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Article rédigé par :

Abdoulaye Penda Ndiaye

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Faîtière romande minée par des soupçons de conflits d’intérêts

L’association romande des médiamaticiens traverse une crise profonde dans un contexte de dissensions internes et de soupçons de conflits d’intérêts. La cohabitation dans les mêmes murs entre la faîtière et l’entreprise de son vice-président, de même que des relations familiales au sein de la structure sont décriées. D’anciens membres viennent de mettre en place une structure rivale. Le Canton de Vaud, lui, a décidé d’auditer la qualité de la formation des apprentis.

Faîtière
© Canva

La scission est désormais actée au sein de l’association ICT Médiamatique romande (ICTMR). Après une crise qui aura duré près de deux ans, une nouvelle structure composée de membres dissidents de la faîtière romande vient de voir le jour. C’est l’élection du comité en 2023 qui a mis le feu aux poudres. Certains ont dénoncé alors «un putsch électoral»:


«Des apprentis, qui étaient en formation dans l’entreprise du vice-président de l’association, qui n’avaient jusqu’alors manifesté aucun intérêt pour l’association, sont sortis de nulle part pour voter en faveur des candidats présentés par le directeur de leur centre de formation. C’est un bourrage d’urnes», s’indigne un ancien membre d’ICTMR. «Après avoir réussi son coup, le vice-président est passé à l’étape suivante: l’élimination des voix dissonantes, comme un ancien responsable de l’association et un membre du comité qui ont été évincés». Des démissions et des exclusions ont eu lieu dans la foulée sur fond de plaintes pénales et d’échanges de courriers par avocats interposés.

 

encadré

Des soupçons de conflits d’intérêts alimentent également la polémique. ICTMR est en réalité sous-locataire chez l’entreprise du vice-président. Les deux structures partagent ainsi les mêmes murs à Yverdon-les-Bains (VD). Cette cohabitation est jugée troublante par certains. «Les deux entités sont situées à la même adresse. Toutefois, ICTMR loue sa propre surface et a donc ses propres locaux. Il est important de noter que d’autres structures louent des espaces dans ce même bâtiment. Cette pratique, très courante en milieu professionnel, obéit à des raisons d’optimisation des ressources», nuance Philippe Rufli, le président d’ICTMR.


Un ancien membre déplore que «les comptes e-mail de l’association soient gérés par un responsable de l’entreprise du vice-président». Autre fait problématique, lorsque la faîtière romande n’est pas atteignable, l’appel téléphonique est dévié vers la centrale téléphonique de la boîte du… vice-président. «Ce n’est pas sérieux et ça en dit long», réagit un ancien membre. «Une confusion ponctuelle peut survenir lors d’un appel, mais c’est sans conséquence sur l’indépendance des deux structures», nuance le président.  


Les relations familiales au sein de l’association ajoutent au malaise. La fille du président est la secrétaire d’ICTMR et, par ailleurs, commissaire vaudoise à l’apprentissage. Mélange problématique? Ce n’est pas le cas, d’après Philippe Rufli: «Cette situation est connue et ne présente aucun problème. Nos mandataires apprécient notre transparence dans la gestion de nos activités.»


Dans ce contexte tendu, après plusieurs signalements de manquements dans la formation des apprentis (voir encadré), le Canton de Vaud veut scruter la situation à la loupe.


Selon des informations de L’Impertinent, l’Office vaudois de la formation professionnelle et continue a lancé un audit de la formation des apprentis. L’audit vise deux structures partenaires d’ICTMR: l’une est dirigée par le vice-président et l’autre par un membre exclu.


«Tout ça arrive assez tardivement car au moins deux autres cantons ont signalé à l’autorité de surveillance du canton-hôte des dysfonctionnements pédagogiques et administratifs portant sur la formation des apprentis. Il est temps que les anomalies soient corrigées», poursuit un lanceur d’alerte. Les résultats de l’audit vaudois devraient être connus durant le printemps.

2 Comments


info
Mar 05

"De nombreux jeunes préfèrent garder le silence" : c'est un peu compréhensible, le risque de retrouver une personne travaillant pour l'entreprise incriminée comme expert lors de son examen final de CFC est important.

La solution la plus simple et la moins coûteuse pour les autorités cantonales pour évaluer l'ampleur réelle du problème serait d'entendre les apprentis eux-mêmes hors des murs des centres de formation en garantissant anonymat et confidentialité. Qui est mieux placé que les apprentis eux-mêmes pour évaluer leur formation ? Un panel de quelques apprentis tirés au sort devrait être suffisant pour obtenir une image de la situation.

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Encore un dossier sentant le faisandé que je découvre grâce à L'Impertinent. Nul doute, j'ai fait un excellent choix en m'abonnant à ce média d'information!

Cette situation au sein de l'association romande des médiamaticiens ICTMR démontre, une fois de plus, que les petites combines et les conflits d'intérêts sont dans l'ADN de bon nombre de personnes qu'on peut difficilement qualifier comme "de gauche"... Cela me rappelle les années où, jeune adulte, il m'était permis de constater ce même comportement qui était l'apanage des "bons vieux" Radicaux. Rien n'a changé malgré l'arrivée d'une nouvelle génération... Comme quoi, lorsque pouvoir et argent sont présents, il n'y a rien à attendre au niveau de l'honnêteté et de la probité.

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