comme Romain Rolland à s’exiler. On ne les appelait pas encore des complotistes…

Comment expliquer que des questions comme «qui dirige véritablement les USA» ne soient pas soulevées?

Il existe des milliers de livres qui tentent d’y répondre. A vrai dire, pour celles et ceux qui habitent hors des Etats-Unis, la question n’a pas tellement d’importance, dans la mesure où il n’y a pas de grande différence entre démocrates et républicains. Les uns et les autres mènent une politique impériale que ce soit sous le slogan «Make America Great Again (Trump) ou «Restoring American Leadership» (Biden).

Les Etats-Unis sont en guerre pour préserver leur hégémonie, quel que soit le camp au pouvoir. Les uns le font au nom de la démocratie et des droits de l’Homme et des minorités sociétales, ce qui plaît à la gauche européenne, et les autres au nom d’un néolibéralisme conservateur sur le plan sociétal. Mais les résultats sont à peu près pareils pour les nations qui défendent un monde multipolaire et diversifié: les bombes des deux Bush, le père et le fils, se sont abattues sur les peuples récalcitrants aussi sûrement que les exécutions extrajudiciaires et les missiles de Clinton, Obama et Biden.

«La démocratie américaine glisse vers un régime oligarchique»

A mes yeux, la démocratie américaine est en train de glisser peu à peu vers ce que j’appelle le «corporate empire», un régime oligarchique géré comme une société anonyme par un conseil d’administration formé de représentants interchangeables et cooptés des élites globales. Les ministères transversaux, FMI, Banque mondiale, OTAN, OMS, OMC, et les gouvernements des Etats membres, Union européenne, Commonwealth, Etats-Unis, sont distribués aux candidats les plus loyaux du système.

Georges Lucas a parfaitement décrit ce phénomène dans sa série Star Wars, qui raconte le déclin de la république galactique et sa transformation en empire sans visage, sous l’impulsion de la Fédération du Commerce, qui entend mettre la galaxie en coupe réglée et liquide sans pitié les planètes rebelles avec ses armées de clones.

Les pénuries d’énergie sont-elles consécutives à cette guerre à votre avis?

Elles ont commencé avant mais la guerre les a aggravées. On a voulu croire qu’avec les GAFAM, la blockchain, la croissance de l’économie immatérielle et la transition vers les énergies douces, on pourrait se passer d’énergies fossiles. Il n’en est rien quand on sait que la fabrication d’un seul bitcoin exige une débauche d’électricité. La guerre et le boycott économique et énergétique de la Russie vont encore accroitre les tensions sans résoudre les problèmes fondamentaux: comment préserver des sources d’énergie durables et bon marché? Comment préserver l’industrie et la compétitivité européennes en achetant du gaz liquéfié à prix d’or aux Etats-Unis et au Qatar?

Il semblerait que l’Allemagne (et d’autres) achète désormais son gaz à des pays qui se le procurent en Russie. Tout ceci ne serait donc qu’une vaste hypocrisie? L’Impertinent publiait récemment un article sur la toute-puissance acquise par Ursula von der Leyen. Qu’avez-vous à dire à ce propos?

Menacée dans ses fondements mêmes à cause de la crise énergétique et la coupure de ses liens vitaux avec la Russie, l’Allemagne tend de plus en plus à faire cavalier seul pour sauver les meubles. Elle réarme et se vote des crédits de relance par centaines de milliards. Cela affectera forcément le fonctionnement de l’Union européenne un jour. Quant à Mme von der Leyen, qui avait été éjectée par le haut par Angela Merkel à la suite des scandales qui avaient émaillé son mandat de ministre de la Défense, elle continue à nuire à l’Europe, mais dans 27 pays cette fois.

«Un des problèmes de l’Europe, c’est la médiocrité de ses dirigeants»

On a pu le constater pendant la crise du Covid avec ses compromissions avec le patron de Pfizer pour l’achat opaque des vaccins, et on le voit aujourd’hui avec son militarisme exacerbé face à la Russie. Un des problèmes de l’Europe, c’est la médiocrité de ses dirigeants depuis trente ans. De Santer à Barroso, Juncker et von der Leyen, aucun président de Commission n’a été capable de se hisser au niveau d’intégrité et de compétence d’un Jacques Delors.

Les Etats-Unis ressortent comme les grands gagnants de ce conflit, comment expliquer ce qui semble être une soumission totale de l’Union européenne à ce pays?

Pour l’instant, les Etats-Unis sont les grands gagnants de la guerre en Ukraine, guerre qu’ils ont largement provoquée et qu’ils ne font rien pour arrêter. Ils vendent du gaz et des armes à prix fort, encouragent la délocalisation des capitaux et des industries européennes, assurent la préséance du dollar, confortent leur leadership sur l’Europe en espérant détruire le point de résistance russe avant de s’occuper de la Chine, leur principal rival stratégique.

Leur plan semble fonctionner. Pour l’instant. Car on a vu que les guerres qu’ils ont menées en Irak, en Afghanistan ou en Libye ont tourné au désastre. Les Etats-Unis savent gagner des guerres mais ne savent pas gagner la paix. Or, à la fin, c’est la paix qui permet de terminer une guerre.

Elon Musk est en train de secouer les lignes sur Twitter. Qu’en pensez-vous?

C’est plutôt une bonne chose dans la mesure où il a mis fin au scandale qui avait vu un réseau social censurer un président démocratiquement élu. Quoi qu’on pense de Trump, c’était un acte inadmissible qui montre bien à quel niveau la démocratie américaine est tombée. Qu’on interdise à un président élu de s’exprimer et qu’on censure des extrémiste blancs américains parce qu’ils seraient suprémacistes, alors qu’on interviewe à la télé des militants ultranationalistes ukrainiens avec des tatouages nazis sur les bras sans se poser de questions, montre que la notion de liberté d’expression est bien malade. Nous sommes entrés dans une guerre de religion, bien contre mal, blanc contre noir, qui est en train de tuer la liberté de penser et de dire.

Cette guerre semble bien partie pour durer, comment pensez-vous que tout cela va se terminer?

La guerre militaire s’arrêtera le jour où les belligérants seront fatigués de la mener. Ce qui peut durer des mois. Quant à la guerre économique, culturelle, idéologique, elle va durer des années. L’Occident, sûr de sa supériorité militaire et financière, n’est pas encore prêt à partager son magistère sur le monde avec les autres peuples de la planète.

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