Amèle Debey

mars 313 Min

Médecin «exclu» de la Task Force Covid: voici ce qui s’est vraiment passé

Selon l’ancien conseiller fédéral Ueli Maurer, un médecin aurait été exclu de la Task Force Covid en raison de ses opinions sur la pandémie en désaccord avec les autres membres. Nous avons contacté le spécialiste en question afin de l’interroger directement. Et la situation n'est pas loin d’être pire qu’on le pensait…

© Infosperber/X

Le 5 février dernier, l’ancien ministre suisse des finances en temps de Covid, Ueli Maurer, revenait sur cette situation exceptionnelle dans une interview avec L’Impertinent. Il affirmait notamment que dans la Task force Covid, on s’est «débarrassé de la personne qui n’avait pas la même opinion que la majorité. On a exclu une personne qui défendait une autre vision.»

 

Le 4 mars, le conseiller fédéral révélait le nom du médecin exclu au micro de la radio Kontrafunk, dans une conversation résumée par Infosperber, en réitérant ses déclarations. Le docteur Pietro Vernazza, infectiologue et médecin chef de la clinique d'infectiologie de l’Hôpital cantonal de Saint-Gall aurait été écarté de la Task Force Covid pour ses opinions divergentes de la majorité.

 

Contacté par L’Impertinent, le principal intéressé explique: «La situation n'était pas aussi claire que cela. On m'a demandé de participer à la Task Force au moment de sa création. D'après ce que m’a dit le secrétaire général du département fédéral de l’Intérieur (Lukas Bruhin à l'époque) un virologue vétérinaire à la retraite, Ueli Kihm, et moi-même devions participer à ce groupe de travail. Quelques jours plus tard, on m'a annoncé qu’aucun de nous ne serait sélectionné.»


(Re)lire notre article: «Dans la Task force Covid, on s’est débarrassé de la personne qui n’avait pas la même opinion que la majorité»


Des années plus tard, j'ai entendu Daniel Koch dire que les membres de la Task Force s’étaient choisis eux-mêmes. Je suppose donc que ce sont eux qui ne voulaient pas de ma participation ainsi que de celle du virologue.»

 

Et pour cause, Pietro Vernazza – très connu en Suisse alémanique – s’était positionné publiquement contre la stratégie gouvernementale employée dès les premiers jours de mars 2020, au tout début de la pandémie. «Toutes les discussions concernant la Task Force ont été tenues par téléphone, explique le médecin, il n’y a aucune trace écrite de quoi que ce soit. C’est pourquoi il est facile pour eux de nier les faits aujourd’hui», selon lui.

 

Lors de son interview avec L’Impertinent, Ueli Maurer a également déclaré: «Cette personne (le médecin exclu, ndlr) m’a dit qu’elle avait reçu une demande de Monsieur Berset, suite à la rédaction d’un article critique, de ne pas le publier.»

 

Que s’est-il vraiment passé? «L'assistant personnel d'Alain Berset m'a suggéré de ne pas rendre publique mon analyse médicale, aussi correcte soit-elle, car le quidam interpréterait mal ma position», précise Pietro Vernazza.

 

Cependant, non seulement l’expertise de ce scientifique renommé n’était ni la bienvenue au sein du groupe de travail mis sur pieds pour conseiller le gouvernement, mais en plus elle a fait l’objet d’une opération de dénigrement dans les principaux médias.

 

«En 2021, le SonntagsZeitung m’a accusé d’être responsable de toutes les victimes du Covid de Suisse. Lorsque l’on voit notre photo en Une avec un titre pareil, il n’y avait vraiment pas de quoi rire. Je n’ai jamais reçu d’excuse de la part de ce journal. Et j’ai été blacklisté de la plupart des grands médias. Cela a été une période difficile pour moi.»

Voilà qui met du plomb dans l'aile à la théorie d'un consensus scientifique endogène.


L’interview intégrale de Pietro Vernazza sera disponible prochainement sur L’Impertinent.

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