Amèle Debey

19 janv. 202213 Min

«Le gouvernement est allé jusqu'au mensonge d'Etat»

Mis à jour : mars 29

Coup de théâtre au sein des Amis de la Constitution. Son co-fondateur et co-président, Werner Boxler, a décidé de quitter le navire, un mois après la défaite dans les urnes sur la loi Covid. Mais l’issue des votations n’a que peu de rapport avec la décision du Lausannois, qui a ressenti un fort besoin de reconnexion avec ses valeurs profondes. En exclusivité pour L’Impertinent, Werner Boxler se confie sur ce qui l’a poussé à la démission et sur ses espoirs pour un futur qui rime avec renaissance et réconciliation.

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Amèle Debey, pour L’Impertinent: Tout d’abord, comment allez-vous?


 
Werner Boxler: Je me porte bien. J’ai vraiment le sentiment d’avoir été privilégié en portant une mission citoyenne. En permettant à une association de naître, à une idée de s’incarner. D'avoir pu être au front d’un mouvement qui a permis de déposer deux référendums contre les mesures de durcissement de la loi Covid. Sans parler de la MPT et puis aussi d’avoir aidé d’autres référendums que je ne veux pas citer ici...


 
J’ai donc l’impression d’avoir pu être au bon endroit, au bon moment, pour permettre une effervescence citoyenne. Et je suis comblé comme ça. Je suis reconnaissant de l'opportunité qui m’a été donnée, en connexion et en accord avec mon être profond. J’ai toujours dit que je faisais ça parce que je sentais que c’était nécessaire et juste.


 
Je suis dans la gratitude d’avoir pu être un acteur important dans ce processus qui a permis aux Suissesses et aux Suisses de s’identifier aux valeurs qui sont toujours présentes.


 
Pourquoi avoir décidé de quitter les Amis de la Constitution?


 
Je suis toujours membre, mais j’ai lâché la barre. Parce que j’ai vu que mon travail a porté ses fruits, notamment en Suisse romande avec 3500 membres. Il y a des partenariats qui se sont mis en place. J’ai considéré que ma mission était terminée et que le côté organisationnel, politisé d’un mouvement comme le nôtre avait avancé à un point tel que j’en voyais des effets collatéraux politiques qui ne m’ont pas plu et qui m’ont poussé à prendre cette décision.


 
Je me suis dit que la mission de médiateur consensuel que j’ai pu mettre au service de l’association au début ne prenait plus.


 
Qu’est-ce qui ne vous a pas plu?


 
Les jeux stratégiques et politiques qui se sont mêlés à ce processus. La frustration et la déception de beaucoup de gens après les résultats du 28 novembre.


 
En amont de la votation, je m’étais dit que je n’avais pas besoin de sauver la Suisse, ni le monde, en tout cas pas comme on voudrait que je le fasse. Et que chacun était responsable de ses émotions.


 
Je me suis donc «distancié» de cette énergie de défaite, car pour moi c’est une victoire de la démocratie. Nous avons pu mettre un pavé dans la marre d’un système qui dysfonctionne et, sur ce plan-là, c’est une réussite.


 
Dans l’édito qui annonce votre départ, vous vous permettez un ton et un vocabulaire qu’on ne vous connaissait pas jusqu’ici. Est-ce que cette démission est également synonyme de liberté?


 
Oui. De liberté et de libération.


 
Libération d’une certaine conformité que je m’étais imposée à moi-même avec la casquette de co-président. Je ne pouvais plus parler de spiritualité, ni exprimer des choses pour lesquelles je vibre.


 
Heureusement, en parallèle, j’ai gardé mes activités. Mes deux cercles d’hommes que j’anime. Je vois la société de demain comme une société où le masculin se met en équilibre avec le féminin.


 
Mon objectif au sein des Amis de la Constitution étant atteint, voire dépassé (25’000 membres dans toute la Suisse), j’ai pu retourner aux valeurs qui sont importantes pour moi, à savoir l’être spirituel de l’Homme au sens large, de toute la population mondiale, des êtres incarnés.

«Mon édito a été considéré comme trop spirituel»


 
Pendant mon engagement, j’ai pu parler un langage qui m’a été cher, qui m’a permis de proposer la réunion du 31 mai 2020 sur la prairie du Grütli. Nous étions 45. Dans une énergie, une qualité de rencontre indescriptibles. Nous avons honoré l’héritage de la Suisse. Celui d’autodétermination, de liberté individuelle au service du bien commun. «Nous voulons être un peuple de frères unis». Cette dimension m’a toujours habité. Mais, à un moment donné, comme j’étais occupé à réseauter...


 
L’équipe en Suisse romande est belle, elle est magnifique. Bien sûr, avec des hauts et des bas. Mais j’ai vu que, par la force de ma fonction, je me suis éloigné de cette impulsion première. Je n’ai pas pu l’incarner de la même manière. Mon édito a d’ailleurs été considéré comme trop spirituel pour pouvoir être publié. Ce qui m’a conforté dans l’idée que ma décision était la bonne.


 
Comment votre choix de partir a-t-il été vécu par les autres membres du comité?


 
Ma collègue, Marion Russek, a accepté ma décision. D’autres membres pouvaient comprendre mon sentiment d’être arrivé au bout de ma mission, mais estimaient que ce n’était pas le bon moment de partir.


 
Pourquoi?


 
Parce que c’était un moment crucial. Un moment où le comité était clairement affaibli. Mais j’ai eu des retours divers et variés.


 
En fin de compte, étant donné que je suis acteur de ma vie, j’ai pu me faire entendre, car ma décision était mûrement réfléchie. Mais cela n’a pas été sans peine.


 
J’ai passé un mois de décembre assez sport. J’ai dû me rendre à l’évidence: ma consensualité devenait une faiblesse. Le co-président que j’étais devait prendre des décisions, alors que dans mon être profond, je suis un médiateur. Je veux arranger tout le monde, écouter tout le monde. Ce qui peut être ressenti comme une faiblesse.


 
Je me suis donc dit que j’avais mieux à donner que cela. Je ne voulais pas que mes compétences et mes qualités se retournent contre ma fonction, ou contre ma personne.
 
J’ai donc décidé d’honorer cela, même si ça veut dire quitter un bateau en route, qui a du succès, qui donne de l’espoir à 25’000 membres.


 
Est-ce que les Amis de la Constitution se politisent au point de devenir un parti comme un autre?


 
Non, pas du tout. Le comité a pris la décision au mois d’août de ne pas devenir un parti politique et de ne pas non plus faire émerger une association, ni un groupe parallèle permettant d’aller à Berne ou dans les gouvernements cantonaux. On a clairement dit non à ces deux options, afin de nous positionner définitivement dans un mouvement citoyen hétéroclite, pluraliste, accueillant tous ceux qui trouvent un sens à la défense des valeurs constitutionnelles de base.


 
Y a-t-il un Röstigraben au sein des Amis de la Constitution?


 
C’est une problématique qui s’est posée dès la création de l’association. Il y a d’abord eu une tentative au mois de juin 2020 de créer une association nationale, avec des Romands. Seulement c’était compliqué car certains d’entre eux sont arrivés avec des revendications qui n’étaient pas audibles par les Suisses alémaniques. Comme la déclaration de transparence, par exemple, qui demandait à chaque membre de signer une déclaration affirmant ne pas appartenir à l’Opus Dei ou encore aux francs-maçons. Mais les Suisse allemands, dont moi, n’étions pas d’accord. Ce qui a fait que l’association ne s’est pas créée au mois de juin, mais plus tard, de façon protégée et exclusive à la Suisse alémanique, hormis le Vaudois d’adoption que je suis.


 
A ce moment-là, Christophe Pfluger a demandé à ce que la Suisse romande soit incluse afin que les Amis de la Constitution deviennent un mouvement national. J’ai ensuite bataillé pour que la Romandie soit mieux incluse dans le comité, mais elle ne l’était que marginalement, puisque j’étais le seul.


 
Il y a eu un appel d’indépendance de la part de la section romande des Amis de la Constitution. A la suite duquel j’ai plutôt plaidé pour d’avantage d’autonomie. Ce qui veut dire que des gens se mouillent, qu’ils soient d’accord de collaborer. Je trouvais le challenge plus intéressant, plus exigeant de tenter de collaborer avec un groupe de Suisse allemands plutôt que d’être indépendants et coupés d’une partie importante du pays.


 
Cette autonomie est en marche maintenant, notamment grâce à mon courage de démissionner. Parce que ça a non seulement permis de clarifier ma situation, mais également celle du comité dans son ensemble, qui a démissionné quatre jours après. En vue de réélections dans le meilleur délai.


 
Le nouveau comité sera-t-il plus équilibré?


 
Aux dernières nouvelles, il semblerait qu’il soit prévu qu’il y ait trois Romands dans le nouveau comité. Ce serait une avancée énorme qui permettrait non seulement de stabiliser le mouvement, mais aussi de le renforcer.


 
A quel point les Amis de la Constitution sont-ils impliqués dans la campagne du Non aux aides financières à la presse à propos desquelles nous voterons en février?


 
Jusqu’à ma démission, nous nous sommes engagés à soutenir le comité référendaire qui s’est créé autour de cette question. Nous avons aidé à récolter les signatures. Mais, si nous comptons soutenir la campagne, il ne s’agit pas de notre référendum.


 
En parlant de la presse, vous utilisez des mots très forts dans votre édito. Vous dites notamment avoir «connu les menaces, les tentatives d’intimidation, les insultes, les jeux de pouvoirs, les manipulations et autres coups bas». Des journalistes vous ont menacé?


 
Les journalistes ne m’ont pas menacé. Cela venait de lettres anonymes. Ce n’est peut-être effectivement pas bien différencié dans mon édito. Cela dit, personne n’a voulu porter atteinte à ma vie. Je ne suis pas Matthias Reynard qui se plaint d’avoir été menacé avec des drapeaux des Amis de la Constitution en arrière-fond.


 
Quand je parle d’une presse embedded, je parle du fait que – concernant la presse mainstream, la presse officielle et soutenue par Serafe et d’autres subventions – je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de réelle ouverture à la vraie discussion, au débat. Ce débat que je voulais susciter. J’ai été passablement déçu du fait que les journalistes avaient une lecture unilatérale de cette crise, à sens unique et posaient des questions fermées plutôt que des questions ouvertes.

«Dans la presse, il y a un parti pris pour la politique gouvernementale»


 
Lorsque j’ai parlé de ma contamination au Covid au mois de septembre et de la façon dont je m’en étais sorti, cela ne les intéressait tout simplement pas. Il y avait un parti pris pour le vaccin, un parti pris pour la politique gouvernementale, il fallait soutenir les mesures à fond. Très peu de journalistes étaient ouverts au dialogue et à la diversité des opinions. Même ceux qui donnaient l’impression de l’être en interview ne le reflétaient ensuite pas du tout dans leur article.


 
Je me suis demandé ce qu’il se passait dans les rédactions. D’avoir si peu de jugeote et d’appliquer si peu la déontologie journalistique qui se veut indépendante et neutre. Je ne suis pas contre les avis différents, mais qu’on ne puisse pas croiser nos avis, c’est ce qui m’a amené à dire que la presse avait un parti pris et ne faisait pas son travail. Du moins la presse dont je parle.


 
Au contraire, je peux m’adresser à vous, j’ai toujours trouvé de l’ouverture dans vos questions et c’est pourquoi je vous accorde cette interview. J’ai refusé les demandes de SRF, RTS, NZZ, Le Matin. J’ai juste accepté celle de 24 heures car le journaliste est ouvert à la cause. Mais finalement, l’article n’a que moyennement reflété cette ouverture. Je suis par contre très déçu du Temps. Même si je peux apprécier le journaliste avec lequel je me suis entretenu en tant que personne, je n’ai pas trouvé ses articles constructifs. Le débat n’en ressortait pas.


 
Avez-vous eu le même sentiment avec les journalistes alémaniques ou tessinois?


 
Oui. Je l’ai encore vu le 28 novembre. J’ai donné plus d’une vingtaine d’interviews en plusieurs langues. Et, à chaque fois, il n’y avait que leurs intérêts qui étaient mis en avant. A midi, on m’a demandé de m’exprimer sur la défaite alors que je ne savais même pas que défaite il y avait.

«Ce qui m'intéresse, c'est la société et la population suisses»


 
J’ai remarqué que cela les intéressait peu de savoir ce qui allait se passer pour la société et la population suisses. A quelle sauce elles allaient être mangées. Ce qui, pour moi, est une préoccupation. Comment va notre société? Comment vont les enfants? Les étudiants? Les personnes âgées dans les EMS? Les patients dont les opérations sont déplacées? C’est ça qui m’intéresse.


 
On m’a surtout demandé ce qu’il se passait avec Debout la Suisse. Là-dessus j’ai été vertement critiqué. Cela a déstabilisé l’équipe suisse romande. Toute cette énergie, à laquelle j’étais à peine préparé, suscitée par une presse. C’est un rouleau compresseur alimenté par la presse qui soutient la politique gouvernementale.


 
Pensez-vous que les votations ont été truquées, comme on peut parfois l’entendre ici ou là?


 
Non. Je ne suis pas du tout «fraudiste», pour inventer un nouveau mot. J’appelle toujours à la vigilance, j’appelle les gens à aller dans les bureaux de vote. Cela dit, je vois moins de fiabilité quand c’est cantonal que quand c’est communal.


 
Pour moi, le premier problème dans les votations du 28 novembre n’est pas la fraude, mais la désinformation. Du gouvernement et du Parlement. Qui ont voté une loi en mettant en avant les aides financières.


 
Même si ces aides représentaient 78% de la loi, dans les 22% restants il y a le certificat sanitaire, les pleins pouvoirs du Conseil fédéral, le traçage complet et efficace de la population suisse. Parfois il peut suffire de 5% d’articles délétères dans une loi pour la refuser.
 
Nous avons toujours demandé à ce que la motion Schwander soit appliquée afin que l’on sépare les aides – insuffisantes de mon point de vue – au reste des mesures liberticides. Et ça, le gouvernement et le Parlement ne voulaient pas l’entendre. Ils sont allés jusqu’à la manipulation et au mensonge d’Etat, qui tombent sous le Code pénal.


 
Quel mensonge?


 
D’une part, celui d’affirmer que leurs mesures sont efficaces. Que lorsqu’on se met derrière un masque on est ni contaminant, ni contaminé. Que le vaccin serait fiable et efficace à 95%. Pour moi c’est un mensonge d’Etat, car aucun politicien ne peut affirmer cela et l’explosion des effets secondaires démontre le contraire.


 
Lorsque l’on voit les réactions au vaccin, on s’aperçoit que cela donne raison aux soi-disant complotistes. Parce qu’on est traité de complotiste dès que l’on pose des questions. Mais les vrais complotistes ne sont pas là où on croit qu’ils sont.


 
C’est-à-dire?


 
Les complotistes sont au gouvernement. Ils nous racontent à longueur de journée des bêtises, des choses qui ne sont pas vérifiées. En ne prenant en compte que l’avis de Big Pharma et de tous les experts qui en découlent. Tout cela, pour moi, n’est qu’une conspiration mondiale, universelle, de la haute finance et de Big Pharma, qui a pour but de soumettre la population et de la contrôler.


 
Ce n’est pas sanitaire. Lorsqu’on voit les infections, les réinfections dans les pays les plus vaccinés du monde, cela relève du mensonge universel.


 
Dans votre édito, vous concluez sur la phrase suivante: «le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas». Qu’est-ce que vous entendez par là et est-ce que c’est vraiment bien parti?


 
C’est bien parti pour une minorité de la population. Qui évidemment, dans une démocratie, a toujours tort. Mais qui, sur le plan spirituel, a plutôt raison. Une minorité qui se pose les bonnes questions et qui s’accroche à une certaine sagesse de vie.


 
Aujourd’hui, il y a un clivage entre les gens qui sont dans la peur, et ceux qui sont dans le contraire de la peur, à savoir: l’amour.


 
Mais, lorsque l’on se dit que tant d’efforts ont été déployés pour contrôler et asservir la population, c’est aussi être dans la peur, non? C’est tout de même assez inquiétant.


 
Ce serait le cas si ça me faisait peur. Je ne suis pas dans la peur de ça. Je me rends juste à l’évidence: Berne peut financer le traçage complet et s’ingérer dans la vie des Appenzellois et Appenzelloises – qui ont pourtant voté non (à la loi Covid, ndlr) – ainsi que des Schwyzois et des Schwyzoises – qui ont également dit non deux fois à cette loi. Même si le canton ne veut pas surveiller sa population, Berne peut le faire.


 
Quand je dis ça, ce n’est pas la peur qui me fait parler, mais la raison. C’est une évidence: le Conseil fédéral peut décider des valeurs et des critères de la vie sociétale et économique. C’est l’article 1a! (On en parle peu parce qu’il n’est pas très sexy). Le Conseil fédéral se croit tout permis. Il peut maintenant gouverner par ordonnances. Tous les deux jours et demi, de nouvelles instabilités juridiques font que même les avocats et les juristes sont déstabilisés.

C’est un poison pour la démocratie suisse, car nous ne sommes plus maîtres de la situation. Le Parlement a délégué une partie de son pouvoir législatif au Conseil fédéral. Et le gouvernement ne se prive pas d'édicter des ordonnances qui impressionnent une grande majorité de la Suisse.


 
«Combien de citoyens n’attendent que les ordonnances pour se soumettre?»


 
Cette autodétermination, qui pour moi est une aide spirituelle, autonome, indépendante, qui ne doit répondre qu’à ses propres âmes et consciences, qui doit déterminer si les mesures liberticides doivent être appliquées dans sa vie ou non.


 
«Personne n’a le droit d’obéir», disait Hannah Arendt. En particulier lorsqu’il s’agit d’ordonnances sans fondement, qui ne sont pas scientifiquement étayées. Comme le port du masque de nos enfants à l’école primaire. La plus grande bêtise que l’on puisse imaginer! Enfin, nous ne sommes pas à l’abri qu’il y en ait d’encore plus bêtes, mais je n’ai pas envie d’être créatif à ce niveau-là. On verra bien.


 
Il me semble qu’il y a tout de même beaucoup de gens qui sont très contents qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. Où est le bien, où est le mal. Un peu à l’image de la religion, d’ailleurs. On le voit à travers les résultats de votation, dans l’ambiance générale ou encore dans les sondages. Les gens sont d’une docilité inquiétante. Est-ce que c’est quelque chose qui vous a surpris?


 
Moyennement. Quand je vois comment notre démocratie s’est enlisée au travers de la croissance et du mode de vie matérialiste. Qui nous a permis de faire le tour du monde une fois par année, de mener un train de vie démesuré... on a pris ça pour acquis. L’Etat-providence est devenu un somnifère de la conscience de la population Suisse. Qui a endormi certains, qui en a fait rêver d’autres. Peu nombreux sont les gens – à peu près un quart – à être restés éveillés. Mais, le matérialisme ainsi que notre niveau – et non pas qualité – de vie, nous a fait énormément de tort. Et ceci depuis 40 ans.


 
Ce n’est pas le Covid qui a créé cette situation. Il n’a fait que la mettre en exergue. Merci au Covid, parce que quelque part il a permis de souligner tout cela.


 
C’est vrai que je suis étonné, pour répondre à votre question, quand je vois tous ces gens masqués dans les transports publics. Si chacun décidait de l’enlever, il n’y en aurait plus. Ce qui nous éviterait la pollution qu’ils génèrent. Un sujet qui, étonnamment, ne fait d’ailleurs pas beaucoup réagir les Verts et les écologistes.


 
Je suis quand même un peu révolté face à la docilité des gens.


 
Comment voyez-vous tout cela se terminer?


 
On change d’ère. On passe de l’ère du Poisson, qui a commencé avec les débuts du christianisme, pour aller vers le Verseau. A savoir la fin d’une civilisation. Des valeurs qui ont fait notre civilisation, qui nous ont permis de nous orienter, parfois avec excès, dans un sens comme dans l’autre.


 
Je vois maintenant ce changement et la fin de notre Etat-providence. Je vois qu’il épuise, gaspille, les moyens que les Suisse ont amassés ces quarante dernières années. Que l’on puise désormais dans notre prévoyance, qui avoisine le billion en Suisse. Ce qui va faire en sorte que l’avenir de notre société va matériellement changer. Il y aura un écroulement qui permettra à la civilisation de renaître de ses cendres. Quelle formidable opportunité de sortir de sa zone de confort et de revenir à de nouvelles valeurs et à une nouvelle façon de vivre ensemble!


 
C’est ce qui me motive à continuer. Ne pas être défaitiste. Voir le verre à moitié plein. Je vois que les gouvernements mondiaux sont caducs, ils se sont décrédibilisés, ils ne se rendent pas compte d’être dans un donjon, de regarder le monde par une petite lucarne qui rapetisse.
 
A un moment donné le donjon va s’écrouler et le gouvernement avec. A ce moment-là: bonjour les dégâts pour eux! Je n’aimerais pas être à leur place. Je préfère être sur une colline, à essayer de regarder le panorama à 360 degrés.


 
Je suis en chemin, je ne me prends pas pour le sage qui connait tout. Mais j’ai cette vision d’une nouvelle civilisation qui va renaître de ses cendres que nous sommes en train de créer.
 

 

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