Amèle Debey

5 nov. 20234 Min

Assurances maladie: la transparence, ce n'est pas pour tout de suite

Mis à jour : mars 29

Depuis l’annonce de la hausse des primes maladie (8,7% en moyenne), les compagnies d'assurance jouent aux chaises musicales avec des clients à la recherche de tarifs plus avantageux. Et ce, à grand renfort de publicité. Alors, combien ces entreprises déboursent-elles pour appâter le chaland? Premier volet factuel de notre dossier sur la question, qui nous permet avant tout de constater que tous les chiffres ne sont pas bons à dire.

© A.D

En novembre dernier, Le Matin Dimanche nous apprenait que la publicité pour l’assurance de base dépassait 62 millions de francs en 2021. Ces dépenses étaient en hausse, mais tout à fait légales. Dans la foulée, le conseiller national (PS/NE) et président de la section romande de la Fédération suisse des patients Baptiste Hurni déposait une initiative parlementaire pour limiter ces coûts. «Sans le savoir, les citoyens voient leurs primes être investies dans des spots, des panneaux publicitaires et des messages sur grands écrans dont la plus-value pour l’assurance de base est inexistante, puisque cette dernière est obligatoire», expliquait-il dans 24heures.

Aujourd’hui, alors que le débat est plus tendu que jamais autour de la question, nous avons interrogé les principales assurances afin d’obtenir leur budget publicité 2023 et 2024.

Comme vous allez le voir, la transparence est un concept un peu flou pour la plupart de ces entreprises:

Swica refuse de donner le budget alloué aux dépenses publicitaires. Son porte-parole, Oliver Steimann affirme que ce tarif n’a pas changé depuis 2020 et ne changera pas l’année prochaine. Interrogé sur les chiffres publiés par l’OFSP pour 2021 (qui annonçaient plus de 8 millions de francs en publicité et commissions) Oliver Steimann déclare: «SWICA n'a jamais publié de chiffres sur les commissions de courtage. En outre, il s'agit d'une activité totalement différente de nos frais de publicité et il ne faut pas les confondre.

«Tout ce que je peux confirmer à cet égard c’est que nos coûts dans ce domaine sont stables, assure le communicant. De manière générale, SWICA s'efforce de maintenir les frais administratifs par assuré à un niveau bas. Comme l'a montré une récente étude de Comparis, les frais administratifs par personne sont en baisse.»

Sanitas: «Nous ne communiquons pas de chiffres détaillés. Les dépenses publicitaires ne représentent toutefois qu’une faible partie de nos frais administratifs (bâtiments, infrastructure informatique, marketing, salaires, etc.). Chez Sanitas, sur 100 francs de primes, seuls 5 francs environ sont consacrés aux frais administratifs et près de 95 francs financent directement les prestations médicales de notre clientèle, à savoir les consultations médicales, les séjours hospitaliers, les thérapies, les coûts de laboratoire et les médicaments.»

Groupe Mutuel: «Aucune idée pour 2024. Pour 2023, nous estimons que nous n’avons pas à donner ces chiffres.»

CSS: «Nous ne communiquons pas de chiffres ou de budgets précis concernant nos frais de publicité et de marketing.

A la CSS, les frais de publicité et de marketing font partie des frais administratifs. Dans l'assurance de base, les frais administratifs sont très bas, à savoir 4,2%. La CSS fait ainsi partie des assurances-maladie les plus efficaces de Suisse. Cela signifie que pour un franc de prime, environ 4 centimes sont dépensés pour les frais administratifs. La CSS se situe donc en dessous de la moyenne de la branche qui est d'environ 5 pour cent.»

Concordia: «Selon notre rapport de gestion 2022, les dépenses publicitaires dans notre société LAMal CONCORDIA Assurance suisse de maladie et accidents SA se sont élevées cette année-là à environ 6.5 millions de francs (y compris la Principauté de Liechtenstein), les charges d'exploitation totales se sont élevées à 122.3 millions de francs pour la même période. En contrepartie, les prestations d'assurance s'élevaient à 2'355,6 millions de francs. La part des frais de publicité dans nos charges totales s'élevait par conséquent à 0,26% en 2022. Il ne nous est pas possible de fournir des données séparées sur le "marketing" et la "communication", d'autant plus qu'il n'existe pas de délimitation claire de ces notions; vous pouvez toutefois partir du principe que le groupe de coûts "dépenses publicitaires" est défini de manière exhaustive dans le rapport annuel.»

Helvetia: «Je ne peux malheureusement pas vous faire parvenir les informations souhaitées, car ni l'Helvetia Suisse ni le groupe Helvetia ne publient d'informations financières détaillées sur les différents secteurs d'entreprise. Vous trouverez tous les chiffres d'affaires déjà publiés dans le rapport annuel 2022 du groupe Helvetia (en anglais) et dans le communiqué de presse sur le résultat semestriel 1/2023

Helsana: «Les frais administratifs des assureurs-maladie représentent enivrons 5% des coûts à la charge de l’assurance de base, un pourcentage relativement stable. Ce ne sont pas les assurances qui sont à l’origine de l’augmentation des coûts de la santé. Sur un franc de prime dans l'assurance de base, environ 5 centimes sont nécessaires pour le fonctionnement de l'assurance maladie (frais administratifs). Ce montant est principalement consacré aux salaires, ensuite aux biens immobiliers (frais de location), aux installations et à l'informatique, aux primes d'assurance ainsi qu'aux amortissements et à la publicité, cette dernière représentant la part la plus faible. Les dépenses publicitaires représentent moins d'un demi pour cent des coûts de l'AOS, elles sont donc insignifiantes pour la prime. De plus, la publicité est nécessaire dans un système concurrentiel.»

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